Les satellites de l'observation de la Terre peuvent-ils contribuer à une vie « plus verte » sur Terre ?

Pour mieux lutter contre le réchauffement climatique, l’imagerie satellite a cette faculté d’être une source de données transparente et objective capable d’établir la vérité. Par Agnieszka Lukaszczyk, directrice des affaires européennes de Planet.
L'imagerie satellite nous permet de visualiser tout changement intervenu sur Terre avec un niveau de détail sans précédent, tant dans le temps que dans l'espace (Agnieszka Lukaszczyk, directrice de affaires européennes de Planet).
"L'imagerie satellite nous permet de visualiser tout changement intervenu sur Terre avec un niveau de détail sans précédent, tant dans le temps que dans l'espace" (Agnieszka Lukaszczyk, directrice de affaires européennes de Planet). (Crédits : Planet)

L'urgence mondiale de notre époque, le réchauffement climatique se déroule sous nos yeux. Il entraîne la destruction des écosystèmes, met en danger la santé des populations ou conduit encore à des migrations forcées. Pour inverser la tendance, surveiller ces changements fait partie de la solution, car comment pourrions-nous réparer ce que nous ne pouvons voir ? L'imagerie satellite a cette faculté d'être une source de données transparente et objective capable d'établir la vérité.

Comment surveiller les écosystèmes depuis l'espace et ainsi développer de nouvelles méthodes pour protéger la biodiversité ? L'imagerie satellite nous permet de visualiser tout changement intervenu sur Terre avec un niveau de détail sans précédent, tant dans le temps que dans l'espace. Associées aux dernières avancées en matière de machine learning, les données satellites fournissent des informations précises et fiables sur l'état de l'atmosphère, des océans, des terres, la gestion des risques climatiques, etc.

Le changement climatique détecté par les satellites

L'observation de la Terre permet de comprendre et d'améliorer la manière dont nous utilisons les ressources naturelles de notre planète. La compréhension du lien existant entre l'utilisation des ressources et ses conséquences est essentielle pour mieux les protéger. L'utilisation efficace des informations issues de l'imagerie satellite a un impact transformationnel sur bon nombre des défis parmi les plus importants que doit relever l'humanité.

C'est pourquoi, les investissements consacrés aux programmes d'observation de la Terre sont conséquents : 5,4 milliards pour le programme Copernicus, dans le cadre du programme spatial de l'UE pour la période 2021-2027. Le programme spatial de Joe Biden devrait aussi allouer une part plus importante du budget à l'observation de la Terre ; l'urgence climatique étant considérée comme une priorité pour le nouveau Président des Etats-Unis.

En outre, il a été établi que la moitié des 50 Variables Climatiques Essentielles (VCE) définies dans le cadre du Système mondial d'observation du climat (GCOS en anglais), bénéficient largement de l'observation de la Terre ou ne seraient tout simplement pas mesurables sans avoir recours à l'imagerie satellite ; par exemple, la surveillance de la fonte des glaces polaires ou du niveau de la mer. Les satellites disposent, en effet,de capacités inégalées pour effectuer des mesures globales sur une base régulière et fournir des données utiles, qu'elles soient : locales, nationales, régionales et mondiales. Ils peuvent ainsi observer n'importe quel point du globe, y compris les zones éloignées ou difficiles d'accès.

C'est notamment le cas lorsqu'il s'agit de cartographier l'ensemble des récifs coralliens peu profonds du globe, de plus en plus menacés par le changement climatique, mais également par les catastrophes écologiques. Le projet Allen Coral Atlas s'inscrit dans ce cadre et vise à mieux appréhender le fonctionnement des récifs coralliens et à orienter les politiques de protection de ces écosystèmes fragiles. L'imagerie satellite sert ici à déterminer avec précision l'emplacement et la profondeur des récifs coralliens, puis à comprendre, après analyse, leurs caractéristiques pour mieux détecter quand, comment et pourquoi ils blanchissent. Les scientifiques sont désormais en mesure de jauger la santé des coraux pratiquement en temps réel et d'alerter les 44 États, abritant 75% des récifs coralliens de la planète, pour qu'ils intensifient leurs efforts afin de les conserver.

Développement Durable : mesurable avec les satellites

A moins de dix ans de l'échéance des Objectifs de Développement Durable (ODD) fixée par les Nations Unies, les progrès n'ont été mesurés que sur une infime partie des cibles des ODD. Pour beaucoup, l'absence de données empêche d'évaluer si les décisions prises par les États vont dans la bonne direction. Les données satellites combinées aux techniques d'apprentissage automatique améliorées offrent des possibilités très intéressantes pour aider à mesurer plusieurs ODD. C'est un bond en avant qui peut être fait par les gouvernements pour les suivre efficacement.

Les données satellites sont particulièrement utiles pour mesurer 13 des 17 ODD, notamment ceux consacrés : à la lutte contre la faim, à l'accès à l'eau potable et à l'assainissement, aux villes et communautés durables, à la consommation responsable, à la lutte contre le changement climatique, à la protection de la faune et de la flore aquatiques et à la protection de la faune et de la flore terrestres. Les travaux menés par le Groupe sur l'observation de la Terre ont démontré que 65 des 169 cibles des ODD bénéficiaient directement de l'utilisation des données satellites.

Les pays en développement manquent souvent de moyens pour suivre l'état d'avancement des ODD. L'Initiative internationale sur le climat et les forêts de la Norvège (NICFI) fournit à 64 d'entre eux des images satellites à haute résolution (moins de 5 m par pixel) mises à jour chaque mois et accessibles gratuitement. Ces pays testent des technologies avancées d'observation de la Terre pour surveiller leurs forêts tropicales. En accédant à des données satellites précises en quasi-temps réel, ils sont désormais capables de mesurer et de surveiller à distance la superficie forestière et ses changements avec plus de cohérence, de précision et d'efficacité.

En contrepartie, ils peuvent recevoir un financement basé sur les résultats de la mise en œuvre des activités REDD + (réduction des émissions provenant du déboisement et de la dégradation des forêts); à condition qu'ils soient pleinement mesurés, rapportés et vérifiés (MRV).Le ministère de l'Environnement, de la conservation de la nature, de l'eau et des forêts de la République démocratique du Congo indique que, parce que le pays est si grand, c'est la première fois que des images couvrant tout le territoire sont disponibles.

Les données satellites jouent ainsi un rôle important dans la mesure, l'enregistrement et la comptabilisation des ODD. Mais, elles sont encore largement inexploitées. Ne pas tirer parti de ces données pourrait signifier passer à côté de l'opportunité d'utiliser les meilleurs outils disponibles pour surveiller notre environnement en perpétuelle évolution, et ainsi permettre aux gouvernements, aux entreprises et aux citoyens de prendre les meilleures décisions en matière de développement durable.

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Commentaires 2
à écrit le 26/03/2021 à 9:39
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Pour observer qu'il est trop tard donc. Alors oui pour les bilans mais si les propriétaires du monde s'en tapent ben cela ne fera que des bilans toujours plus désastreux s'enchainant.

à écrit le 25/03/2021 à 12:09
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Pour les collaborateurs homologués par les tyrans mondiaux : vie verte , c’est les tombes sur terres , un virus est entrain d’être aggravée de la manière mondiale par les tyrans financiers mondiaux : et tout le monde s’en fiche ! A commencer les méd...

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