Campeurs français à la rescousse

SÉRIE D'ÉTÉ – Centre-Val de Loire (3/4). L’hôtellerie de plein air a pu en partie compenser la perte des touristes étrangers, rebutés par la crise sanitaire grâce à un accroissement sensible des demandes des Français. À condition de savoir réagir rapidement comme le font trois des acteurs phares de la région, le parc de Fierbois et le camping des Saules, en Indre-et-Loire, et les Bois du Bardelet dans le Loiret.
Le camping des Saules a réalisé 550 000 euros de recettes en 2019. Son approche écolo et sa taille réduite constituent un atout cet été.
Le camping des Saules a réalisé 550 000 euros de recettes en 2019. Son approche écolo et sa taille réduite constituent un atout cet été. (Crédits : Reuters)

Entre 50 et 70 % de fréquentation en juillet par rapport à une saison normale. Les chiffres ont agréablement surpris Laurent Cherrier et Béatrice Pigeon, respectivement propriétaires du camping des Saules, à Cheverny, et des Bois du Bardelet, à Poilly-lez-Gien. Régis de Lussac, exploitant du parc de Fierbois, situé dans le sud de la Touraine à Sainte-Catherine-de-Fierbois, constate, lui, des réservations inférieures de moitié par rapport à 2019. « Les pouvoirs publics nous avait prédit un report massif des voyages à l'étranger sur la France, or il ne s'est pas produit, regrette le président du Syndicat régional de l'hôtellerie de plein air du Centre-Val de Loire (SRHPA). Les campings de taille importante comme le nôtre souffrent le plus, même s'ils ne présentent aucun risque supplémentaire du fait du large espace réservé à chacun des 400 emplacements. »

Une déception toute relative puisque la Fédération nationale anticipait une baisse moyenne de 50 %. Ce sont les touristes anglais, néerlandais et allemands, les Européens les plus férus, qui font défaut, les uns en raison du Brexit, les autres par crainte de se rendre en France où le coronavirus continue de circuler. Leur défection est comblée en partie dans les trois campings par un regain de la clientèle française, avec une hausse moyenne de 25 %.

Soigner sa communication

« Nous avions anticipé dès le début du confinement mi-mars cette tendance probable dans la foulée des appels gouvernementaux à privilégier ses vacances dans l'Hexagone en 2020, se félicite Laurent Cherrier. Dans ce contexte, il a été décidé de mieux travailler le marché français via Facebook et Instagram notamment. Pour ce faire, nous nous sommes même adjoints les services d'une agence montpelliéraine de communication pour 25 000 euros par an. » En insistant sur son ADN d'établissement à taille humaine (164 emplacements sur huit hectares), ce travail de proximité a porté ses fruits. Le camping des Saules a ainsi accueilli des estivants venus de tout le quart nord-ouest de la France. Aux Bois du Bardelet, d'une superficie de 17 hectares, Béatrice Pigeon a modifié les mots-clés de référencement sur son site Internet en mettant l'accent sur les notions de proximité mais aussi de sécurité.

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Rassurer la clientèle dans le contexte actuel constitue un objectif prioritaire pour les exploitants de campings. Les Bois du Bardelet met ainsi en avant ses installations sanitaires privatives et un nettoyage accru des toilettes collectives. Le seul camping 5-étoiles du Loiret a aussi limité de moitié le nombre de transats disponibles sur ses 1000 mètres carrés de plage et annulé les tournois de sports collectifs. De même, la piscine intérieure n'est ouverte cette année que par intermittence. Les Saules ont retiré draps et couvertures de leurs chalets de location, et amplifié leur protocole de désinfection. « En tant que camping nature, bénéficiant du label Clef verte depuis 2003, nous n'organisons pas d'animations qu'il aurait fallu mettre en suspens, se félicite Laurent Cherrier. Notre modèle de tourisme durable avec mise à disposition de vélos et visites d'apiculteurs est devenu une force. »

Avenir financier aléatoire

À court terme, la crise sanitaire a aussi provoqué un net changement d'habitude chez les estivants des campings, à l'instar de l'hôtellerie classique. Les délais de réservation seraient ainsi passés de J-7 en moyenne les années antérieures à J-1 en 2020. « Les clients se décident au dernier moment car il y a trop d'incertitude, analyse Régis de Lussac. Ces délais raccourcis ont conduit l'ensemble des établissements de plein air à s'adapter en urgence pour pouvoir répondre aux demandes. Ceux qui n'ont pas su assouplir leur organisation classique ont vu leur baisse de fréquentation encore accrue. »

Cette dernière pénalise clairement l'exploitation économique des campings du Centre-Val de Loire. Béatrice Pigeon prévoit ainsi cette année une baisse de ses recettes (dont elle ne précise pas le montant) de 40 à 50 %. « Trois mois de saison sur cinq sont perdus, constate la propriétaire du camping de Poilly-lez-Gien. Ce manque à gagner entraînera inévitablement une réflexion à la rentrée en termes de personnel. Nous devrons baisser nos charges et nous nous donnons trois à cinq ans pour amortir la crise ». Régis de Lussac, dont le parc de Fierbois a réalisé 2,5 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2019, table sur une perte de 500 000 euros cette année. Il mettra en suspens plusieurs investissements prévus, à l'instar de Laurent Cherrier qui ne pourra pas moderniser son parc locatif de 17 chalets pendant cinq ans. Le manque de visibilité en 2021 vient indéniablement accroître un malaise bien présent, malgré le regain de la fréquentation française perçu comme un encouragement.

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