Dijon Céréales : « Transformer les nouvelles tendances en opportunités »

En pleine mutation, le secteur agricole doit se réinventer pour faire face au réchauffement climatique et aux nouvelles contraintes législatives. Le groupe Dijon Céréales, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 446 millions d'euros en 2019, dessine son avenir autour de la performance de ses adhérents avec un plan stratégique, initié en juin dernier. Adaptation, économie et développement sont les maitres mots de ce second volet.
A titre de comparaison, une sécheresse comme celle de 2020 qui impacte à la fois le non approvisionnement des cultures et la collecte d'été représente un manque à gagner de 4 millions pour le groupe Dijon Céréales. Les conséquences du Covid pourraient s'évaluer entre 300.000 et 500.000 euros de pertes.
A titre de comparaison, une sécheresse comme celle de 2020 qui impacte à la fois le non approvisionnement des cultures et la collecte d'été représente un manque à gagner de 4 millions pour le groupe Dijon Céréales. Les conséquences du Covid pourraient s'évaluer entre 300.000 et 500.000 euros de pertes. (Crédits : Dijon Céréales)

Depuis trois mois, une centaine de collaborateurs du groupe sont impliqués dans le développement de ce plan stratégique baptisé « DEMAIN » (pour Développement, Économie, Mutualisation, Adaptation, Innovation et Nouvelle génération). Le confinement a permis un temps de réflexion et d'échanges entre les équipes. « Ensemble, nous avons pris conscience de la situation et décidé de rentrer dans une dynamique de changement », explique Christophe Richardot, le directeur général de Dijon Céréales. Ce dernier a choisi de mettre en place un management participatif et à l'écoute des salariés, en particulier durant cette période de crise. « DEMAIN est à la hauteur du changement que nous devons amorcer pour maintenir et développer l'agriculture en Bourgogne-Franche-Comté », précise-t-il.

Cette stratégie s'inscrit dans un contexte compliqué pour l'agriculture depuis plusieurs années. D'une part, le réchauffement climatique pénalise les moissons - 2020 illustre une fois encore les dégâts de la sécheresse avec -15% de rendement par rapport à une année classique ; d'autre part, la réforme des coopératives avec la suppression des remises, rabais, ristournes (aussi appelés 3R) et la séparation conseils & vente pour les produits phytosanitaires (qui rentre en vigueur en janvier 2021). « Finalement, la crise Covid s'ajoute aux autres crises qui touchent le monde agricole », constate Christophe Richardot. A titre de comparaison, une sécheresse comme celle de 2020 qui impacte à la fois le non approvisionnement des cultures et la collecte d'été représente un manque à gagner de 4 millions pour le groupe Dijon Céréales. Les conséquences du Covid pourraient s'évaluer entre 300.000 et 500.000 euros de pertes. « La crise sanitaire est conjoncturelle alors que le dérèglement climatique est une crise structurelle. Si nous n'agissons pas rapidement en offrant de nouveaux leviers de performances à nos agriculteurs, dans deux ans nous n'existons plus ! », assure le directeur général.

Une dynamique positive

Dans une enquête retour d'expérience réalisée autour de la crise de la Covid-19 au sein du groupe, 93% des collaborateurs ont estimé que leur métier devait s'adapter dans les années à venir. Les groupes de travail ont rendu leur première copie à la mi-septembre. Des actions majeures à mener ont été identifiées afin de trouver des solutions durables. Objectifs : transformer les nouvelles tendances en opportunités. « L'eau est un vrai sujet de préoccupation car les éleveurs ont passé leur été à courir après cette ressource pour nourrir leur bétail - une vache a besoin de 120 litres par jour ! », remarque Christophe Richardot. L'idée serait de la stocker quand elle est en excès afin de pouvoir la restituer quand c'est nécessaire. D'autant plus que la coopérative souhaite développer de nouvelles filières qui auront besoin d'une réseau hydrique durable. « Nous sommes en train d'étudier la possibilité de développer des cultures qui existent au sud de Lyon car la Bourgogne devrait avoir le même climat d'ici une dizaine d'années. Nous ne nous interdisons aucune piste, nous avançons l'esprit ouvert », ajoute Christophe Richardot. Ce dernier évoque les cultures plus « exotiques pour la région », telles que la lavande, le brugnon ou la pêche.

Autre volet important, l'énergie avec un objectif vertueux : consommer l'électricité verte produite au niveau du territoire. Une usine de méthanisation est en cours de construction dans le Châtillonnais. Les premières productions de gaz sont prévues pour début 2023. « Ce secteur est particulièrement touché par le dérèglement climatique et espère beaucoup de cette nouvelle solution vertueuse », souligne Christophe Richardot. Une volonté de développer l'agrivoltaïsme pour offrir un revenu supplémentaire aux adhérents en conciliant production énergétique et production alimentaire est également en cours de réflexion.

Usine de méthanisation

« DEMAIN » soutient les filières régionales de qualité existantes (colza, blés meuniers conventionnel et bio, moutarde, viande bovine...) et prône le recours raisonné aux solutions phytosanitaires. Côté développement, un projet multipartenaire (Profilait) autour d'une filière régionale « protéines diversifiées » mise sur la complémentarité grandes cultures-élevages et vise la souveraineté régionale en alimentation animale. Enfin, le pôle R&D planche sur des cultivars adaptés au changement climatique et résistants aux maladies - la région a perdu 90% de la production de moutarde en 3 ans -. Des nouvelles productions telles que les protéines végétales et les fruits jaunes pourraient voir le jour d'ici quelques années.

Un plan de départs volontaires

La mutation de Dijon Céréales s'appuie aussi sur un plan de départs volontaires (dans le cadre d'un accord de rupture conventionnelle collective conclu avec le Comité Social d'Entreprise) qui se met en place au sein de la coopérative. « Il s'agit d'adapter les besoins en personnel de la coopérative au vu des échéances à venir, en accompagnant de façon individuelle des projets personnels d'évolution professionnelle ou de fin de carrière », précise le directeur général. Entre 30 et 35 personnes sont concernées sur les 650 collaborateurs que comptent le groupe, dont 220 au sein de la coopérative. Cette réorganisation permettra de recruter de nouveaux talents tels que des data scientists, des experts en énergie, en gestion de l'eau, en RSE, etc.

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