Mode : Repetto se diversifie dans les parfums et le prêt-à-porter

Le PDG, Jean-Marc Gaucher, a ressuscité la célèbre marque de ballerines de luxe, en misant sur une production française de qualité et des stylistes pour mieux s'exporter. Avec des résultats quasi inespérés : + de 20% de croissance sur les deux dernières années. D'ici quatre ans, Repetto va tripler sa production, embaucher 150 personnes à son usine en Dordogne et se diversifie en lançant une gamme de prêt-à-porter et désormais son parfum.
La société Repetto forme elle-même ses salariés à son fameux « cousu-retourné », une technique à l'inverse de ce qui se pratique habituellement dans le monde de la chaussure. © Repetto

Première collection de prêt-à-porter de son histoire avec 19 pièces numérotées, inauguration de boutiques, rue Saint-Honoré à Paris, Dubaï, etc., lancement dans quelques jours d'un parfum avec Interparfums : Repetto est en plein effervescence. Le 16 novembre dernier, Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif avait tenu à inaugurer l'agrandissement de l'usine de Saint-Médard-d'Excideuil, en Dordogne, qui a doublé presque sa surface (7 500m2). Tout un symbole. Pourtant, en 1999, lorsque Jean-Marc Gaucher, a racheté Repetto, la marque créée en 1947 par Rose Repetto, mère du danseur Roland Petit, affichait un déficit cumulé de 100 millions d'euros. Homme de défis, l'ex patron-fondateur de Reebok en France en a fait une autre entreprise, sans connaître le milieu de la danse...

80 boutiques dans le monde entier

L'aventure n'a pas été sans difficultés. Au début des années 2000, Jean-Marc Gaucher a frôlé le dépôt de bilan et a dû licencier cent personnes sur le site dans le Périgord entre 1999 et 2002. Les financiers ne lui faisaient pas confiance. Ce fils d'un ouvrier de Renault a redressé la marque, avec ses propres deniers en misant sur l'exclusivité de ses produits, en se diversifiant avec des chaussures de ville et en ciblant le marché de l'export. Pour remettre la marque au goût du jour, il a investi sur des stylistes comme Issey Miyake dès 2000. Autre bonne idée, pour redorer le blason de Repetto, Jean-Marc Gaucher a proposé à d'anciens danseurs de vendre ses produits en boutiques. Et très vite, la nouvelle gamme a suscité un vrai engouement notamment en Asie. Repetto a aujourd'hui 80 boutiques dans le monde entier. L'export représente plus de 50% du chiffre d'affaires. La société emploie actuellement 330 salariés, dont 170 sur le site périgourdin de Saint-Médard d'Excideuil.
Cette année, son chiffre d'affaires devrait dépasser les 60 millions d'euros, soit une hausse de plus de 20% par rapport à 2012. Et, la tendance devrait se poursuivre. Dans les quatre prochaines années, la production va tripler, 150 personnes seront embauchées, avec pour objectif d'atteindre 100 millions d'euros de chiffre d'affaires.

Des salariés recrutés sans CV, mais après un test de dextérité sur-mesure

Une opportunité inespérée pour un département rural, où l'économie est moribonde en cette période de crise. La marque a permis à beaucoup de « locaux » de sortir du chômage. « Cela en jette quand on dit que l'on est employé chez Repetto », lance Gisèle, 32 ans, une maman, qui vivait jusque là avec un emploi à temps partiel et 800 euros par mois. Avec les primes (rentabilité, participation, etc.), le revenu mensuel moyen se situe à 1 300 euros nets, loin du Smic. Et, sans compter l'intéressement. Pour autant, même en produisant en France, Repetto réalise près de 50% de marge sur ses ventes.
Pour Jean-Marc Gaucher, le made in France dans le luxe est une « évidence ». « Cela permet d'être plus réactif, de sortir des collections tous les deux mois, de lisser la production, la trésorerie et de créer des événements en boutiques », explique-t-il. « Dans le monde, il n'y a que deux pays, la France et l'Italie, qui ont une réputation internationale dans ce secteur », rappelle le PDG.
Mais, produire en France dans le luxe n'est pas si simple. Il ne trouve pas chaussure à son pied parmi le personnel local. Repetto a donc décidé de former elle-même ses salariés au fameux « cousu-retourné », une technique à l'inverse de ce qui se pratique habituellement dans le monde de la chaussure. A cet effet, en janvier dernier, est née l'école Repetto, avec le soutien des collectivités locales. « Nous recrutons sans CV tous ceux qui ont réussi nos tests de dextérité avec Pôle emploi », indique Paul Gilles, le directeur de l'usine en Dordogne, qui veut avant tout « des salariés imaginatifs ».
Les 150 futurs salariés passeront tous par l'école Repetto. Ainsi, avant de prendre son poste de responsable de lignes de fabrication au sein de l'usine de Saint-Médard-d'Excideuil, Gaël doit suivre une formation de six mois au sein de l'école Repetto. Les recrues apprennent le vocabulaire de la chaussure, découvrent les différentes étapes de tannage du cuir..., un monde totalement inconnu pour eux jusque là. Par ailleurs, un pôle d'excellence cuir devrait voir le jour en 2013 en Périgord. Le département concentre des sites de maroquinerie-sellerie de renommée internationale, comme Hermès, CWD (créateur de selles sur mesure pour l'équitation) et Repetto. Or, paradoxalement, le marché français ne propose que 7 % de cuir premier choix.
Au total, 1,36 million d'euros, financés par un partenariat public-privé, vont être injectés en trois ans dans la filière en Dordogne. A terme, pourrait naître un label PER cuir-Périgord. Insatiable, à 58 ans, Jean-Marc Gaucher voit toujours beaucoup plus loin et plus grand.
 

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