« Les entreprises industrielles sont dans une compétition mondiale et doivent toujours aller de l'avant en termes d'innovation et d'investissements. C'est notre meilleure protection pour conserver et développer l'emploi en France », assure Agnès Pannier-Runacher. A l'heure où les industriels pourraient être tentés de ralentir ou d'arrêter leurs investissements pour laisser passer la crise, le gouvernement, au contraire, les encourage à poursuivre leurs projets pour être prêts au moment de la reprise. « Depuis 2017, la France a inversé la courbe de la désindustrialisation en recréant des emplois. Ce n'était pas arrivé depuis 2000 », souligne la ministre chargée de l'Industrie.

Le fonds de soutien à l'investissement industriel dans les « Territoires d'industrie » vise à financer les projets industriels les plus structurants, prêts à démarrer dans les 6 mois à un an. Les dossiers sélectionnés en Bourgogne-Franche-Comté concernent majoritairement des PME et des ETI qui doivent répondre à quatre objectifs : la décarbonisation, la modernisation des outils de production, la relocalisation ou l'innovation. Les 30 entreprises lauréates par la région bénéficieront d'un accompagnement à hauteur de 20 millions d'euros pour un total de 115 millions d'euros d'investissements productifs à l'échelle de la région. A la clé : 4.000 emplois seront confortés et plus de 550 emplois devraient être créés. Dès 2020, des unités de production dans le domaine de la santé seront ainsi renforcées (Vetoquinol en Haute-Saône, CordenPharma en Côte-d'Or), des technologies hydrogènes innovantes pourront être industrialisées (H2SYS à Belfort, Mahytec à Dôle) et des projets créateurs d'emploi dans des bassins touchés par la crise seront accompagnés (JB Technics dans le Jura, Holding Cassier dans la Nièvre). « L'objectif est de faire de la Bourgogne-Franche-Comté un réservoir de solutions industrielles pour répondre aux défis du futur », précise Marie-Guite Dufay, présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, première région industrielle française.

Les locomotives de notre économie

« Dans cette année particulière pour l'économie, nous traitons l'urgence de la crise sanitaire et économique mais il ne faut pas oublier les entreprises qui peuvent continuer à remplir des carnets de commandes. Il faut les soutenir car elles vont être les locomotives de notre économie. Ces entreprises ont besoin de se transformer, de porter nos ambitions de décarbonations de nos activités et de transformation digitale », confie Agnès Pannier-Runacher.

À titre d'exemple, l'une des premières entreprises lauréates, Corden Pharma, basé à Chenôve, vise à relocaliser la production de principes actifs pharmaceutiques en utilisant un procédé de fabrication innovant : la chimie en flux continu. Ce procédé permet d'accroitre les capacités de production en améliorant la productivité et la qualité dans des conditions de sécurité renforcées. Trois nouveaux emplois pourront être créés grâce à cette nouvelle activité. Montant de la subvention de l'État : 800.000 euros. « C'est un projet d'investissement que j'avais en tête depuis quelques temps. Ce dispositif de l'Etat est arrivé au bon moment. Avec la création d'un laboratoire dédié à l'expérimentation et à la production pharmaceutique à petite échelle, nous allons accéder à des appels d'offre jusqu'alors inaccessibles. Pour nous, c'est le booster qu'il nous fallait pour faire décoller notre fusée ! », s'enthousiasme Yves Michon, directeur de Corden Pharma. Son entreprise était au bord de la faillite il y a dix ans. Son chiffre d'affaires a triplé en trois ans pour atteindre 38 millions en 2019. Il emploie 170 personnes ainsi qu'une quarantaine d'intérimaires.

Les trente premières entreprises lauréates en Bourgogne-Franche-Comté ne sont qu'un premier élan du dispositif. Dans le cadre de « France Relance », le gouvernement s'est doté d'une enveloppe de 150 millions pour l'ensemble du territoire national pour l'année 2020. « Si on prend le même facteur six de multiplication, ce seront quelques 750 millions d'euros investis dans l'industrie en 2020 », signale Agnès Pannier-Runacher.