Les hôtels-restaurants remontent (lentement) la pente

Série d’été – Centre-Val de Loire (4/4). Depuis juillet, les clients sont de retour au relais château d’Artigny et à la brasserie L’Annexe de l’Aubrac, en Indre-et-Loire, ainsi qu’à l’hôtel-restaurant L’Auberge du cheval blanc, dans le Loir-et-Cher. En revanche, la rentrée reste incertaine pour les trois établissements.
L’Annexe, qui emploie 11 salariés et a réalisé 1 million d’euros de recettes en 2019, table sur un recul de 240 000 euros cette année.
L’Annexe, qui emploie 11 salariés et a réalisé 1 million d’euros de recettes en 2019, table sur un recul de 240 000 euros cette année. (Crédits : Reuters)

Avec une fréquentation de l'ordre de 85 % en juillet par rapport au même mois de 2019, le prestigieux château d'Artigny, situé à Montbazon, sauve les meubles. Cet hôtel 5-étoiles de 56 chambres, lieu prisé de mariages et de séminaires, tous annulés, a pu compenser une partie de la perte grâce à un surcroît de clientèle individuelle. Ce résultat satisfaisant est le fruit de l'opération « Dépayson-nous chez nous » mise en œuvre par Touraine Hôtels, dont le vice-président, Pascal Brault, dirige Artigny. Le groupement de 60 établissements de deux à cinq étoiles a lancé, dès juin, des promotions significatives incluant des baisses de prix de 30 à 40 % et des animations culturelles offertes. Objectif, drainer la clientèle hexagonale pour pallier la défection des étrangers.

Une situation contrastée

« Une quinzaine d'établissements a adhéré et reçoit notamment, en plus des clients locaux, des Parisiens habitués à séjourner en Normandie, se félicite Pascal Brault. Nous espérons qu'ils deviendront les ambassadeurs d'établissements du Val de Loire comme le nôtre, bien moins onéreux que les grands hôtels de bords de mer ». « Après un mois de juin terrible pour les hôtels, avec 5 à 10 % de fréquentation en moyenne, les mois suivants s'améliorent nettement, confirme Sabine Ferrand, présidente l'Union des métiers de l'industrie de l'hôtellerie (UMIH) en région Centre-Val de Loire. Reste que, si les établissements de luxe tirent leur épingle du jeu, la situation demeure contrastée entre les hôtels urbains moyenne gamme (une à trois étoiles)  qui atteignent un taux moyen de remplissage de 70 %, et les ruraux où la fréquentation a baissé de moitié. »

Situé à Selle-Saint-Denis en Sologne, l'Auberge du cheval blanc, détenu par Ludovic Poyau, a ainsi retrouvé la majorité de ses clients. C'est aussi le cas de la brasserie l'Annexe de L'Aubrac, installée au cœur de Tours sur la très fréquentée place Jean-Jaurès. Une situation géographique encore favorisée par la grande terrasse du restaurant. « Nous avons repris un rythme presque normal avec 90 % de fréquentation, note Sophie Dajet qui a repris l'établissement de 160 couverts avec son mari Patrick en 2016. C'est encourageant mais en aucune façon une garantie pour l'avenir. »

Lire aussi : Pour Philippe Etchebest, 40% des restaurants fermeront "si rien ne bouge"

Si le regain de clientèle de juillet pousse à l'optimisme les hôteliers-restaurants du Centre Val de Loire, l'avenir semble en revanche semé d'embûches. « Les changements d'habitude des salariés, poussés à déjeuner dans leur entreprise ou à domicile en raison du télétravail, pénalisent lourdement les restaurants, assure Sabine Ferrand. Le retour hypothétique de la clientèle professionnelle constitue une source importante d'inquiétude. » Ludovic Poyau a déjà son idée sur la question, côté hébergement. Son auberge solognote, qui compte une dizaine de chambres, n'a reçu aucune réservation d'affaires pour l'automne. Les délais de plus en plus courts des locations pourraient toutefois changer la donne, même si le restaurateur anticipe déjà une année blanche et une baisse significative (entre 40 et 50 %) de son chiffre d'affaires cette année (moins de 500 000 euros en 2019).

De nouvelles habitudes de consommation

S'il a fait une croix sur l'événementiel, notamment professionnel, le château d'Artigny peut toutefois se consoler avec des formats plus réduits. « Nous avons déjà plusieurs réunions de comités de direction restreints sur notre planning, se félicite Pascal Brault. Pour des questions de coûts et de conditions de distanciation sanitaire, les entreprises privilégient désormais ce modèle ». L'établissement haut de gamme prévoit par ce biais de limiter la baisse de ses recettes en 2020 à 30 % sur un chiffre d'affaires de 2,5 millions d'euros réalisé l'année dernière. Côté clientèle, qu'elle soit grand public ou d'affaires, l'un des principaux enseignements de la Covid-19 est bien d'avoir poussé le secteur des cafés-hôtels-restaurants (CHR) à s'adapter en urgence aux nouvelles habitudes de consommation.

Lire aussi : La nouvelle génération d'hôteliers impose ses nouveaux codes

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Commentaires 3
à écrit le 19/08/2020 à 9:38
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Le fait de ne pas avoir à porter ce p... de masque à leurs tables doit leur faire du bien.

à écrit le 18/08/2020 à 22:39
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L'auberge du cheval blanc c'est tentant. "la bonne auberge du cheval blanc un accueil frais et charmant, voici l'amour qui vous guette! La boustifaille ligérienne digne de Rabelais, rater ça un crime! Un brochet de louer' au beurre blanc et on fini...

à écrit le 18/08/2020 à 10:01
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Les hôtels 5 étoiles ne sont pas représentatifs de l'hôtellerie française. Encore un petit coup de restrictions, de confinement et ce sera toute la filière Hôtel/Restaurant en faillite. La filière, c'est tous les services extérieurs, alimentation, d...

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