Le Grand Paris Express, exemple de relance par l'investissement public

Le futur métro du Grand Paris, le Grand Paris Express, est un projet d'aménagement qui pourrait faire gagner des points de croissance à la France. Preuve que la stimulation de l'activité économique par l'investissement public est encore loin d'être une notion dépassée.
Mathias Thépot

Qui a dit que la puissance publique ne pouvait plus soutenir la croissance ? À une période où il est question de la pérennisation de faibles taux de la croissance, certaines initiatives publiques montrent qu'il est encore possible de stimuler le produit intérieur brut (PIB). L'un des plus grands projets d'investissement en France, celui du Grand Paris Express, pourrait en effet dynamiser substantiellement le PIB francilien, et donc le PIB français.

Lancé le 4 juin dernier, à Clamart, où passera la nouvelle ligne 15 du métro, le chantier du Grand Paris Express est surnommé le « chantier du siècle ». Il faut dire que ce projet représente entre 25 et 30 milliards d'euros d'investissement, et devrait concrètement faire doubler la taille du métro parisien sur le périmètre de l'agglomération capitale à horizon 2030, notamment grâce à la création de 68 nouvelles gares. Pour se préparer à cette échéance, des études environnementales, techniques et socio-économiques ont été menées depuis 2011 avec les élus locaux concernés. Suffisant pour annoncer le lancement de ce projet de mobilité structurant pour le Grand Paris, et fondamental pour que l'agglomération capitale puisse à l'avenir faire face à la concurrence féroce des métropoles internationales.

Le PIB francilien en hausse de 60 à 100 milliards d'euros

Piloté par la société du Grand Paris (SGP), un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), le Grand Paris Express devrait a minima générer 60 milliards d'euros de PIB supplémentaires à long terme pour la région Île-de-France, voire plus de 100 milliards d'euros selon des hypothèses plus optimistes, indique le président de la SGP Philippe Yvin. De quoi augmenter à terme le PIB francilien de 10 à 15 points, et le PIB national de 3 à 5 points. Un projet public de première importance, donc. Par ailleurs, lors de la phase de conception du Grand Paris Express, 15.000 emplois seront mobilisés, dont les deux tiers dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics, et un tiers dans la réalisation du réseau.

Un financement par taxes, redevances et prêt

Pour financer ce projet, la société du Grand Paris s'appuiera sur des ressources propres provenant de la fiscalité. En effet, elle perçoit une partie des recettes de trois taxes franciliennes, pour un total de 500 millions d'euros par an : la taxe sur les surfaces de bureaux, locaux commerciaux, stockage et stationnement ; la taxe spéciale d'équipement (TSE) « Grand Paris », à laquelle les Franciliens contribuent ; et l'imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER). Une fois ce réseau mis en service, la SGP percevra également des redevances, soit environ 200 millions d'euros par an. L'EPIC aura aussi massivement recours à la dette pour investir tous ces milliards. Bras armé financier de l'État, la Caisse des Dépôts prévoit déjà une enveloppe de 4 milliards d'euros pour le Grand Paris, dont un milliard d'euros a déjà été débloqué. La SGP a également signé un contrat de prêt avec la Banque européenne d'investissement (BEI) d'un autre milliard. Ainsi, pour construire les nouvelles lignes de métro, dès cette année, « la société du Grand Paris va dépenser 1,4 milliard d'euros ; et la RATP et la SNCF, 2 milliards d'euros », indique le préfet de Paris et de la région Île-de-France Jean-François Carenco.

L'émergence des nouvelles gares du Grand Paris devrait, du reste, mécaniquement permettre de créer de la richesse. De nouveaux lieux de vie devraient en effet émerger - près de 5 000 logements neufs autour des gares sont attendus -, ce qui induit le développement d'activités de proximité. Des effets multiplicateurs sur la productivité dans la métropole sont aussi à attendre. D'après la SGP, qui cite des économistes, « la productivité des entreprises tend à augmenter avec la densification de l'emploi », et plus encore dans « le secteur des services et les activités innovantes ». Par ailleurs, les infrastructures de transport ferroviaire génèrent habituellement davantage d'activité.

Par exemple, « le RER parisien a un pouvoir d'attraction sur les entreprises (...) La construction d'une gare entraîne un surcroît d'activité de 4% à 9% », indique aussi la SGP.

Une contribution déjà acquise du secteur privé

Et le secteur privé dans tout cela ? S'il bénéficiera des effets de richesse incontestables de la dynamique créée autour d'un tel réseau, il pourrait aussi participer au financement d'une partie des gares du Grand Paris Express, au-delà des taxes dont il s'acquitte déjà. Il est par exemple déjà prévu qu'Aéroport de Paris (ADP) finance intégralement la nouvelle gare du terminal 4 de l'aéroport Charles-de-Gaulle.

Par ailleurs, Auchan, qui porte le projet EuropaCity sur le triangle de Gonesse, dans le Val d'Oise (95), pourrait financer environ 20% de la nouvelle gare de la ligne 17 qui s'établira à proximité du site. À l'avenir, la SGP pourrait ainsi demander à d'autres structures privées de participer au financement des gares, toujours dans le cas où une part substantielle, si ce n'est totale, de leur activité dépendrait de l'arrivée d'une nouvelle ligne de métro à proximité.

Mathias Thépot

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 04/07/2016 à 14:50
Signaler
Cet article prend pour argent comptant la propagande et les évaluations socio-économiques farfelues de la SGP. Il faudrait y jeter un œil plus critique après avoir lu les rapports circonstanciés du Cercle des Transports (http://bit.ly/1QIVNbg, http:/...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.