Emploi salarié : moins de casse en Bretagne au deuxième trimestre

Traditionnellement moins impactée par le chômage, la Bretagne reste une bonne élève en matière d’emploi salarié. Ce dernier a moins chuté au cours du deuxième trimestre 2020 que dans le reste de la France, et l’intérim se redresse. Les divers dispositifs d’aide ont servi d’amortisseurs. La Région reste vigilante et prolonge le fonds Covid Résistance pour les TPE et associations.
L'emploi salarié a moins chuté en Bretagne au cours du deuxième trimestre 2020 que dans le reste de la France.
L'emploi salarié a moins chuté en Bretagne au cours du deuxième trimestre 2020 que dans le reste de la France. (Crédits : Emmanuel Fradin)

L'emploi salarié breton a moins souffert de la crise sanitaire et de l'impact du confinement que celui d'autres régions. Selon la note de conjoncture de l'Insee Bretagne publiée mardi 13 octobre, la baisse enregistrée entre fin mars et fin juin 2020 s'élève à 0,4 %. Elle correspond à 4.500 destructions nettes d'emplois et affecte plutôt le secteur public (-0,8 %), en raison de moins de recrutements en CDD, que le secteur privé (-0,2 %). Avec celui des Pays de la Loire, « ce recul, qui suit une chute de 1,9 % au premier trimestre, est toutefois le moins important des régions françaises (- 0,9 % au niveau national) » relève l'Insee Bretagne.

Par secteur, le bilan est contrasté : si l'emploi a rebondi dans la construction (+ 0,4 %), l'industrie et l'agroalimentaire bretons ont respectivement perdu 1.100 et 400 emplois salariés. L'emploi salarié a baissé de 1,5 %, (- 7.400 emplois, - 13.100 emplois de janvier à juin) dans le tertiaire marchand, toutes activités confondues (-7,9 % dans l'hébergement-restauration, -0,3 % dans le commerce...).

Sur le plan géographique, les Côtes d'Armor (22) où l'emploi salarié a été quasi stable (-0,1 %, -100 emplois) s'en sont mieux sorties. L'Ille-et-Vilaine (- 1.700 emplois) et le Morbihan (-1.100 emplois) affichent en revanche un recul de 0,4 %, le Finistère de 0,5 % (- 1.600).

L'Insee précise qu'entre la fin décembre 2019 et la fin juin 2020, 27.500 emplois ont été détruits en Bretagne (-2,2 % contre -2,8 % en France). Les plus fortes contractions s'observent en Ille-et-Vilaine et dans le Morbihan, où l'emploi a chuté de 2,4 % sur six mois, pour respectivement 10.700 et 6.100 emplois détruits.

Sur an un, l'emploi salarié breton a diminué de 1,4 %, après deux ans de hausse, c'est toujours moins qu'au niveau national (-2,3 %).

Rebond de l'intérim, baisse du chômage en trompe-l'oeil

En parallèle, l'emploi en intérim a enregistré un net rebond au deuxième trimestre. Après un effondrement fin mars (- 35,4 % par rapport à 2019, soit - 15.900 emplois), ce redressement de 21,1 % pour 6.100 emplois s'explique par la reprise de l'activité post-confinement et a été notamment porté par les secteurs de la construction (+ 81,8 %, + 2.600 emplois) et de l'industrie (+ 14,9 %, + 2.200 emplois). L'agroalimentaire, qui concentre la majorité de l'intérim industriel breton, affiche une hausse de 11,4 % au deuxième semestre (+ 1.100 emplois).

A fin juin, l'emploi intérimaire reste cependant inférieur de 21,8 % au niveau de fin 2019, ce qui représente 9.800 emplois détruits en six mois.

Ces résultats ont un impact sur le taux de chômage : au deuxième trimestre, celui-ci s'est établit à 6,3 % de la population active (6 % en Ille-et-Vilaine), en baisse de 0,2 points. C'est le taux régional le plus faible à égalité avec l'Ile-de-France. « Cette baisse du chômage ne traduit pas une amélioration du marché du travail mais un fort recul du nombre de personnes sans emploi, disponibles et/ou en recherche active d'emploi » relativise l'Insee. De même l'institut de la statistique, qui fait ressortir une baisse des créations mais aussi des défaillances d'entreprises, juge-t-elle « paradoxale la réduction brutale du nombre d'entreprises en difficulté ».

Prolongation du fonds régional Covid Résistance

 5.400 structures ont ainsi été créées en Bretagne au deuxième trimestre, ce qui représente un recul de 15,9 % par rapport au trimestre précédent et de 48 % sur un an. Dans le même temps, seules 1.600 défaillances d'entreprises ont été enregistrées entre juillet 2019 et juin 2020 (- 24 %, -37,2 % dans l'industrie), contre 2 100 entre juillet 2018 et juin 2019. Pour l'Insee, cette réduction brutale est « liée à l'impact du confinement sur l'activité des tribunaux de commerce et à l'accord des délais supplémentaires pour les cessations de paiements ».

Les aides de l'Etat et de la Région ont sans doute rempli leur rôle d'amortisseurs, malgré le manque de visibilité de certains dispositifs locaux comme le fonds Covid Résistance. Lancé mi-mai en partenariat avec les quatre départements, les 59 intercommunalités (2 euros par habitant, au prorata de la population couverte) et la Banque des Territoires, ce fonds doté de 27,5 millions d'euros a été finalement peu utilisé. Destiné aux petites entreprises et aux associations ne bénéficiant pas forcément des aides de l'Etat ni de financements bancaires, ce dispositif qui devait prendre fin le 30 septembre est prolongé jusqu'à la fin décembre. Selon la Région Bretagne, il peut répondre à de nouvelles demandes.

250 bénéficiaires pour 2,5 millions d'euros de prêts

 « La conjoncture reste incertaine et de nombreux professionnels attendaient l'automne pour évaluer leur situation et solliciter d'éventuelles aides » explique le Conseil régional. Ce prêt à taux zéro, allant de 3.500 à 30.000 euros pour les associations et de 3.500 à 10.000 euros pour les entreprises dont le chiffre d'affaires annuel est inférieur à 1 million d'euros pour un effectif de moins de 10 salariés, est remboursable avec un différé de 18 mois.

Jusqu'ici, Covid Résistance a été accordé à 250 bénéficiaires pour un total de 2,5 millions d'euros, ce qui représente un budget moyen de 9.000 euros pour les entreprises et de 20.000 euros pour les associations. Les demandes de prêt proviennent à plus de 25% des cafés, hôtels, restaurants et traiteurs, à 15 % de commerces, à 10 % d'associations non marchandes. La Région signale qu'environ « 15% concernent des entreprises en plan de continuation, qui ont des difficultés à accéder au PGE et qui ont été orientées vers ce dispositif par leur expert-comptable, leur banque ou l'EPCI ». 35 % sont situées en Finistère, 33 % en Ille-et-Vilaine.

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