David Butet (Medef 21) : « Face à la crise, nous sommes un territoire unique »

Dans une interview accordée à La Tribune, David Butet, président du Medef Côte-d’Or, se confie sur cette période particulière où l’interprofession prend tout son sens. Remarqué lors de la REF 2020 (Renaissance des Entreprises de France) en août dernier, le Medef 21 a été primé pour son dynamisme, son accompagnement et son gain d’adhérents.
David Butet (à gauche), président du Medef Côte-d’Or : J'ai remarqué une notion qui n'existait pas avant la crise : la solidarité territoriale. Les chefs d'entreprise préfèrent traiter avec une entreprise à côté de chez elle. C'est aussi cela l'âme d'un territoire !
David Butet (à gauche), président du Medef Côte-d’Or : "J'ai remarqué une notion qui n'existait pas avant la crise : la solidarité territoriale. Les chefs d'entreprise préfèrent traiter avec une entreprise à côté de chez elle. C'est aussi cela l'âme d'un territoire !" (Crédits : MEDEF 21)

La Tribune : Comment l'interprofession a-t-elle permis, en cette période exceptionnelle, un soutien entre les différents secteurs présents sur le territoire ?

David Butet : L'interprofession a cet intérêt de prendre de la hauteur sur l'ensemble des secteurs et de mettre en commun tous les combats. Paradoxalement, nous n'avons jamais eu autant de sollicitations de la part des fédérations professionnelles et des entreprises que durant cette crise. Nous avons accompagné l'équivalent de 900 entreprises pendant et après le confinement. Notre personnel était sur le pont, prêt à répondre aux entreprises adhérentes ou non. Il me semblait important dans cette période exceptionnelle que toutes soient accompagnées et écoutées. Nous avons pu les aider au quotidien via la création de guides de bonnes pratiques, mais également sur les mesures d'aides mise en place par l'État, la Région, et les collectivités.

Votre vision globale de la situation économique a également été sollicitée par les politiques, pourquoi ?

Députés, sénateurs, élus de la région et de la Métropole, tous étaient démunis, avec une incapacité à comprendre l'impact que cette crise pouvait avoir sur une organisation économique. Ils souhaitaient une analyse globale de la situation. Nos échanges ont débouché sur des projets concrets, tel que le fonds de relance de Dijon métropole dès le mois d'avril, en partenariat avec les chambres consulaires, les syndicats patronaux, la banque des territoires, etc.

En quoi consiste ce plan de soutien ?

Ce dispositif est assis sur deux volets complémentaires : 1,5 million d'euros d'aides directes et 780.000 euros d'avances remboursables, qui s'adresse à toutes les entreprises. Au final, ce sont les organisations patronales qui se retrouvent dans le comité d'attribution des subventions publiques. En ce sens, nous sommes un territoire unique. Ce ne sont pas les services publics qui décident des entreprises qui seront accompagnées. Ils instruisent les dossiers avec les chambres consulaires, in fine, ce sont les organisations patronales qui tranchent grâce à notre vision plus objective du terrain.

Quel est le rôle nouveau des MEDEF territoriaux pour aider les entreprises dans ce contexte inédit ?

Nous avons rempli un nouveau rôle avec la réussite du fonds de relance économique de Dijon Métropole. Notre objectif est de l'essaimer sur les autres Établissement public de coopération intercommunale (EPCI), tel que Beaune. Ensuite, nous allons conserver ce rôle consultatif de la part des collectivités territoriales, avec les députés et les sénateurs. Cette proximité nous permettra à l'avenir d'agir plus vite. N'oublions pas non plus notre rôle historique au moment des défaillances d'entreprise, lorsque nous nommons les juges au tribunal de commerce. Ce rôle n'est pas mis en lumière pour l'instant car il n'y a pas encore un afflux dans les tribunaux mais on sent les dossiers arriver.

Nous devons aussi refédérer les adhérents, leur permettre de se rencontrer. En septembre, nous avons organisé à nouveau un « rendez-vous business ». Nous avons eu 160 chefs d'entreprises présents, plus du double qu'en temps normal. Ce qui montre que les chefs d'entreprise ont besoin de faire du business entre eux. J'ai remarqué aussi une notion qui n'existait pas avant la crise : la solidarité territoriale. Les chefs d'entreprise préfèrent traiter avec une entreprise à côté de chez elle. C'est aussi cela l'âme d'un territoire !

Pensez-vous que cette crise pourra permettre d'accélérer la transition environnementale mais aussi plus largement tout type de transformation des entreprises, comme par exemple celle numérique, notamment des TPE/PME ?

Plutôt que la transition environnementale, je préfère parler de durabilité, mieux, de filière courte. Les services logistiques ne pouvaient plus s'approvisionner en Chine et ont cherché ce qu'ils pouvaient trouver à côté de chez eux, créant ainsi un réel effet d'aubaine. En échangeant avec les directeurs des achats, ils se sont rendus compte que leurs méthodes de calcul n'étaient peut-être pas si bonnes... Ils comparaient le prix d'achat sans y associer la logistique. Finalement, la différence de prix n'en vaut peut-être pas la peine, avec en plus une garantie d'approvisionnement lorsqu'elle commande sur son territoire. Le gain de production quant à l'accessibilité à la matière et la gestion des stocks évolue. Cette entraide naturelle territoriale s'est renforcée. On assiste à une transformation des modèles industriels qui va dans le sens du durable.

Quelle note positive retiendriez-vous de cette crise pour les entreprises ?

La réactivité des entreprises ! Pourquoi les politiques se sont tournés vers l'entreprise ? Car c'est l'organisation humaine la plus adaptable qui existe. L'entreprise est toujours obligée de s'adapter, d'avoir cette énergie pour trouver des solutions. Pour preuve, il y a eu des entreprises remarquables qui ont réussi à changer totalement leurs lignes de production pour fabriquer en grande quantité des masques du jour au lendemain.

En quoi le MEDEF 21 de l'après Covid-19 sera différent de celui d'avant ?

Le MEDEF Côte d'Or est différent dans sa représentation par rapport aux collectivités. Le fait d'avoir eu cette sollicitation et d'avoir su répondre a permis de renforcer notre crédibilité. Cette crise a été l'occasion de réfléchir à notre raison d'être. Que faire en temps de crise ou temps de relance ? Comment réorganiser nos équipes pour répondre de manière plus efficace et opérationnel à nos adhérents ? Ainsi, là où nous pensions diminuer les ateliers et les évènements, nous allons au contraire les multiplier pour répondre à ce besoin de rencontres. La conjoncture nous a amené à faire un zoom sur ce que nous devions faire. Nous allons nous recentrer sur nos rôles clés, comme les mandats à l'Urssaf, aux Prudhommes, au tribunal de commerce.

 En août dernier, lors de l'Université d'été du Medef, rebaptisée REF 2020, vous avez été primés. Pour quelles raisons ?

Le Medef Côte-d'Or a pris un poids important au niveau national, nous avons été remarqués pour notre action forte durant cette période. Nous avons été primés pour notre dynamisme, l'accompagnement auprès des entreprises et notre gain d'adhérents (+ 30 en 2020, sur un total de 2.000, ndlr).

Je souhaite désormais que nous donnions plus souvent notre avis sur les décisions qui impactent notre territoire. Nous nous inviterons aux réflexions économiques organisées par les instances publiques sur l'attractivité de la région. Un terrain où nous n'étions pas ou peu présents auparavant.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.