Parrot, toujours drogué à l'innovation et content de l'être

Parrot innove tous azimuts. La société parisienne, leader européen des kits mains libres, veut s'imposer dans les deux ou trois années dans l'équipement automobile connecté. Dans le même temps, elle continue son offensive sur le marché de l'acoustique et sort le premier casque numérique mains libres, petit bijou technique.
Henri Seydoux et son casque. DR

Henri Seydoux est l'étonnant patron d'une étonnante entreprise. Un «cerveau fou» dit de lui le designer Philippe Stark. Peut être, mais pas sûr. Le fondateur de Parrot est effectivement un intuitif, un inventeur. Il n'est pas vraiment un communicant, ni un orateur hors pair. Du coup, sa stratégie a pu apparaitre incohérente : quel rapport entre un drone équipé d'une caméra piloté par un smartphone, les systèmes mains libres pour les voitures, les enceintes Zikmu ou dans les prochains jours les casques numériques? En fait pour Henri Seydoux, tout est limpide : «Parrot fait des objets qui fonctionnent avec les téléphones. Notre stratégie est de créer des objets novateurs qui marchent avec tous les téléphones. D'ailleurs on achète constamment tous les téléphones pour être sûr que ça marche ». Parrot invente donc des produits grand public et Henri Seydoux «ne s'interdit rien car l'électronique ne cesse d'évoluer. Nous sommes les spécialistes de la reconnaissance vocale et nous connaissons parfaitement le monde des capteurs qui progresse sans cesse. Les capteurs, plus on les utilise, plus on en met dans les objets, plus on connait les usages».
 
« On est lent, mais on ne veut pas se tromper »

 
Dans le dernier objet de Parrot, le casque numérique Zik totalement main libre et sans fil, il y a ainsi 8 capteurs. Comme pour l'enceinte Zikmu, c'est trois ans de travail, de recherche et des millions d'algorithmes. Résultat : Parrot a élaboré des capteurs capables de recréer la réverbération d'une salle, le son dans un club de jazz comme dans un concert en plein air, de donner l'impression d'être face à la scène. Il y a aussi des capteurs capables de supprimer le bruit du métro, les nuisances sonores d'un voyage, ou un capteur pour supprimer la musique elle-même dès que l'on pose le casque. Henri Seydoux ne le dit pas franchement, mais le casque Parrot c'est de l'intelligence pure et l'objet en lui-même coûte trois fois rien à produire. En revanche les 3 ans de travail des chercheurs de l'entreprise, valent une fortune. «C'est vrai que l'on est plus lent que tout le monde, confirme Henri Seydoux. On passe notre temps à essayer de ne pas nous tromper, et on se trompe souvent. Alors on cherche car nous avons l'obligation de tomber juste. Nos produits doivent avoir de la longévité notre casque il est comme une  2CV ». Et Philippe Starck rajoute que « ce casque n'a pas de style, il doit simplement rendre le meilleur service possible ».
 
L'équipement automobile connecté vecteur de la croissance
 
Nul ne sait si Parrot avec son casque et ses enceintes gagnera une place majeure sur ce marché, mais Henri Seydoux veut sortir des innovations le plus fréquemment possible. Son principal pari de 2013, c'est l'automobile, avec une attaque frontale contre les leaders de l'autoradio et du GPS. C'est la bataille de l'équipement automobile dans laquelle Parrot travaille avec les constructeurs et équipe 14% des voitures vendues dans le monde (VW, Ford, Toyota). Parrot propose déjà un système compatible avec tous les smartphones Android commandé à la voix (Asteroid). A l'automne il proposera des systèmes d'aide à la conduite, de GPS, de musique etc... compatibles avec tous les smartphones. Là Parrot a pris quelques longueurs d'avance. Vital car le marché est monstrueux et, même si sa montée est lente et les marges moins évidentes que dans les autres secteurs d'activité, il se chiffre en dizaines de milliards de dollars pour les deux ou trois prochaines années. Parrot est encore petit (250 millions d'euros face aux 2,6 milliards d'Harman Becker ou les 2,1 milliards de Garmin), mais sa force d'innovation est étonnante.
 
Un rêveur qui s'est donné les moyens de rêver

 

La stratégie d'Henri Seydoux est de « taper juste », peu importe le coût de la recherche, peu importe le temps passé. C'est un rêveur qui a aujourd'hui les moyens de rêver. Son entreprise est à son image : en plein milieu du Boboland parisien, quai de Jemmapes, 150 chercheurs travaillent dans les anciens (et hideux !) locaux de la Direction départementale du travail. Une ruche de 350 chercheurs qui cherchent parfois sur de simples intuitions et qui n'ont comme seule contrainte que de déposer des brevets (Parrot en a 70). La RD ( 14% du CA de Parrot) est vitale. Plus elle est forte, plus bas seront les coûts de production (essentiellement en Chine à Shenzhen. Jamais Henri Seydoux ne donnera le coût de fabrication d'un casque, mais il peut laisser échapper que c'est « presque rien ». L'homme est secret. Et même quand il décide d'ouvrir le premier magasin Parrot au monde (et ce sera vraisemblablement le seul), on ne peut même pas lui soutirer la date d'ouverture. Donc ce sera rue du 4 Septembre, à côté de l'Opéra, le magasin fait 59m2 et sera ouvert en juillet.
 

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