Live Tree à Lille, un campus durable et innovant

SPÉCIAL MIPIM. Avec ses 30.000 étudiants, l'université catholique est une sorte de ville dans la ville, implantée en plein cœur du quartier Vauban à Lille. Le projet Live Tree souhaite depuis 2014 transformer le campus en un laboratoire de la transition énergétique.
Isolation par l'extérieur, pare-soleil en terre cuite, gestion technique du bâtiment... pour le Rizomm, tout a été pensé dans le but de réduire les consommations d'énergies.
Isolation par l'extérieur, pare-soleil en terre cuite, gestion technique du bâtiment... pour le Rizomm, tout a été pensé dans le but de réduire les consommations d'énergies. (Crédits : MAES Architectes urbanistes)

Avec sa façade surprenante, en terre cuite à reflets métalliques, le Rizomm attire les regards. Le bâtiment détonne d'autant plus qu'il est entouré d'édifices de style gothique... Situé 41, rue du Port à Lille, c'est la première construction « démonstratrice » du projet Live Tree, en réponse de l'université au vaste mouvement autour de la 3e révolution industrielle dans les Hauts-de-France. Isolation par l'extérieur, installation de brise-soleil en terre cuite, relevés et analyses des consommations, gestion technique du bâtiment, LED, ventilation mais aussi centrale voltaïque : tout a été pensé pour diviser les consommations d'énergies et ainsi éviter le rejet de tonnes de CO2 dans l'atmosphère.

D'autres bâtiments démonstrateurs vont suivre pour atteindre l'objectif zéro carbone de l'université. Et notamment l'Usine du futur au sein de la grande école d'ingénieurs HEI. L'idée est non seulement d'être autonome en énergie mais aussi de redistribuer l'excédent dans les bâtisses alentour, en plus de proposer des bornes de recharges électriques.

Mobilité verte et jardins intérieurs

Sauf que ces expérimentations doivent aujourd'hui faire face à un casse-tête juridique, notamment vis-à-vis de la réglementation concernant le réseau. Benoît Robyns, vice-président transition énergétique et sociétale, chargé du programme Live Tree, reste confiant : la nouvelle loi Pacte (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises) apporte un nouveau droit à l'expérimentation simplifiée, plus uniquement réservée aux seules collectivités. Live Tree pourrait d'ailleurs obtenir des dérogations dès cet été.

« C'est l'un des aspects innovants du projet : raisonner à l'échelle d'un bout de quartier, en plein cœur de ville », explique Benoît Robyns.

Du coup, la mobilité verte prend tout son sens dans le projet Live Tree. Par exemple, l'Icam s'est dotée pour sa dernière rentrée d'une plateforme d'éco-mobilité, avec des bornes de recharge pour véhicules électriques, et d'une dizaine de vélos à assistance électrique, accessibles aux étudiants et aux collaborateurs de l'école.

À travers Live Tree, la nature est ramenée dans la ville : dans le hall d'entrée, de 150 m2, de l'Isen, c'est un véritable sous-bois qui a envahi les murs, avec plantes d'intérieurs diverses ainsi que mobilier durable et modulable.

« Dans un contexte assez minéral, il s'agit de récréer des îlots de fraîcheur, qui peuvent servir à la gestion des eaux pluviale, à la gestion de la qualité de l'air et à créer des espaces de rencontres », souligne Franck Chauvin, responsable RSE Yncréa Hauts-de-France, fédérant les écoles d'ingénieurs HEI, ISA et Isen.

Dans le monument historique du Palais Rameau, bijou de style romano-byzantin trônant boulevard Vauban, l'Yncréa va créer le premier démonstrateur européen d'agriculture urbaine... Même l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul va intégrer un mur végétalisé dans son service d'urgences !

« L'objectif de Live Tree est aussi et surtout de faire de l'innovation croisée entre nos écoles sur le smart building, le numérique de la data, les matériaux agro-sourcés, etc. », précise Franck Chauvin.

« L'interdisciplinarité entre les sciences humaines et de l'ingénieur, le juridique, l'économique, l'éthique, etc. est un autre aspect absolument nécessaire pour réaliser cette transition énergétique », complète Benoît Robyns. Pour cela, deux chaires de recherche se sont mises en place.

L'approche n'est pas seulement technique, elle est également sociale. « Nous avons la volonté d'intégrer les usagers des bâtiments, de les prendre en compte en les impliquant, notamment, par exemple, à travers les applis sur smartphone qui permettent à chacun d'interagir avec le pilotage global », souligne Benoît Robyns. Dans le Rizomm, les usagers peuvent avoir le contrôle sur les consommations d'énergie en régulant la température, l'intensité lumineuse, les stores, etc.

Des projets d'initiative étudiante

Les usagers du campus, à savoir les étudiants, sont placés au cœur de cette transformation : des dizaines de projets sont impulsés par les étudiants eux-mêmes. Comme le Green Challenge, qui a disséminé des poubelles de tri, des fontaines à eau, des collecteurs de mégots sur le campus, et qui organise aussi des défis hebdomadaires de tri. Et ce n'est qu'une initiative parmi d'autres projets de zéro déchet, de « Repair café » mensuel, pour réparer des objets cassés ou abîmés, ou de ressourcerie pilotée pour « faire passer » ses meubles entre promotions.

« Le sujet de l'acceptabilité du projet par les étudiants n'est pas simple : ils pensent à juste titre qu'il est normal que l'université se lance dans ce genre de projet mais ils ne viennent pas pour autant s'intégrer dans nos projets », constate le vice-président transition énergétique et sociétale. « Même si les initiatives se développent au fil des promotions, c'est l'un des aspects sur lesquels nous devons nous améliorer. C'est à nous de trouver le moyen à la fois de les intégrer et de soutenir leurs initiatives. »

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