La ville de Paris mise en cause dans l'explosion de la rue de Trévise

Près d'un an après l'explosion accidentelle qui a fait quatre morts et 66 blessés rue de Trévise à Paris, un rapport d'expertise provisoire met en cause les "manquements" de la ville de Paris et d'une entreprise de travaux publics.
Une violente explosion survenue rue de Trévise, dans le IXème arrondissement de Paris, avait fait quatre morts et 66 blessés. Neuf immeubles de ce quartier proche des Grands Boulevards avait été jugés inhabitables.
Une violente explosion survenue rue de Trévise, dans le IXème arrondissement de Paris, avait fait quatre morts et 66 blessés. Neuf immeubles de ce quartier proche des Grands Boulevards avait été jugés inhabitables. (Crédits : Reuters)

La ville de Paris est directement mise en cause dans l'explosion accidentelle qui a fait quatre morts et 66 blessés rue de Trévise à Paris le samedi 12 janvier, rapporte un document d'expertise provisoire. Dans ce dernier, rendu aux magistrats du pôle accidents collectifs le 18 décembre, les experts ont conclu que l'explosion avait été provoquée par "une accumulation de gaz naturel du réseau GRDF, consécutive à la rupture d'une canalisation de gaz", a indiqué lundi le procureur de Paris, Rémy Heitz, dans un communiqué. Cette rupture a eu elle-même pour "cause principale un affaissement du sol sous le trottoir devant le porche de l'immeuble situé 6 rue de Trévise", a-t-il précisé.

Or, "si la cause de l'affaissement du trottoir avait été recherchée et si sa réfection avait été correctement réalisée, cette explosion aurait pu être évitée", ont estimé les experts, dédouanant à ce stade GRDF mais pointant les "manquements" du service de la voirie de la ville de Paris et d'une entreprise de travaux publics qu'il avait mandatée. Les équipes de la ville de Paris et cette entreprise - dont le nom n'est pas cité par le procureur - étaient intervenues à tour de rôle fin 2016 pour régler le problème mais avaient "considéré que l'affaissement du trottoir devant la porte cochère de l'immeuble était un petit affaissement et l'ont traité en tant que tel".

"N'ayant pas cherché à en connaître la cause, ils n'ont procédé qu'à des travaux de surface pour rétablir l'horizontalité du trottoir alors que des travaux en profondeur s'imposaient et que l'entreprise avait connaissance d'une canalisation de gaz sous le trottoir à cet emplacement", ont constaté les experts.

"Manque de réactivité" du syndic

Les experts ont aussi pointé "un manque de réactivité" du syndic de copropriété de l'immeuble ayant "pu contribuer à la survenance du sinistre". Car l'affaissement du trottoir s'explique "par un écoulement d'eau du fait de la défectuosité d'un collecteur d'eaux usées installé au sous-sol de l'immeuble, constatée par le syndic à la fin de l'année 2015". Or les travaux de réfection du collecteur ont pris du retard et ne sont intervenus qu'en "septembre 2017".

Lire aussi : Explosion rue de Trévise : les assureurs annoncent des mesures exceptionnelles

En revanche, les experts n'ont formulé "aucune remarque" sur les installations de gaz GRDF quant au respect des dispositions réglementaires en vigueur au moment des faits, a souligné Rémy Heitz. Contacté par l'AFP, le gestionnaire du réseau de distribution du gaz s'est refusé à tout commentaire. De même, les experts ont estimé que les sapeurs-pompiers avaient "conduit leurs opérations conformément aux modalités techniques d'intervention prévues au moment des faits""C'est un soulagement parce que nous attendions ces premières conclusions depuis un certain temps", a déclaré Dominique Paris, présidente de l'association Trévise-Ensemble qui réunit des sinistrés de l'explosion qui a fait quatre morts, dont deux pompiers, et quelque 400 sinistrés. Un peu plus d'un mois plus tard, les juges d'instruction chargés d'une enquête pour homicides et blessures involontaires avaient mandaté un collège de quatre experts pour déterminer les causes du sinistre et les éventuelles fautes commises.

. "C'est une étape importante de franchie, avec des premières responsabilités qui ont été établies. Nous en prenons acte".

"Ce qui est très important, c'est que la ville de Paris puisse assumer ses responsabilités vis-à-vis des victimes", a de son côté réagi auprès de l'AFP Me Olivier Morice, conseil de cinq parties civiles, estimant qu'elle devait prendre "de toute urgence" des "mesures de relogement et d'indemnisation".

Alors que les parties ont un mois pour présenter leurs observations sur ce rapport, l'avocat a indiqué qu'il demanderait des "explications complémentaires", notamment de la part de GRDF, se disant "pas convaincu des premières conclusions à son égard".

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Commentaires 6
à écrit le 31/12/2019 à 11:01
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Politiciens et BTP une histoire d'amour qui nous coûte chère.

à écrit le 31/12/2019 à 8:15
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c'est marrant, mais vu la couleur politique de la maire, on n'entend absolument personne s'indigner de l'argent roi capitaliste responsable de morts d'autrui, de baisses de dotations de services publics responsables de morts et de desarroi y a aucun...

à écrit le 31/12/2019 à 8:00
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Ca tombe à quelques semaines des municipales... curieuse coïncidence. Non pas qu’Hidalgo soit très performante côté mairie mais ça tombe à point nommé pour LREM. Espérons que Paris saura voter son indépendance & sa liberté.

le 31/12/2019 à 11:49
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C'est vrai que la Mairie de Paris devrait interdire les explosions de gaz avant une élection. Comme elle a interdit à tous les cars Macron (flexibus, Ouibus...)de traverser Paris pour prendre des clients; mais ça c' est plus facile et ça affiche une ...

à écrit le 31/12/2019 à 3:27
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l'incurie de cette mairie est abyssale. Chacun se renvoie la responsabilite. Quant au syndic, il n'est bon qu'a encaisser la monnaie. Ce pays va a la deroute, il s;agit de sa capitale !

à écrit le 30/12/2019 à 23:43
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Une dette qui explose, les attentats de 2015, l'incendie de Notre-Dame, le fiasco du Velib et d'Autolib... Quel souvenir le plus terrible va-t-on garder d'Hidalgo ? Faites votre choix. Son bilan est terrible

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