Si elle génère de nombreux emplois - un million dans le monde -, la mode est l'une des industries les plus polluantes de la planète. Selon l'Ademe, chaque année, elle émettrait 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre, soit plus que les vols internationaux et le trafic maritime réunis. À seulement 29 ans, Clément Pelletier, originaire de Sainte-Marie-la-Blanche, près de Beaune, compte inverser la tendance en créant sa marque de vêtements écoresponsables : Polytesse. « Poly c'est pour le plastique, politesse pour le respect de l'environnement et des hommes », explique le jeune fondateur.

De la bouteille plastique au t-shirt

L'idée et l'envie lui sont venues après plusieurs expériences professionnelles en tant que commercial qui l'ont amené à la limite du burn out. « Je voulais retrouver des valeurs humaines et proposer quelque chose dans l'air du temps, pour réconcilier la mode et l'environnement », explique-t-il. C'est ainsi que Clément Pelletier passe à l'action et après plusieurs jours - et nuits- de recherche sur les matériaux les plus propres, l'autodidacte découvre les propriétés du polyester recyclé « qui retrouve toutes ses qualités premières ». Pour lancer sa première collection, le jeune entrepreneur, seul aux manettes de la marque, utilise alors des bouteilles plastiques et des chutes de tissus, qui échappent ainsi à l'enfouissement et à l'incinération. « D'apparence, nos vêtements ne se démarquent pas mais ils nettoient la planète. Dans un sweat, on revalorise 25 bouteilles en plastique », précise le créateur.

Certes, le concept existe déjà en France et ailleurs, mais la plupart des fabricants utilisent seulement un faible pourcentage de vêtements recyclés. Quant au look, il n'est guère très chic... « Je voulais des vêtements de qualité au style intemporel et habillé, qui ressemble aux grandes marques », poursuit-il. La marque Polytesse se positionne sur un marché haut de gamme.

Moins de marge au bénéfice de la planète

La fabrication d'un simple jean, par exemple, nécessite entre 7.000 et 11.000 litres d'eau. Un t-shirt, 2.700 litres. « Grâce à notre protocole de recyclage, pour fabriquer nos sweats, nos t-shirts, et nos chaussettes, et bientôt nos jeans Polytesse, nous utilisons 90% d'énergie en moins et 70% d'eau en moins qu'un polyester de premier usage », assure Clément Pelletier.

Toutefois, faire le choix d'utiliser des matériaux recyclés coûtent évidemment plus cher. « Il est plus facile de jeter et de racheter les granulés à l'étranger en gros volumes comme le font la plupart des grandes enseignes », constate Clément Pelletier. Sans compter que la marque revendique une fabrication 100 % du Made in France. Le jeune beaunois conçoit ses produits chez lui. Pour cela, il collabore avec quatre usines en Haute Vienne, dans les Hauts-de France et dans les Vosges. La marque s'engage aussi sur le plan solidaire puisque 80 % des travailleurs de ces usines sont en situation de handicap. Clément Pelletier porté plus que jamais par la fibre écologique préfère rogner sur ces marges, là où les grandes marques n'hésitent pas à multiplier par dix le prix de revient...

Accompagner les entreprises dans leurs démarches RSE

Un autre canal de distribution prend une part de plus en plus importante dans le chiffre d'affaire de Polytesse : la personnalisation des vêtements. « Nous accompagnons les entreprises dans leur démarche RSE en personnalisant des vêtements à leur image », précise Clément Pelletier. Une vingtaine d'entreprises font déjà confiance à la nouvelle marque écoresponsable. De nouveaux produits sont en cours de développement, avec notamment une gamme de maroquinerie en cuir végétal, des bonnets en laine recyclée, des jeans et des chinos en coton et polyester pour le début de l'année. « Les ventes se feront uniquement sur précommande pour éviter la surproduction », précise le fondateur de la marque écoresponsable. Aujourd'hui, Polytesse est présente dans deux magasins distributeurs sur Dijon et Toulouse. Deux ouvertures sont prévues prochainement à Orléans et Oulins.

Malgré un lancement en plein confinement, l'entreprise connait un développement largement au-dessus des prévisions, avec déjà plus de 700 produits vendus depuis le mois de mars. Clément Pelletier compte embaucher deux personnes en 2021. Une vraie fierté pour ce jeune beaunois, ravi de participer au développement économique local de sa région. Son ambition ?  Aller encore plus loin avec son propre site de production à Beaune. Un site qu'il partagerait avec les petits créateurs qui souhaitent se lancer en petites séries.