Diager investit 10 millions d'euros pour doubler sa capacité de production

Le fabricant français d’outils de perçage et de vissage, implanté à Poligny dans le Jura, investit près de dix millions d’euros sur trois ans pour répondre à la demande croissante et raccourcir ses délais de livraison. Il prouve ainsi que la production française a toute sa place dans la compétitivité industrielle mondiale, même en période de crise.
(Crédits : Amandine Ibled)

Le fabricant français d'outils de perçage et de vissage, implanté à Poligny dans le Jura, investit près de dix millions d'euros sur trois ans pour répondre à la demande croissante et raccourcir ses délais de livraison. Il prouve ainsi que la production française a toute sa place dans la compétitivité industrielle mondiale, même en période de crise.

Si Poligny, petite ville jurassienne, est réputée pour être la capitale mondiale du comté, elle abrite aussi le premier fabricant européen de forets pour le béton. Avec plus de 20 millions d'outils produits par an et livrés dans plus de 70 pays, Diager a réussi à se tailler une véritable notoriété dans l'univers de l'accessoire sachant que, face à elle, se trouvent des marques de grandes entreprises positionnées sur plusieurs marchés, avec une forte puissance financière, telles que Bosch, Hikoki, Black & Decker. « Les premiers du panier sont des fabricants d'électroportatifs qui fabriquent les perceuses. Diager est la seule entreprise du secteur à ne faire que du consommable. Nous sommes les seuls à avoir développé notre propre marque. Ce qui fait la force de notre expertise » explique François Defougères, président directeur général de Diager.

Cette expertise est d'abord liée à la maîtrise d'un savoir-faire industriel, sans cesse remise en question. Diager consacre des efforts importants à la modernisation de son outil de production. En témoigne cet investissement important en 2020, malgré la crise, de près de 10 millions d'euros (bâtiment de 1.600 m2 et plusieurs machines). Son dirigeant aurait pu choisir de délocaliser l'entreprise pour augmenter sa productivité mais l'homme est profondément attaché à son terroir. À la source de son succès, il y a le « Made in Jura ». Cet ancrage de l'entreprise dans un territoire est cultivé quotidiennement par les salariés, originaires ou non du département. Ce sont eux qui insufflent l'esprit du « Made in Jura », un label de savoir-faire, de la qualité, de la technicité, typiquement jurassien.  « C'est avant tout un savoir-être que l'entreprise exporte dans le monde entier. J'ai tenu à ce qu'un drapeau « Made in Jura » tienne en bonne place dans le bureau de la société au Mexique », confie François Defougères.

Le nouveau bâtiment de Diager

Une production encore saturée malgré les investissements

« Nous avons eu une chance providentielle fin 2019 de capter un client important en Amérique du nord grâce à notre filiale au Mexique, avec des livraisons prévues jusqu'à fin 2020 », confie François Defougères. Alors, même si le BTP était à l'arrêt complet pendant le confinement et que Diager a connu un assèchement total du carnet de commande en mars, la production a continué de fonctionner entre 50% et 80% de ses capacités, durant cette période pour fournir l'Amérique du nord. « Nous étions la dernière entreprise sur la zone d'activité à fonctionner », se rappelle le PDG.

Ce qui n'a pas été sans difficulté car les fournisseurs européens d'acier fermaient les uns après les autres. Jusqu'à mi-mars, Diager connaissait une activité exceptionnelle, puis celle-ci a été maintenue jusqu'en juin au minimum à mi-régime. Après le confinement, les commandes ont repris et l'entreprise s'est rapidement retrouvée saturée. « Nous pensions alors que c'était un effet « post-confinement » mais nous sommes début décembre et le niveau de saturation est le même, alors que nous avons doublé nos capacités de production », constate Olivier Bonhomme, le directeur industriel. « Nous sommes dans une dynamique très positive. Pour l'instant, l'Amérique du Nord subit de plein fouet la crise et les commandes sont gelées. Nous craignons de ne pouvoir assurer les livraisons à la sortie de ce dégel », s'inquiète même François Defougères.

Une saga familiale

Cette détermination et ces valeurs ont toujours habité Diager. Créée en 1953 à Paris, par Pierre Defougères, père de François, qui habitait en face du cimetière du père Lachaise et a eu l'idée de fabriquer quelques outils pour les marbriers qui géraient les tombes. Puis, dans les années 1960, un représentant de commerce suggère à l'artisan de travailler pour l'industrie et le secteur de la maçonnerie, à travers la fabrication de forets en carbure. « Mon père fabriquait les outils le matin, et faisait ensuite le tour des quincailleries pour vendre ses produits. Le début de la croissance a commencé quand il a été dépositaire au BHV », raconte l'actuel PDG.

La société a ensuite pris de l'ampleur et s'est installée en partie à l'international, aux États-Unis, puis à Singapour et en Chine. Puis, retour aux sources. Direction le Jura dont la mère de François Defougères est originaire. En 1968, la société Diager, qui signifie (DIAmant et defouGERES), s'implante alors à Poligny. La marque Diager est pour sa part, lancée en 1998, lorsque le fabricant décide de capitaliser sur son savoir-faire et de commercialiser ses produits à travers la distribution. « Aujourd'hui, nous visons surtout le marché nord-américain grâce à notre bureau installé au Mexique, et l'Europe avec un bureau en Allemagne et le cœur de l'activité implanté dans le Jura », précise François Defougères. 50% des ventes sont réalisées à travers la marque Diager et 50% pour le compte de private labels.

Presque soixante-dix ans après sa création, l'entreprise familiale, qui a su préserver son indépendance, réalise un chiffre d'affaires de 42 millions d'euros, dont la moitié à l'export. « Nous allons réaliser une hausse de 10% de notre chiffre d'affaires par rapport à l'année dernière », confie François Defougères. L'entreprise 100% familiale arrive à un cap déterminent où le besoin d'investissement pourrait dépasser sa capacité d'endettement. Pourra-t-elle continuer à investir seule pour répondre à ses ambitions ou devra-t-elle faire appel à des actionnaires ? Tel est l'arbitrage auquel doit faire face son dirigeant pour structurer son plan stratégique à horizon 2025.

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Commentaires 2
à écrit le 09/12/2020 à 22:47
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Ils ont bien raison, les Chinois fabriquent du matériel pas si mal que ça et abordable, mais comme toujours il y a toujours une gnognote dans la boîte, dont les forets, un foret français drivé par une perforatrice chinoise, ç'est parfait, de toute fa...

le 27/12/2020 à 19:47
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et tu crois qu ils les font fabriquer où les montures des forets béton ?

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