L'Aérocampus Aquitaine, potentiel leader mondial de la formation à la maintenance aéronautique

En un an, la Région Aquitaine a transformé un centre de la Direction générale de l'armement à Latresne près de Bordeaux, en un lieu de formation unique pour les techniciens de l'aéronautique. A l'heure du premier bilan, les perspectives sont immenses. Le secteur de la maintenance est en plein essor et les grands groupes se rapprochent de l'Aérocampus.
Jérôme Verschave, le directeur d'Aérocampus Aquitaine.DR

« C'est la première fois qu'une Région reprend un centre de formation de l'Etat », se réjouit Alain Rousset, président PS du Conseil régional d'Aquitaine. Le 14 avril 2011, il a en effet racheté, pour 6,5 millions d'euros, le château de Latresne : un site militaire de 26 hectares de la DGA, dont 20 000m2 de bâtiments quii s'apprêtait à fermer. Le Conseil régional souhaitait y rassembler toutes les formations du niveau Bac Pro à l'école d'ingénieur sur la maintenance aéronautique. La région, qui abrite de nombreuses entreprises leaders du secteur, Dassault, EADS, Safran..., a compris qu'il fallait se diversifier et se tourner vers l'aéronautique civil.


Un contexte favorable : deux fois plus d'avions d'ici 10 ans


Innovant, l'Aérocampus a été deux fois lauréat du programme d'investissement d'avenir pour son projet et son internat d'excellence. En formation initiale, il y a déjà 100 élèves en bac pro. A la rentrée, 2012, les formations vont se multiplier. Un BTS aéronautique en apprentissage va être créé. En outre, la formation à Bac +1 des agents d'escale de l'Enac (Ecole nationale de l'aviation civile) et des modules de formation du master maintenance aéronautique de Supaéro à Toulouse vont être délocalisées ici. L'Institut de soudure, jusque là sur Bassens et Ambarès va même s'installer sur le site du château de Latresne dans un bâtiment de 2 500m2. La première pierre a été posée ce 13 juin, lors de l'Assemblée générale d'Aérocampus Aquitaine. « Le contexte est particulièrement favorable pour nous. Le nombre d'avions construits va doubler d'ici dix ans, grâce à la forte demande asiatique et sur américaine. De plus les avions se transforment, deviennent plus composites et moins métalliques », relève Denis Guignot, président d'Aérocampus.


L'offre de formations et le campus entreprises décollent


Par ailleurs, Aérocampus Aquitaine est aussi déjà le centre de formation sécurité du personnel navigant commercial (stewards) dans le Sud-Ouest. Une première session a eu lieu en avril et mai. Côté campus d'entreprises, Aérocampus Aquitaine a également pris son envol : Thales, Astrium campus et l'Enac forment ici désormais en partie ses cadres et ingénieurs du Sud-Ouest. Au total, plus de 10 000 personnes sont ainsi reçues sur le site chaque année. Sur le budget 2012 de 3,5 millions d'euros, Aérocampus Aquitaine dégagera 1 million de ressources propres. « Je ne m'attendais pas à un tel engouement. Les acteurs industriels locaux ont joué le jeu », s'enthousiasme son directeur, Jérôme Verschave. En vérité, le « bébé » de l'ancien directeur de cabinet d'Alain Rousset grandit bien plus vite que prévu. Avec 200 hébergements sur place, Aérocampus sature déjà... A tel point, qu'un hôtel de 100 chambres va être construit prochainement sur le site.


La formation par le biais du numérique


KTM Advance (90 salariés, 5 M? de chiffre d'affaires), une société parisienne, spécialiste du e-learning, voit dans l'Aérocampus une formidable opportunité. Cet acteur majeur de la formation à distance en Europe envisage de créer d'ici 2013 un site dédié au serious games 3D (formation professionnelle par le biais de jeux vidéo) orienté sur les outils de formation en maintenance aéronautique. L'entreprise vient de lever des fonds et va consacrer 10 millions d'euros à ce projet. « Avec la crise, il y a moins d'argent pour former. Mais, c'est une nécessité. Alors, pour beaucoup, le numérique est la solution », analyse son PDG, Yves Dambach, qui cible le monde entier et notamment les pays africains. « La France est en retard. L'e-learning ne représente encore que 2%. Aux Etats-Unis, c'est 50% », rappelle-t-il.


Un investissement de 25 millions d'euros


Au total, la Région Aquitaine investit 25 millions d'euros pour Aérocampus. Mais, le retour sur investissement est prometteur. En 2013, grâce à l'arrivée de différents partenaires, 130 personnes devraient travailler à plein temps sur un site voué à disparaître. Un bel exemple de reconversion. Comme un symbole que la région est devenu leader dans le secteur, le 1er salon européen sur le maintien en condition opérationnelle aéronautique de défense aura lieu le 25 septembre sur Aérocampus Aquitaine à Latresne et les deux jours suivants sur la Base aérienne 106 de Mérignac. « ADS Show Europe » rassemblera 1 500 professionnels européens. La maintenance aéronautique est en plein « boom » et représente un marché annuel de 10 milliards d'euros.
 

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