La crise sanitaire n'a pas du tout relégué les questions écologiques, bien au contraire. La prise de conscience de l'urgence s'était de toute façon faite bien avant la crise. « Acts and Facts est née il y a deux ans, suite à un élan d'entreprises, ayant décidé de faire leur part dans le combat pour l'environnement et le climat », résume Nicolas Hennon, président d'Acts and Facts et par ailleurs leader People and Planet chez Boulanger. Il était l'un des invités de la matinée économique spéciale Hauts-de-France, organisée la semaine dernière par La Tribune et le Comité Grand Lille en direct de Lille.

 Catalyser et connecter

« Le mouvement d'Acts and Facts est à la fois porté par les collaborateurs et les dirigeants car l'association ne se substitue pas aux entreprises, elle ne fait pas « à la place de » mais elle devient un catalyseur qui créé des connexions vertueuses entre des acteurs qui oeuvrent pour le climat », dit Nicolas Hennon. Aujourd'hui, les membres fondateurs ont été rejoints par d'autres entreprises nordistes comme Norauto, Cultura, Saint Maclou, So Good, Electro Depôt, Auchan Retail, Oney, Kiloutou, Tape à l'œil, pour ne citer qu'elles.

« Nous sommes motivés par deux piliers centraux, nés à partir des besoins du terrain : comment faire pour éveiller les consciences et de quels moyens disposons-nous pour agir ? Un troisième pilier concerna le sujet spécifique de la formation », poursuit Nicolas Hennon. En ce qui concerne l'éveil des consciences, l'association organise chaque année une convention d'acteurs du climat avec des experts qui montrent ce vers quoi il est possible de s'engager. « Nous proposons également des webinaires, des afterworks, nous envoyons des newsletters, nous organisons des dîners entre DG pour échanger autour de cet engagement majeur », ajoute-t-il.

Agir ensemble

Pour ce qui est d'agir, Acts and Facts a fait émerger 19 chantiers qui vont de l'éco-conception jusqu'au recyclage en passant par la réparation et les nouveaux modes de calcul de valeur et de rémunération. "Dans ce cadre, les entreprises peuvent s'engager à travailler ensemble (elles sont déjà bien évidemment mobilisées de manière verticale au sein de leur propre entité) mais nous sommes convaincus que le « faire ensemble » nous permettra d'aller plus vite et plus loin."

Cette tendance de fond va-t-elle orienter les services vers de nouveaux modèles ? « Pour avoir passé beaucoup d'années dans le commerce (NDLR : et notamment chez Kiabi), la réflexion profonde ne porte pas sur le changement de nos modèles à tout prix mais plutôt savoir comment on peut les sublimer, sans entrer dans le débat de la croissance ou de la décroissance. »

Les accords de Paris, scellés en 2015, engagent à limiter le réchauffement de la planète à un niveau largement inférieur à 2 degrés. « Les entreprises peuvent réaliser les trois quarts du chemin vers la décarbonation, puisqu'en Europe, nous devons passer de douze tonnes d'émission par citoyen à deux tonnes ». La question étant de savoir comment faire en continuant à créer de la valeur, économique et financière mais aussi humaine et environnementale. « Après les deux grandes résiliences constituées par la digitalisation et la data, nous devons engager une nouvelle résilience à vivre, à avoir apprendre à venir « plugger » les sujets de l'éco-conception, de la logistique durable, de l'approvisionnement durable et des trois R (Réparation, Réemploi et Recyclage) à nos modèles actuels ».