Ce catastrophisme qui intoxique le débat économique

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, le catastrophisme qui intoxique le débat économique
Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi. / DR

L'économie française est en situation critique, on le sait. Ses faiblesses structurelles ne sont plus à démontrer. Mais il arrive un moment où le dévoiement du chiffre pour faire de la France le dernier de la classe dans tous les domaines devient contre-productif. Nous essayons au contraire sur Xerfi de démystifier les miracles ou les vertus qui nous entourent, de pointer aussi nos points forts, non par dénégation des risques mais parce que la rhétorique de l'urgence en tous domaines décourage au final la réforme. Nous voudrions ici, sur quelques enjeux emblématiques, souligner ces exagérations paralysantes qui polluent notre débat.

Prenons la dette publique par exemple

Vrai problème bien sûr. Mais faut- il absolument comme le faisait le rapport Pébereau en son temps prendre pour référence le début des années 1980 et raisonner en niveau absolu pour alarmer nos concitoyens ? Vu sous cet angle, notre dette avait été multipliée par 5 fin 2005 et que dire aujourd'hui, le multiple est de 10. Panique dans les chaumières bien sûr. Mais pourquoi faire semblant d'ignorer que partant d'une situation de sous-développement, l'essor d'un marché large et profond des OAT était la condition sine qua non de la montée de la finance de marché.  Que pendant ce temps-là  la capitalisation boursière en action a été multipliée par 30. Une évolution impossible sans l'existence d'un marché profond des OAT. Prendre les années 80 comme référence est simplement incongru. Raisonner la dette publique sans jamais faire état de la situation globale d'endettement net de l'économie dans son ensemble est de surcroît trompeur. Notre situation s'est certes dégradée mais n'est pas loin de là, la plus alarmante d'Europe.

Venons-en à l'emploi et au chômage

Là encore que d'instrumentalisation de la statistique du chômage des jeunes. Oui l'intégration des nouveaux entrants est problématique mais pourquoi faire de la France ce dernier de la classe qu'elle n'est pas. Pourquoi devoir réexpliquer à chaque fois que notre faible taux d'emploi des jeunes est d'abord le reflet du faible niveau du cumul emploi étude en France que les stages y sont mal pris en compte puisque faisant parti des études... que ce sont des petits jobs d'appoints de quelques heures. En gros que ces emploi- là ne disent pas grand-chose de la probabilité d'être embauché à la fin des études.

 Prenons l'échec scolaire, enjeu prioritaire bien sûr, mais pourquoi passer sous silence que ce problème majeur est loin de ne concerner que la France.

Prenons la R&D, problème stratégique. Nous n'avons pas l'excellence requise. Mais non, nous ne sommes pas non plus les derniers de la classe. Et à secteur identique, nos budgets de R&D sont comparables à ceux des puissances les plus performantes.

Prenons le classement PISA

Il a eu le mérite de dégriser la France sur son grand système de formation intégrateur que tout le monde nous enviait, idem pour la santé, mais a contrario

Regardons la performance par rapport aux grands pays dans lesquels la mixité sociale est toujours plus difficile à gérer, la France est à la peine comme la plupart des économies de taille et de mixité comparable.

 Disant cela, on ne minimise en rien les problèmes de la France, ces derniers ne disparaissent pas. L'urgence demeure. Mais tordons le coup à deux idées :

 1/ celle de la recette miracle que tous les autres auraient trouvé, sauf nous.

 2/ cette impression décourageante que les choses ne seraient plus rattrapables.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaires 28
à écrit le 21/01/2015 à 10:38
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D'après les lois de l'écono-physique, trop de domaines sont en état métastable : monétaire, financier, économique, social, politique. Leur coefficient de tension volumique étant anormalement élevé, statistiquement, la "prise" systémique devrait su...

à écrit le 05/12/2014 à 3:25
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C'est pas du catastrophisme, c'est du réalisme : la France est foutue...Point barre.

le 05/12/2014 à 13:13
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+ 100000000000000000 !

à écrit le 02/12/2014 à 18:45
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Faire des comparaisons ne change rien à l' affaire ou à la gravité du problème.

à écrit le 02/12/2014 à 16:23
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Les politiques et les Medias portent largement cette responsabilité

à écrit le 02/12/2014 à 16:16
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Dans le pays où j'habite, la population a une excellente image de l'économie Française. Les pires détracteurs sont souvent les Français eux-mêmes, aidés par les symboles repoussoirs type 35H, taxe à 75% et directives syndicales sur le travail par ema...

à écrit le 02/12/2014 à 10:07
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Ce qui faisait la force de la France hier est aujourd'hui considéré comme une défaillance structurelle. Allez comprendre !

à écrit le 02/12/2014 à 10:04
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En fait, il souhaite enlever tout esprit critique qui a, depuis des siècles, fait évoluer la condition humaine. Surtout ne pas remettre en cause le système...

à écrit le 02/12/2014 à 10:02
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Ce monsieur devrait être ravi que les français ont une ambition supérieur aux autres. Sans cette idée de l'évolution de l'homme, les droits universelles de l'Homme n'existeraient pas. Se comparer aux autres revient à niveler notre condition vers le b...

à écrit le 02/12/2014 à 9:44
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Ne pas faire du catastrophisme: d'accord ! Cacher la réalité : non ! On nous parle de choc de simplification : le code du travail s'est épaissi de 300 pages en 2 ans ! On a rajouté des obligations supplémentaires d'information, de formalisme, ... et...

à écrit le 02/12/2014 à 9:39
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Est-ce du catastrophisme que de constater que le chômage a augmenté de 28,000 chômeurs le mois dernier ? Est-ce que c'est simplement "ne pas faire du catastrophisme" que de passer ces chiffres sous silence ? ou est-ce que ça relève du mensonge par o...

à écrit le 02/12/2014 à 9:30
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+10 000.

à écrit le 02/12/2014 à 9:23
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un GRAND MERCI a ce Monsieur, pas seulement pour emettre une opinion contraire au catastrophisme mais juste faire entendre une voix differente. La bonne question serait a qui sert le catastrophisme.

à écrit le 02/12/2014 à 8:59
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Comment agissent-ils, presse et médias français ? tout va bien en France, on est les meilleurs du monde, on n'y voit que de l'optimisme le plus imbécile dans l'air. Le reste du monde ? ah ça s'écroule ! La Chine ? le Japon ? c'est fini ! mais voyons....

à écrit le 02/12/2014 à 8:52
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Il suffit d'aller se promener ailleurs pour voir que la situation en France pour mauvaise qu'elle soit n'est (et de loin) pas la pire. Pays de Cassandre

à écrit le 02/12/2014 à 8:39
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débat économique;? avec quel argent, d'ailleurs les SOCIALISTES préparent leur repli !S W CHURCHILL avait raison il ni a plus un sous et l'UE nous donne 100jours

à écrit le 02/12/2014 à 8:26
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Ca fait du bien de lire ça de bon matin. C'est vrai, à force de dire qu'on est nul de partout on le devient de plus en plus. Le pessimisme entraîne le pessimisme.

le 02/12/2014 à 18:40
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Ce constat n' engage que vous.

à écrit le 02/12/2014 à 8:25
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Ce qui est catastrophique, c'est que les économistes ne comprennent rien à l'économie, que les journalistes ne tiennent pas compte des commentaires exprimés dans la Tribune.

à écrit le 02/12/2014 à 8:23
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Catastrophisme ou lucidité extrême? N'oublions pas que la France est la Patrie de Descartes. Et que nous n'avons pas les mêmes rapports aux problèmes. Nous avons besoin de les identifier, puis de les régler. Les américains en face d'un problème comme...

à écrit le 02/12/2014 à 8:20
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Pour des personnes qui savent avec un fort taux de probabilité qu" elles ne connaitront jamais la perte ou la pauvreté il est très facile de dire qu' en fin de compte les choses ne sont pas si dramatiques que cela ... En attendant les choses sont ce ...

à écrit le 02/12/2014 à 8:18
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pas très convaincant comme raisonnement: c'est certain on peut faire pire !

à écrit le 02/12/2014 à 8:14
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J'avais peine a croire ce que je viens de lire.... Vous venez de citer toutes les excuses des derniers de la classe, oui mais il est pas si bon que ça et moi je ne suis pas si mauvais, et puis il y a eu le mauvais temps et mes chaussures sont trop pe...

le 02/12/2014 à 8:21
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+1

le 02/12/2014 à 8:26
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Parfait ! Oui, assez pathétique comme plaidoirie et l' on peut effectivement se poser des questions ...

le 02/12/2014 à 8:29
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EXAT???

à écrit le 02/12/2014 à 8:13
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J'avais peine a croire ce que je viens de lire.... Vous venez de citer toutes les excuses des derniers de la classe, oui mais il est pas si bon que ça et moi je ne suis pas si mauvais, et puis il y a eu le mauvais temps et mes chaussures sont trop pe...

à écrit le 02/12/2014 à 7:54
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Contrairement a ce que l'on croit l'UE n'est pas un projet, c'est une catastrophe!

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