Repenser la construction pour réduire son impact climatique environnemental global

Réduire les émissions de carbone est un enjeu auquel sont de plus en plus confrontés les projets de construction aujourd’hui. Pour comprendre quels sont les différents leviers pour construire les bâtiments et villes de demain, nous nous sommes entretenus avec Marie Balmain, directrice de la branche Conseil du groupe Egis, en charge des sujets de transitions environnementales énergétiques et Guillaume Meunier, directeur de la branche bâtiment d’Egis, expert conception bas carbone et bioclimatique.

Pourquoi est-il devenu essentiel de se tourner vers une construction neutre en carbone ?

Les enjeux environnementaux nous poussent à tendre vers la neutralité carbone. Le but étant de réussir à « construire neutre » d'ici 2050. Le rôle du groupe Egis est de contribuer à l'évolution des pratiques en accompagnant les maîtres d'ouvrage et leurs partenaires dans le choix et la mise en œuvre de solutions concrètes pour que l'ensemble des projets portés par le monde du bâtiment s'intègre dans cette trajectoire (intégration des matériaux biosourcés, développement des énergies renouvelables, outils et indicateurs pour prévoir et piloter l'empreinte carbone du projet sur tout le cycle de conception, construction, exploitation; intégration des solutions digitales, etc.).

Dans un premier temps, il faut souligner l'avance de la France sur les autres pays. En 2022 sera appliquée la RE2020. Cette réglementation environnementale va mettre le monde du bâtiment sur le rail d'une décarbonation massive et interdira les passoires à carbone inconfortables.



Quelles sont les différentes stratégies mises en place par Egis pour décarboner les bâtiments ?

La neutralité carbone doit être pensée avant, pendant et après la construction. Ainsi, le groupe Egis a décidé de penser différemment en travaillant en « coût carbone » et non en « coût euros ». Pour ce faire, il y a plusieurs axes de travail :

  • Réduire la consommation énergétique pendant les travaux, mais aussi sur le long terme pour les habitants du bâtiment en choisissant des matériaux plus isolants par exemple.
  • Analyser le cycle de vie des matériaux pour réduire la quantité de matière et également opter pour des matières moins émissives.
  • Utiliser des matériaux biosourcés : bois, terre, paille... Favoriser la mixité et se passer du béton quand cela est possible.

Mais le processus ne s'arrête pas là. Une fois que nous avons décarboné la matière ou encore l'énergie, nous réfléchissons à la séquestration du carbone pour en réduire l'émission via l'utilisation du bois par exemple.



Selon l'ONU, près de 70 % de la population mondiale vivra en ville d'ici 2050. Comment pensez-vous les villes de demain chez Egis ?

Effectivement, le groupe Egis intervient à différentes échelles : celle du bâtiment, de la ville et des territoires. Comme les bâtiments, les villes sont en première ligne sur le sujet : à la fois contributrices et victimes des effets directs du changement climatique.

Les impacts des évènements sanitaires et climatiques récent sur la qualité de vie en ville met en exergue l'importance de voir éclore un nouveau modèle urbain : une ville où on respire, où on se sent bien, en sécurité, où la nature a toute sa place, ... Pour cela l'ensemble des composantes urbaines doivent être revisitées (l'habitat, les aménagements de l'espace public, les circulations et les mobilités, ...)

Le bâtiment a également un rôle essentiel à jouer. Nous avons l'habitude de travailler la façon dont la conception prend en compte les notions de bien-être, santé et confort des espaces intérieurs (espaces privés), on s'interroge désormais sur la manière dont le bâtiment contribue au bien-être et au confort des espaces extérieurs, de l'espace public.

Pour cela, il s'agit de penser la manière dont le bâtiment est connecté à son environnement, au quartier et la manière dont il contribue (par sa conception et son usage) à réduire l'empreinte carbone globale d'un quartier. Un bâtiment support de biodiversité à travers la végétalisation des surfaces ou le travail sur les espaces extérieurs, permet de contribuer à augmenter la place de la nature en ville et de maximiser ses bienfaits (réduction de l'effet Ile de Chaleur Urbain, biophilie, etc).





On constate que, dans tous les secteurs, les nouvelles technologies sont étroitement liées à la notion de développement durable. Comment Egis utilise les outils numériques?

Le digital doit aider à la conception et ne pas être un gadget qui alourdit notre impact. Chez Egis, le digital est un partenaire essentiel de la conception et du suivi de nos mesures, jusqu'au reporting de notre impact carbone.

Aujourd'hui nous sommes capables de créer des maquettes tridimensionnelles appelées jumeau numérique. Ces dernières nous permettent de tester et calculer les différentes émissions de carbone en fonction des matériaux ou de l'architecture choisis.

C'est dans cette logique de digitalisation de certains process qu'Egis a racheté la startup Openergy dont le but et d'améliorer le comptage et le calcul énergétique des bâtiments via une modélisation simple afin d'en anticiper et suivre les consommations et pouvoir agir en fonction des résultats obtenus, tout au long du cycle de conception jusqu'à l'exploitation des bâtiments pour une meilleure maîtrise de l'engagement de performance énergétique.




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Commentaire 1
à écrit le 09/12/2021 à 9:39
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Je constate hélas que pas une seule nouvelle construction n'est équipée pour capter l'énergie solaire thermique tant pour chauffer de l'eau que pour chauffer les bâtiments (600 à 800 watts/m2)

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