Hauts-de-France : face à l'urgence de la rénovation énergétique, les projets se multiplient

170.000 des 575.000 logements sociaux que compte la région des Hauts-de-France sont considérés comme des « passoires thermiques ». Le conseil régional, dans le cadre d'un pacte productif durable, en lien avec l'Etat et le plan de relance, vient de lancer un appel à projets. Il existe déjà quelques projets innovants.
(Crédits : No Man’s Land)

Le calcul est vite fait. Si l'on considère le parc de logement dans son ensemble, les 10.000 à 12.000 rénovations par an ne seront jamais suffisantes pour atteindre les objectifs fixés par la loi. Il faudrait donc multiplier le rythme par six ! Si on ajoute les bâtiments scolaires comme le lycée, on mesure vite l'importance d'accélérer la cadence...

« Ce sera bon pour la planète, les emplois et le pouvoir d'achat et la qualité de vie », assure Frédéric Motte, président de la mission Rev3 (le mouvement de transition écologique régional) et par ailleurs conseiller régional en charge de la transformation économique à la Région Hauts-de-France.

Pour faire d'une pierre deux coups (rénover et créer des emplois), le conseil régional a donc lancé un appel à projets, dédié à l'industrialisation de la construction et la rénovation durable des logements.

Projets d'envergure

Plusieurs structures basées dans l'ex Nord-Pas-de-Calais Picardie sont déjà à l'œuvre dans des projets techniques innovants. Le concours national d'EnergieSprong (signifiant « saut énergétique » en néerlandais) avait déjà repéré des concepts nordistes ou picards permettant d'accélérer et de massifier les procédés de rénovation, sur la base d'une logique de préfabrication et d'industrialisation.

Parmi les coups de cœur et prix du concours qui ont totalisé 24 équipes pluridisciplinaires (architectes, bureaux d'études, designers, constructeurs, artisans, industriels...), on comptait quatre formations, ayant une attache en Hauts-de-France.

Parmi eux, Activ'Paille : Arnaud Delobel (Activ Paille, installée à Irancourt dans l'Aisne) et Laurence Bonnevie (No Man's Land un bureau d'architecte d'Ile-de-France) ont ainsi mis au point, avec le concours du bureau d'études lillois Solener, une isolation extérieure 100% paille de niveau passif.

 BIM et scan 3D

 « Nous utilisons la technologie de modélisation des informations du bâtiment (BIM) afin que les caissons de bois, remplis de paille, puissent rhabiller totalement une façade tout en intégrant tous les réseaux (ventilation double flux et chauffage, notamment) », détaille Laurence Bonnevie de No Man's Land. « L'objectif est d'intervenir le moins possible dans les logements rénovés : on arriverait ainsi à ne percer aucun mur. Le montage serait rapide car les éléments sont conçus à partir d'un scan 3D pour une intégration parfaite ».

Avec un autre projet sélectionné, baptisé Element'R, on entre à proprement parler dans l'industrialisation de la rénovation énergétique. Dans le groupement, sont rassemblées startups et grands groupes : le constructeur SPIE Batignolles Nord, l'agence d'architecture et d'urbanisme Blau installée à Mons-en-Baroeul près de Lille, l'ingénieur en environnement lillois Energelio et le constructeur d'ossatures métalliques belge flamand Build Up.

« Notre objectif est d'isoler la plus grande surface possible, avec un objectif zéro chute et un système adaptable à 100 % des bâtiments », résume Marie Blanckaert de chez Blau. « Grâce à une analyse par scan 3D et une maquette BIM, le calcul de la configuration permet d'assembler les caissons, afin d'éditer un bon de commande numérique ».

L'assemblage s'effectue en usine et sur place. Les équipes sont ainsi en mesure d'installer 200m2 par jour, dans le respect du patrimoine et des objectifs thermiques. Tout en laissant un large choix de matériaux et de finition, intégrant les ressources locales !

 Trois brevets pour une solution

Pour le lauréat MDC, acronyme de Manteau Dynamique Climatique, on atteint du très haut niveau de technicité : le groupement propose une isolation de façade, combinant trois brevets. Il allie des fenêtres récupérant une partie des déperditions thermiques qu'elle engendre, un mur en ossature bois et paille pré-fabriqué en usine (Activ'Home, siégeant dans l'Allier, qui est justement actionnaire du projet Activ'Paille à Nesle en Picardie) et des panneaux photovoltaïques Systovi (Loire-Atlantique).

« Ensemble, ces innovations permettent de transformer une passoire thermique vers un bâtiment à énergie positive », résume Erik Rigaudie d'Activ Home. L'ancrage régional tient ici à l'implication du cabinet d'architecte Jean-Luc Collet, situé à Valenciennes.

Autre projet lauréat du concours EnergieSprong : un projet centré, non sur le bâtiment mais sur les utilisateurs, baptisé Social Hall. Il regroupe les Lillois d'Intent Technologies (développement informatique) et Sogetrel (télécommunications) avec le cabinet parisien Social Hall. Le groupement a conçu avec le bailleur social Pas-de-Calais Habitat (qui compte près de 28.000 logements collectifs) une solution qui associe une plateforme digitale à un bouquet de services.

De locataires à co-concepteurs

« Dans des lieux de passage stratégiques, un écran digital va permettre par exemple de coordonner les interventions des entreprises, superviser les pannes et les consommations énergétiques », explique Vincent Treuil d'Intent Technologies. Les informations sont ainsi collectées et publiées en temps réel, avec pour objectif d'accompagner l'optimisation sur le temps long.

« Nous allons également proposer des solutions de dernier kilomètre social pour le service à la personne, avec des aides pas forcément connues des locataires. Le bailleur met en place tout un travail de sensibilisation des locataires autour de ces écrans », précise Christophe Lamm, CEO de SocialHall.

Les habitants passent ainsi du statut de locataires-consommateurs de services à celui de contributeurs dans la gestion de leurs consommations d'énergie aussi co-concepteurs voire même co-producteurs de nouvelles offres de services dans leurs résidences.

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Commentaire 1
à écrit le 28/01/2022 à 9:11
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du bon pognon public finance par la dette reenchantee de l'argent gratuit prete par la BCE ' non remboursable'..........au moins le monsieur est honnete, tout le monde a compris que ' travaux ecolos obligatoires', c'est bon pour l'emploi a defaut de ...

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