« En Côte-d'Or, nous avons tiré les leçons du premier confinement »

Dans un entretien accordé à La Tribune, Régis Penneçot, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat de Côte-d’Or, livre son analyse sur les difficultés rencontrées par les artisans durant cette période de deuxième confinement, et détaille les actions menées pour les soutenir.
Malgré la crise et les difficultés pour les entrepreneurs, Régis Penneçot, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat de Côte-d’Or, souligne que le nombre de créations d'entreprises a peu faibli dans les six derniers mois alors que nous ne sommes pas dans une période euphorique.
Malgré la crise et les difficultés pour les entrepreneurs, Régis Penneçot, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat de Côte-d’Or, souligne que "le nombre de créations d'entreprises a peu faibli dans les six derniers mois alors que nous ne sommes pas dans une période euphorique." (Crédits : CMA 21)

La Tribune.- Comment se porte l'artisanat en cette période de crise ?

Régis Penneçot.- Nous constatons les premiers signes de tensions fortes au niveau de la trésorerie chez certains artisans. Le PGE est une bonne idée. Il a permis de maintenir les entreprises sous perfusion pour passer le cap, mais maintenant qu'il faut rembourser, certaines risquent de s'écrouler. Des secteurs sont plus impactés que d'autres. Ceux qui peuvent continuer à travailler s'en sortent mieux, tels que l'alimentation avec les boulangers et les charcutiers par exemple. Pour l'instant, ces derniers ne rencontrent pas de difficultés d'approvisionnement. Le bâtiment se porte plutôt bien également même si de fortes inquiétudes sur le premier semestre 2021 se font sentir, dû à un manque de visibilité. La confiance retrouvée après le premier confinement s'essouffle. Les métiers de la fabrication, tel que le poseur d'alarme, jonglent pour passer entre les mailles du filet afin de travailler tant bien que mal. Les métiers d'arts, qui n'ont pas de vente directe, souffrent beaucoup. Cette période de fin d'année est habituellement celle où ils réalisent le plus de chiffre d'affaire avec les salons et les marchés de Noël.

Comment la CMA 21 a-t-elle organisé le soutien aux différents métiers de l'artisanat présents sur le territoire ?

Nous avons tiré les leçons des difficultés rencontrées lors du premier confinement en termes de matériel, de process et de renouvellement des équipes. Sur trente agents présents, une dizaine sont focalisés sur la Covid. Une moitié en cellule de crise et l'autre en cellule psychologique pour écouter les artisans. Durant le premier confinement, nous avons appelé plus de 10.000 entreprises (sur 12.000 adhérents, ndlr). Notre rôle est de communiquer sur l'ensemble des aides disponibles car la majorité des artisans peuvent bénéficier de fonds, avec un versement de l'État relativement rapide, dans les quinze jours à trois semaines. La Chambre a également édité un guide de bonnes pratiques où nous évoquons le Click and Collect. Plusieurs outils numériques sont développés pour favoriser ce nouveau moyen de commercer. Par exemple, la Vitrine de Noël virtuelle des Artisans de Bourgogne Franche-Comté, lancée par la Chambre de Métiers et de l'Artisanat de région Bourgogne Franche-Comté (CMAR BFC). Une centaine d'artisans sont déjà inscrits sur la plateforme.

Y-a-t-il des aides spécifiques pour les artisans du territoire ?

En août dernier, la CMA 21 a travaillé avec les collectivités sur deux aides spécifiques, en partenariat avec la CCI 21 sur les Établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), les communautés de communes, les communautés d'agglomération, et la métropole. L'une est une avance remboursable, l'autre une subvention. L'avance remboursable est destinée à aider les entreprises qui ont des difficultés financières passagères, avec des modalités de remboursement très souples. Ce montant peut aller jusqu'à 10.000 euros en fonction des communautés de communes. Les élus ont montré une véritable volonté d'aider l'économie de proximité. La subvention est destinée aux entreprises qui traversent des difficultés liées à leur activité, mais qui souhaitent élargir leur spectre commercial. La somme sera accordée pour acheter du matériel ou de la publicité spécifique à cette nouvelle activité. C'est une sorte de rebond pour augmenter ou stabiliser leur chiffre d'affaire.

Menez-vous des négociations au niveau national et auprès des grandes instances en faveur des artisans ?

Au niveau de l'URSSAF, le report des charges du premier confinement a soulagé les artisans. Toutefois, le système de remboursement a été brutal car la somme qui pouvait aller jusqu'à deux trimestres doit être remboursée en seulement trois fois. La CMA 21 souhaiterait que cette somme soit étalée sur une période plus longue. Du côté du PGE, nous souhaiterions que l'obligation de le rembourser dans les six ans passe à dix ans pour aplanir la dette.

Quelle note positive retiendriez-vous de cette crise pour les entreprises ?

Pour certains, cette crise est un formidable stimulant. Beaucoup d'artisans se sont remis en cause sur leur façon de travailler et sur leur offre de service. Je retiendrais également cette fantastique énergie qui vibre en France. Le nombre de créations d'entreprises a peu faibli dans les six derniers mois alors que nous ne sommes pas dans une période euphorique. Notre programme de stages d'experts, qui vise à préparer les futurs artisans à se mettre à leur compte, suscite toujours autant d'envie. Ces jeunes entrepreneurs ne baissent pas les bras pour créer leur projet. La Covid même pas peur !

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