"Gilets jaunes" : la région Bretagne prône la discussion et la justice sociale

Les "Gilets jaunes" bloquent des sites de la grande distribution, et des restrictions de carburant ont été instaurées en Finistère. La Région veut assurer sa part de responsabilité et convoquera prochainement une conférence sociale.
(Crédits : Jean-Paul Pelissier)

« Nous allons réunir une conférence sociale dans les semaines qui viennent en Bretagne, avec le Medef, les représentants syndicaux et les Gilets jaunes. Nous avons des solutions à trouver à tous les échelons de la société », a affirmé lundi matin le président de la Région Bretagne au micro de France Bleu Armorique. Tout en condamnant fermement les violences de samedi à Paris, Loïg Chesnais-Girard dit comprendre la colère des gilets jaunes, « des hommes et des femmes qui évitent de boire la tasse chaque semaine ».

Réaffirmant la nécessité d'écouter et de dialoguer, il a prôné l'urgence de la justice sociale. En charge de la mobilité, la collectivité pourrait par exemple envisager des aides au changement de véhicule ou à la mobilité.

Sur le territoire, où la politique d'aménagement vise déjà à un meilleur équilibre entre les départements, entre les villes et les territoires ruraux, le week-end a lui aussi été marqué par des manifestations pacifistes pour la plupart, mais déterminées. Une centaine de personnes ont défilé à Vannes tandis que les Gilets jaunes ont maintenu leurs actions à Lorient. Outre ceux de Vitré et de Redon, deux défilés ont réuni 250 personnes le matin, 150 l'après-midi à Rennes. La situation a été plus chaude dans la zone commerciale de Langueux près de Saint-Brieuc où des affrontements ont eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche entre les manifestants et les forces de l'ordre. Huit personnes étaient encore en garde à vue dimanche soir.

Restriction de carburant, la grande distribution visée

Au-delà des ronds-points et des centres-villes, les Gilets jaunes visent des sites plus stratégiques. Dans le Morbihan, d'où est originaire Jacline Mouraud, membre du nouveau collectif « Gilets jaunes libres », et en Finistère, le nombre de stations-service ne délivrant plus d'essence est en augmentation, suite au blocage des dépôts pétroliers de Lorient et de Brest, par des patrons de PME du BTP rejoints par les Gilets jaunes. La situation n'est pas encore à la pénurie, mais le Préfet du Finistère a pris dimanche de premières mesures pour limiter l'achat de carburant. Le montant maximal vendu chaque jour est limité à 30 euros pour les véhicules de moins de 3,5 tonnes et 200 euros pour les poids lourds.

Des plates-formes de la grande distribution ont également été prises pour cible.

En Ille-et-Vilaine, un entrepôt fournissant 175 restaurants McDonald's de l'Ouest a été bloqué à Torcé. L'approvisionnement des magasins a aussi été ralenti par des barrages filtrants, à l'Ouest de Rennes devant Easydis (Casino), mais aussi dans les Côtes-d'Armor. À Plaintel, le site des magasins U dédié aux produits frais, a été bloqué par près de 80 Gilets jaunes. Au Nord de Fougères, la petite entreprise Lou a dû jeter près de 10 tonnes de champignons faute de pouvoir livrer ses produits.

À Rennes, l'accès au centre des impôts, symbole de l'État, est par ailleurs toujours tenu par une barricade. À Saint-Malo, les Gilets jaunes l'accès à la gare maritime du Naye (terminal des ferries) n'est plus bloqué.

La situation préoccupe les CCI, notamment celle d'Ille-et-Vilaine qui s'inquiète des conséquences du mouvement sur l'économie et sur l'emploi. Dans un courrier adressé il y a quelques jours à la nouvelle préfète, Michèle Kirry, Emmanuel Thaunier, président de la CCI 35 demande à l'Etat de garantir la libre circulation et l'accessibilité des zones économiques et commerciales.

« Nous sommes chaque jour alertés par des professionnels, industriels, commerçants et prestataires de service dont l'activité est directement impactée par ce mouvement qui se prolonge : problèmes de livraison, de retard et de désorganisation de leur fonctionnement au quotidien, défection de clientèle » écrit-il, soulignant qu'en cette période cruciale de Noël, « les pertes de chiffre d'affaires subies maintenant ne seront aucunement rattrapables demain. »

Dans le commerce, la trésorerie se dégrade inexorablement de jour en jour, relève aussi la CCI, qui sollicite  « un report généralisé des échéances de la CFE pour l'ensemble des entreprises » qui ne pourraient pas faire face à leurs échéances fiscales et sociales.

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Commentaire 1
à écrit le 03/12/2018 à 17:17
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Ils comprennent tous la colère mais veulent que tout redevienne comme avant sans rien donner. Hypocrites.

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