Calcul quantique : la France a besoin de capitaux de rupture

Avec cinq startups, des laboratoires de R&D en pointe et un prix Nobel, la France fait figure de proue en matière d'ordinateurs quantiques. Une avance soutenue via un plan quantique lancé en janvier 2021 et doté de 1,8 milliard d'euros. Mais face aux milliards de dollars investis outre-Atlantique, la France a besoin de fonds privés et d'un marché européen. Par Pierre Desjardins, co-fondateur et CEO de C12.
(Crédits : Reuters)

Avec cinq startups développant un ordinateur quantique sur un marché mondial d'une trentaine de jeunes entreprises, la France fait figure de proue sur ce secteur, derrière les US. Un dynamisme né de la R&D menée dans plusieurs organismes de recherche publics (CNRS, INRIA, C2N, CEA, Universités, etc) et illustré par l'attribution, en 2022, du prix Nobel de physique au français Alain Aspect et à ses collègues l'Américain John Clauser et l'Autrichien Anton Zeilinger.

En quelques années, le quantique est passé d'une discipline scientifique pratiquée par quelques chercheurs à une activité entrepreneuriale et applicative issues de ces recherches. Ainsi, depuis 2017, cinq start-up sont sorties de ces labos, contre deux seulement en Allemagne. Outre-Atlantique, Google, Amazon, Microsoft, IBM et une grosse dizaine de startups (11 des USA et 2 du Canada), dont certaines datent de 2013, révèlent toute l'effervescence américaine générée par le quantique.

Plan quantique pour la souveraineté de la technologie

Dans ce contexte, le gouvernement français a, en janvier 2021, fait le choix de riposter en lançant un Plan Quantique. Une initiative née de la volonté d'acquérir une souveraineté dans des secteurs technologiques stratégiques. Doté d'une enveloppe de 1,8 milliard d'euros sur cinq ans, ce plan doit couvrir tout l'écosystème de la physique quantique, de la recherche au développement industriel en passant par les startups. Un investissement louable mais qui, au regard des centaines de millions levées par plusieurs startups US et des millions investis chaque année par Google, IBM et Microsoft, risque fort d'être insuffisant pour s'imposer sur ce marché. D'autant que les entreprises françaises souffrent du handicap d'un marché potentiel restreint comparé aux entreprises américaines et chinoises. La souveraineté technologique française ne peut donc faire l'impasse du marché européen.

Le financement, nerf de la guerre de la croissance d'une entreprise

Outre le soutien des pouvoirs publics, le marché du quantique requiert un besoin de financements privés importants. Sans eux, les start-up françaises ne pourront lutter contre leurs concurrents américains et chinois. La France risque donc de voir ses compétences et innovations s'envoler outre-Atlantique. Aussi, pour éviter ce scénario bien connu, le quantique a besoin de fonds et de prises de risque. Car, là où les investisseurs américains n'hésitent pas à financer des entreprises à perte pendant des années, les fonds européens exigent rapidement une rentabilité de l'entreprise. Dans ces conditions, jamais OpenAI, Amazon, Uber ou Twitter, dont les pertes abyssales se sont accumulées pendant des années, n'auraient vu le jour en France ! Une aversion au risque qui condamne les startups disruptives. La clef du succès d'une startup deeptech ? La capacité de résoudre des défis technologiques complexes et de développer des produits de rupture pour pouvoir ensuite s'imposer sur des marchés gigantesques. Une leçon à tirer pour le quantique si nous voulons préserver notre indépendance.

Mais attention, toutefois, à ce que la souveraineté technologique ne soit pas le palliatif d'une technologie moyenne et inadaptée aux besoins des utilisateurs. Avec le cloud souverain, plan mis en place en 2009 par Nicolas Sarkozy pour doter l'hexagone d'un cloud de confiance, la France a connu un échec cuisant. La souveraineté technologique ne s'acquiert pas en se coupant des innovations mondiales ou en refusant le dialogue avec des partenaires extra-européens. En revanche, elle se gagne sur une recherche de qualité, des profils compétents, des entrepreneurs, des investisseurs et une volonté d'agir en responsabilité et sans naïveté pour garder le contrôle et assumer un leadership.

La France à l'opportunité de créer les géants du quantique de demain en poursuivant et accélérant ses efforts. Le défi ? Créer les conditions permettant à l'écosystème Européen de grandir et de conquérir les marchés mondiaux.

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Commentaire 1
à écrit le 01/04/2023 à 10:04
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mais evidemment!!!!!!! ou avais je la tete!!! la france qui a fait la chasse au grand capital capitaliste qui exploite les creves la faim de la cgt dans les raffineries a 6000 euros par mois, a besoin de grand capital pour ouvrir des usines intenses ...

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