L'aquaculture française lasse d'être mal aimée

Le Comité Interprofessionnel des produits de l'aquaculture contre attaque. Le syndicat professionnel organise le 14 mai une table ronde à Bordeaux pour tordre le cou aux idées reçues sur une filière qui a fait beaucoup d'efforts pour être plus écologique
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C'est un drôle de paradoxe. Aujourd'hui, dans le monde, l'aquaculture fournit 50% des besoins en poissons contre 9 % en 1980. Et, sa production devrait doubler d'ici 2030, selon les prévisions de la FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations). La filière semble être une vraie alternative à la surpêche. Pourtant, « en France, ces dix dernières années, la production aquacole a baissé de 20% », déplore Marine Levadoux du Cipa.

La pisciculture fait peur

Les créations de piscicultures sont rares. Les démarches administratives durent trois ans et il est difficile d'obtenir un avis positif après l'enquête publique. « Nous devons souvent faire face à des réticences au niveau local, liées à des craintes sur l'impact environnemental de notre activité », explique-t-elle. Depuis trois ans, la tendance commence à s'inverser. La production en eau douce stagne désormais à 35 000 tonnes par an (à 95% de la truite arc-en-ciel) et emploie 2 000 personnes. La salmoniculture française (truites essentiellement) est la 3ème en Europe, derrière le Danemark et l'Italie. La pisciculture française représente tout de même un chiffre d'affaires de 250 millions d'euros.

L'aquaculture s'est mise au bio et veut changer son image


Pour cela, la profession s'est lancée dans le bio, afin de «casser» sa mauvaise image, celle de la filière qui pollue ... En 1997, les piscicultures françaises produisaient 300 tonnes en bio. Aujourd'hui, la filière est passée à 1 000 tonnes. A l'image de la table ronde organisée le 14 mai à Bordeaux dans un restaurant avec des professionnels de la filière, mais aussi du monde de la grande distribution et de la restauration de la région, le Cipa multiplie les actions de terrain pour faire passer le message que la filière a changé. Ainsi, Aqualande, le numéro 1 de la truite en France (40 millions de chiffre d'affaires avec 75% du marché français de la truite fumée), basé dans les Landes, en Aquitaine, s'est engagé à réduire au maximum la part de poisson dans les aliments, afin de limiter l'impact sur l'écosystème et la biodiversité marine. En 5 ans, en jouant sur la substitution par des ressources végétales (céréales), l'entreprise a réussi à diviser par deux la part d'huiles et farines de poissons présente dans les granulés.

Des piscicultures off-shore ?

La filière est en plein bouleversement. Et, rien n'est gagné. « En ce moment, les perspectives d'application en France de la réglementation européenne cadre sur l'eau changent toutes les semaines », fustige Marine Levadoux. Dans ces conditions, difficile de s'adapter pour les producteurs. « On se bat pour maintenir notre activité », lâche-t-elle. Ceci étant, le secteur a de réelles perspectives d'avenir. « Nous croyons beaucoup aux schémas régionaux de l'aquaculture marine (ils ont pour objet de recenser d'ici la fin de l'année les sites existants et les sites propices au développement de cette activité) pour lever les verrous locaux », indique-t-elle. D'autres pistes aussi se dessinent : les installations en circuits fermés ou des piscicultures off-shore, à côté de plateformes éoliennes. Une chose est sûre, au regard de la surpêche, l'aquaculture a de l'avenir.

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Commentaires 2
à écrit le 08/05/2012 à 17:48
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Le Comité Interprofessionnel des produits de l'aquaculture contre attaque. Le syndicat professionnel organise le 14 mai une table ronde à Bordeaux. Ce sera l'occasion de dire qu'effectivement un poisson élevé en batterie, c'est de la merde.

le 31/05/2012 à 14:51
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Quelle "rigidité" dans ces propos... Avez vous seulement gouté? J'entends par la, un poisson élevé de qualité (France), en milieu marin (pas en bassin) par exemple? Pour avoir participé en debut d'année à une table ronde organisée par le Cipa, la mo...

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