Aux municipales de Rennes, la liste écologiste, emmenée par le binôme Matthieu Theurier-Priscilla Zamord, voulait jouer un rôle décisif : en cas de victoire au 1er tour, ils se voyaient bien « faire converger les sociaux-démocrates jusqu'aux insoumis », sinon adjoindre la liste majoritaire voire fusionner avec celle de Nathalie Appéré, la maire sortante PS. Au 1er tour, EELV a bondi de 10 points par rapport à 2014 mais s'est quand même classée deuxième avec 25,37 % des voix, derrière Nathalie Appéré, à 32,77 %, quasiment stable à par rapport à 2014. En dépit d'un taux d'abstention historique à plus de 60 % au 1er tour, le PS reste bien ancré dans la capitale bretonne. Et la maire pourrait bénéficier d'avoir été très visible durant la crise du coronavirus.
Minimum garanti, emploi, zéro pesticide
Sans grande surprise donc : les deux candidats des listes « Pour Rennes avec Nathalie Appéré » et « Choisir l'écologie pour Rennes » ont décidé de tenter de poursuivre le travail qu'ils mènent ensemble depuis six ans au sein de l'actuelle majorité. Leur rapide alliance autour d'un projet commun, « une gauche sociale et écologiste » coulait de source. « Nous avons des valeurs communes et de plus en plus convergentes », a fait valoir Nathalie Appéré lors de l'annonce fin mai de ce mariage. Malgré des propositions très proches, les deux alliés, qui font figure de grands favoris, ont mis de côté leurs divergences, sur la gratuité des transports ou le rythme des constructions, pour « mettre le curseur sur les mesures importantes ». Matthieu Theurier insiste sur « le revenu minimum garanti, qui sera testé à l'échelle d'un quartier, la démocratie locale pour impliquer les habitants dans la concertation immobilière ou la tarification des transports. » Les moins de 26 ans se verront accorder une réduction de 25 %, ajustable en cours de mandat jusqu'à une éventuelle gratuité totale. Le programme commun évoque aussi des tarifs sociaux internet et la construction de 1.800 logements par an dont 25 % en accès social. Alors que l'impact économique de la crise sanitaire va se faire sentir, Nathalie Appéré compte mener « la bataille de l'emploi », de l'insertion et du développement économique. Un plan d'urgence aux PME, avec un bonus pour les plus vertueuses écologiquement, est sur la table. Rennes se voit aussi en territoire zéro pesticide de synthèse en 2025.
Brigade nocturne et tasers
Leur liste affrontera celle des candidats LREM Carole Gandon, qui avait réalisé « un score honorable » de 14,29 % et DVD Charles Compagnon (12,21 %), qui n'ont pas souhaité fusionner. Carole Gandon, dont la campagne s'est révélée parfois chaotique et malencontreuse en termes de communication, défend la vision « d'une ville apaisée qui respire, qui ose, qui croît raisonnablement et qui rayonne » et prône « la dé-densification, une véritable politique de développement du vélo et un soutien fort aux commerces et aux entreprises ». Pour tenter de convaincre, elle multiplie les attaques à l'encontre de la liste PS-EELV, accusée de mêler des militants écologistes et une extrême-gauche « qui flirte avec le communautarisme et la rhétorique du racisme d'Etat ». Charles Compagnon se pose plutôt en arbitre. Défendant un plan vélo, un plan de transports de 1,2 milliard d'euros et la piétonisation élargie du centre-ville, il se dit à l'écoute des Rennais : sur la densification et les embouteillages en ville, sur l'instauration de la semaine de quatre jours à l'école par exemple. Face à la violence qui monte, la sécurité prend aussi sa place dans la campagne : Nathalie Appéré, qui n'est pas suivie sur ce point par ses alliés, maintient son idée d'une brigade nocturne dotée de taser, sur laquelle s'accordent en revanche ses deux adversaires.
Politique en faveur des transports
Déjà fortement mises en avant au niveau métropolitain, les questions de transition écologique, de mobilité durable mobilisent toutes les listes.
Rennes est identifiée au plan national pour sa politique en faveur des transports (deuxième ligne de métro, fin des bus thermiques en 2028, covoiturage) et des déplacements (1er poste de dépenses). L'heure est donc au changement de modèle économique, à des entreprises plus vertes et à des constructions passives.
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