Vive les dividendes !

LE "CONTRARIAN" OPTIMISTE. 2019 a été une année record en termes de dividendes reversés aux actionnaires. Faut-il, pour autant, fustiger cette pratique, au prétexte qu'elle servirait des actionnaires rapaces et spéculateurs ? Par Robert Jules, directeur-adjoint de la Rédaction.
Robert Jules
Les dividendes ont surtout progressé en Amérique du Nord, dans les marchés émergents et au Japon.
Les dividendes ont surtout progressé en Amérique du Nord, dans les marchés émergents et au Japon. (Crédits : DR)

Il est de bon ton en France de fustiger les dividendes - surtout quand ils sont en augmentation - au prétexte qu'ils seraient captés par des actionnaires rapaces et spéculateurs qui se goinfreraient sur le dos des autres acteurs d'une entreprise, les salariés en premier lieu. Cette critique risque de redoubler au regard de la publication de l'enquête de Janus Henderson, qui nous apprend qu'en 2019 le montant cumulé des dividendes versés à travers le monde a atteint 1.430 milliards de dollars, soit une progression de 3,5 % par rapport à 2018 (+ 5,4 % si l'on ne prend pas l'effet de change dû à un dollar fort).

+97% en dix ans, le signe d'une bonne dynamique du capitalisme

Les dividendes ont surtout progressé en Amérique du Nord, dans les marchés émergents et au Japon. L'Europe (les entreprises françaises étant les plus magnanimes) et le Royaume-Uni ont été les moins généreux. Janus Henderson précise que, si l'on prend comme référence la décennie, ce sont 11.400 milliards de dollars qui ont été versés, soit une augmentation de 97 % (ou 7 % par an) sur dix ans. Cette création de richesse est le signe d'une bonne dynamique du capitalisme, le dividende étant une part du bénéfice réalisé par une entreprise.

Quant aux critiques, ils oublient un peu rapidement comment se fait le partage de la valeur créée. Selon une étude de l'Institut économique Molinari, pour 1 euro de dividende net d'impôt distribué aux actionnaires des entreprises du CAC 40, on compte 7 euros distribués aux salariés et 2 euros aux États.

Bien sûr, selon les entreprises, le choix de verser un dividende dépend de leur dynamique. Une société de l'internet qui a besoin de croître préférera tout réinvestir dans son développement. Au contraire, une major pétrolière, dont les investissements s'inscrivent dans le long terme, confrontée aujourd'hui à l'inconnue de la lutte contre le réchauffement climatique, se montrera généreuse en dividendes pour fidéliser ses actionnaires ou rachètera ses actions pour en faire s'apprécier le cours.

Déconnexion entre marchés actions et économie réelle

On pourra y voir un effet pervers. Comme le souligne dans une chronique Philippe Maupas, du cabinet en conseils financiers Alpha & K, la Bourse a perdu son rôle traditionnel de financement des entreprises. Il en veut pour preuve que, en 2019 aux États-Unis, ces rachats d'actions ont dépassé les émissions, laissant un résultat net de - 600 milliards de dollars.

Le phénomène est le même en Europe, depuis peu. De fait, la Bourse n'est plus le vecteur du financement direct de l'économie réelle mais reste le lieu d'échanges de titres. Les critiques des dividendes n'ont donc pas tort d'évoquer cette déconnexion entre marchés actions et économie réelle.

Pour autant, comme le dit Philippe Maupas, la Bourse « reste néanmoins le meilleur moyen d'exposer indirectement son épargne à l'activité économique ». Surtout quand elle se montre de plus en plus généreuse avec les actionnaires.

H322 Graphique indice Janus Investors des dividendes par région (base 100 en 2009)

[Cliquez sur le graphique pour l'agrandir]

Robert Jules

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Commentaires 4
à écrit le 25/02/2020 à 0:42
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Le titre doit s'écrire "Vivent les dividendes" car il signifie "que vivent les dividendes!"

à écrit le 24/02/2020 à 10:34
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Les "dividendes", ça se mange? En fait c'est une mauvaise unité de mesure du bonheur humain!

à écrit le 24/02/2020 à 8:22
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L'année dernière 7 personnes détenaient la moitié des richesses du monde, cette année ils sont 6 ne pas y voir une anomalie majeur ne pouvant que menacer directement l'humanité est soit de la bêtise soit du paramétrage imbécile. L'histoire ne retiend...

à écrit le 24/02/2020 à 7:54
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Comme toujours, les chiffres de Janus Henderson ne veulent rien dire pour 2 raisons, qui sont souvent oubliées et qui font toute la différence. - Ces chiffres ne concernent que les sociétés cotées. Or, dans certains pays, comme en Allemagne, be...

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