Pourquoi les discours de défaite sont-ils (souvent) de bons discours

OPINION. Observer la défaite politique par les discours permet de comprendre l’exercice rhétorique comme un bilan personnel ou un passage de témoin qui peut marquer la fin d’une période politique. Par Julien Robin, Université de Montréal
(Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

Avec 58,5 % des suffrages exprimés, Emmanuel Macron a remporté l'élection présidentielle française face à Marine Le Pen. Cette dernière a pris la parole peu après 20 heures pour accepter sa défaite mais aussi pour livrer un discours combatif. Soulignant le score le plus élevé jamais réalisé par son camp politique, elle a annoncé vouloir continuer son engagement politique, notamment lors des prochaines élections législatives. Son discours de défaite a rapidement muté en discours de lancement de campagne, le but avoué étant de faire du « courant national la véritable opposition ».

Avant Marine Le Pen, le discours de Jean-Luc Mélenchon à l'issue du premier tour avait également retenu l'attention. « Faites mieux, merci. » C'est avec émotion que le candidat de la France insoumise avait livré son discours de défaite. Une prise de parole qui s'était fait remarquer pour sa qualité et qui restera (peut-être) dans nos souvenirs politiques.

Pour Mélenchon, cette défaite électorale avait presque le goût d'une victoire politique, celle de disputer la deuxième place à Marine Le Pen (à 421 420 voix près) et d'avoir récolté le plus de votes parmi les candidats de gauche.

Le candidat de l'Union populaire avait alors estimé qu'une « nouvelle page du combat s'ouvre » et lancé à la jeune génération militante le défi de faire mieux pour les prochaines échéances électorales. Celui-ci semblait, à première vue, prêt à signer un adieu politique. Finalement, Jean-Luc Mélenchon a annoncé quelques jours plus tard qu'il visait désormais le poste de Premier ministre lors des élections législatives de juin prochain.

Avec 58,5 % des suffrages exprimés, Emmanuel Macron a remporté l'élection présidentielle française face à Marine Le Pen. Cette dernière a pris la parole peu après 20 heures pour accepter sa défaite mais aussi pour livrer un discours combatif. Soulignant le score le plus élevé jamais réalisé par son camp politique, elle a annoncé vouloir continuer son engagement politique, notamment lors des prochaines élections législatives. Son discours de défaite a rapidement muté en discours de lancement de campagne, le but avoué étant de faire du « courant national la véritable opposition ».

Avant Marine Le Pen, le discours de Jean-Luc Mélenchon à l'issue du premier tour avait également retenu l'attention. « Faites mieux, merci. » C'est avec émotion que le candidat de la France insoumise avait livré son discours de défaite. Une prise de parole qui s'était fait remarquer pour sa qualité et qui restera (peut-être) dans nos souvenirs politiques.

Pour Mélenchon, cette défaite électorale avait presque le goût d'une victoire politique, celle de disputer la deuxième place à Marine Le Pen (à 421 420 voix près) et d'avoir récolté le plus de votes parmi les candidats de gauche.

Le candidat de l'Union populaire avait alors estimé qu'une « nouvelle page du combat s'ouvre » et lancé à la jeune génération militante le défi de faire mieux pour les prochaines échéances électorales. Celui-ci semblait, à première vue, prêt à signer un adieu politique. Finalement, Jean-Luc Mélenchon a annoncé quelques jours plus tard qu'il visait désormais le poste de Premier ministre lors des élections législatives de juin prochain.

Il y a ensuite la qualité rhétorique et le registre de langue. Le sociologue Michel Cattla a analysé les discours de défaite des candidats et montre une récurrence de mots de bienveillance, de remerciement ou encore porteur d'espoir envers les sympathisants. Ces candidats déchus s'adressent avec un « certain parler-vrai [...] sans détour ni langue de bois [et] des émotions mises à nu ». Désormais, les candidats s'adressent non plus à l'ensemble de l'électorat mais à ses électeurs, de manière plus personnelle et naturelle.

Enfin, le discours de défaite constitue un marqueur émotionnel unique pour l'histoire politique. Il s'inscrit dans un rituel politique composé de symboles (le seul en scène, le parterre de militants, les longs applaudissements) chargé émotionnellement. Les candidats font le bilan de leur campagne et d'une projection personnelle et politique. Ils peuvent annoncer le point de départ d'une campagne à venir (comme Marine Le Pen en 2017) ou être un instrument de mobilisation en suscitant l'espoir d'un avenir meilleur et du maintien du combat militant. En résumé, il n'y a pas de format particulier, « ces discours sont uniques » pour M. Cattla.

Lorsque le discours de défaite s'accompagne d'un retrait de la vie politique (comme Lionel Jospin), l'effet de deuil accentue la charge émotionnelle. Le candidat disparaît de notre vie politique, alors qu'il occupait l'espace médiatique, encore plus en temps de campagne. « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » (Lamartine).

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Par Julien Robin, Doctorant en science politique, Université de Montréal

L'auteur effectue sa thèse sous la direction de Jean-François Godbout.

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