Lundi 8 octobre, le groupe d'experts sur l'évolution du climat, le GIEC, a alerté les États de la planète dans un rapport alarmant. Si les émissions de CO2 ne se réduisent pas de 45 % d'ici 2030, une augmentation des températures au-delà de 1,5 °C est attendue, avec des conséquences graves et irréversibles : vagues de chaleur, extinctions d'espèces, déstabilisation des calottes polaires, montée des océans...
Mais la menace du réchauffement climatique n'est pas perçue de la même manière sur le globe. Dans la plupart des pays d'Asie, ce danger est aussi un défi à relever : un challenge pour notre intelligence collective, qui doit nous permettre d'innover et d'inventer pour éviter le pire. En Occident et surtout en Europe, le réchauffement est perçu comme une malédiction : une punition infligée par la nature à l'Homme, coupable d'avoir voulu dominer son environnement. Un « pêché d'hubris » qui appelle des « victimes expiatoires » : c'est tout l'esprit de la décroissance, qui recommande (voire qui ordonne) à l'Humanité de renoncer au progrès technologique.
Retour du malthusianisme
Et revoilà le retour de la pensée magique malthusienne : sur une infographie diffusée par l'AFP, on apprend que le meilleur moyen de limiter son impact sur l'environnement est de faire... un enfant de moins. Lequel doit-on sacrifier à Gaïa, la mère nourricière ? L'AFP ne nous l'indique pas. Moins faire d'enfant, moins consommer, moins de croissance, moins innover, moins produire... Moins construire aussi !
Quelques semaines avant de claquer la porte de son ministère, Nicolas Hulot annonçait dans son « plan biodiversité » un objectif de « zéro artificialisation des sols ». L'enjeu est de taille : en France, 180 .000 espèces animales et végétales sont menacées et l'équivalent de la surface d'un département de zones naturelles disparaît tous les dix ans. Mais la solution proposée alors par l'ancien ministre et les services de l'État reste simpliste : moins bâtir pour sauver la nature. Un schéma qui correspond aux mythes de la décroissance, mais en complet décalage avec les réalités du terrain.
La population mondiale atteindra 9,8 milliards d'habitants en 2050, quel modèle pourrons-nous proposer ? Des logements et des infrastructures écologiques, sur lesquels les Chinois et les Américains misent déjà, ou les cabanes des zadistes ? Le choix est volontairement caricatural, mais il permet de mettre en exergue l'hypocrisie des décideurs publics, qui ne cessent d'inciter à construire moins, alors qu'il faut construire mieux. C'est de la nouveauté et de l'innovation en matière de bâtiments que viendra la solution.
Du concept de « destruction créatrice », la puissance publique française n'a souvent retenu que le premier terme. Oui, face à l'urgence climatique, il faut « détruire » l'Ancien Monde, en finir avec les anciennes manières de construire, de vivre, d'habiter. Mais cette mutation ne peut se faire sans la création.
Pour bâtir le secteur immobilier le demain, l'État français ordonne aux promoteurs de se réfréner, en construisant moins, plus modeste et plus petit au lieu de libérer les énergies et donner de la possibilité de faire sortir de terre des projets ambitieux. Pourtant, certains projets architecturaux et d'aménagement du territoire démontrent qu'il est possible d'allier impératifs écologiques et innovation.
Exemples d'innovation : Hudson Yards, Europacity
Le premier est l'Hudson Yard, un écoquartier bâti au cœur de Manhattan à New York, une ville que je connais bien. Depuis 2015, ce quartier révolutionnaire prend forme sur les bords de la rivière Hudson. 1,2 million de mètres carrés au cœur de la « grande pomme » dédiés aux bureaux, logements, hôtels, sports, culture, shopping... Le tout certifié « LEED » (« Leadership in Energy and Environmental Design ») avec récupération des eaux de pluie, système de chauffage-rafraîchissement, diversité de la faune et de la flore... Résultat : un quartier moderne, connecté, et qui consomme 30 % d'énergie en moins qu'une construction classique. Le tout, sans un sou du contribuable.
En France, le projet qui s'apparente le plus à Hudson Yard est Europacity, le vaste complexe culturel et commercial qui doit sortir de terre en 2024 dans le Val-d'Oise. Un chantier régulièrement repoussé et retardé sous la pression des écologistes comme l'ancien ministre Nicolas Hulot, au motif que les 80 hectares du projet occasionneraient une « artificialisation des sols » trop importante et menaceraient la biodiversité locale.
Mais Europacity, comme Hudson Yard, représente justement cette nouvelle génération de projets immobiliers et architecturaux qui intègrent pleinement la dimension environnementale : une ferme urbaine, alimentée par un dispositif de récupération des eaux, doit approvisionner les restaurants du site en circuit court. Sur le plan énergétique, la géothermie et l'énergie solaires devront même permettre de produire plus d'énergie que le quartier n'en consomme. Enfin, sur le plan de la biodiversité, Europacity sera construit sur une zone mêlant terrains vagues et agriculture intensive de céréales. Un espace pauvre en biodiversité, tandis que les espaces verts, la ferme urbaine ou les toits végétalisés prévus ont vocation à être le réceptacle d'une faune et d'une flore diversifiées, introduites sur place en s'inspirant des espèces présentes dans les zones naturelles de la région.
Formidable opportunité
Les secteurs de l'immobilier et de la construction représentent une formidable opportunité pour épouser le progrès technologique tout en préservant l'environnement. Les nouveaux projets éco-urbains sont la preuve que l'innovation est la meilleure réponse à apporter aux déclinistes, alarmistes et décroissants de tout poil, qui préfèrent construire moins au lieu de construire mieux. L'humain et la nature peuvent coexister harmonieusement sur le territoire : en matière d'écologie, il est temps de faire fi des idées simples et extrémistes.
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