Le Havre, un second tour sous haute surveillance pour Edouard Philippe

MUNICIPALES 2020. Les radars médiatiques seront largement dirigés vers la première sous-préfecture de France, ce dimanche. Le Premier ministre, qui a viré en tête au premier tour, y affronte un adversaire coriace en la personne du député communiste Jean-Paul Lecoq. Bien qu’un sondage le donne gagnant de trois points, le scrutin n’aura rien d’une promenade de santé pour Edouard Philippe. Sur le plan économique, la question du chômage, endémique au Havre, a sous tendu les débats alors que le port tangue sous l’effet de la crise.
(Crédits : POOL)

Le va et vient des pelleteuses résonne sur le quai Joannès Couvert qui abritait jusqu'il y a peu l'ancienne gare maritime en voie de démolition. Le monument historique, symbole de l'âge d'or du Havre, va laisser la place à l'usine d'assemblage d'éoliennes marines du turbinier Siemens Gamesa dont la construction vient de débuter. Voilà dix ans que la Porte Océane attendait cette installation censée matérialiser sa transition vers le monde de demain. A la clef, la création de 750 emplois directs : une bouffée d'oxygène comme la cité ouvrière n'en avait pas connu depuis longtemps.

Les milieux économiques havrais en savent gré à Edouard Philippe qui a beaucoup bataillé, y compris à Bercy, pour que ce projet industriel se concrétise... quitte à consentir, la mort dans l'âme, à la fermeture de la centrale à charbon d'EDF. Pendant la campagne, il n'a cessé de le brandir comme on brandit un symbole « porteur d'espoirs » ce qui n'est pas faux du reste.

Tout laisse à penser, en effet, que LH -comme on la nomme ici- est appelée à devenir l'épicentre français de cette filière COPcompatible. Laquelle pourrait d'ailleurs permettre à la liste du chef du gouvernement, privé de réserve de voix, de glaner une partie des suffrages des Verts, arrivés en troisième position (avec un peu plus de 8 %) et à qui Jean Paul Lecoq a bizarrement refusé une alliance.

Un feu au vert, des clignotants à l'orange

Difficile pourtant de penser que les moulins à vent marins permettront d'endiguer le chômage durablement enkysté au dessus de la barre des 10 % dans le bassin d'emploi. Car pendant qu'un feu passe au vert, d'autres clignotent à l'orange. Fournisseur d'Airbus, Safran Nacelles, devenu l'un des principaux employeurs privés de l'agglomération avec l'usine Renault Sandouville, devrait traverser une zone de turbulences comme tout le secteur aéronautique.

Sur la mer, le port, poumon économique de la pointe de Caux, a du vague à l'âme doublement plombé par les grèves contre la réforme des retraites et la Covid au point que la communauté portuaire alerte sur un risque de rétrogradation de la place havraise, à qui Anvers taille des croupières. Le Premier ministre a beau rappeler que plus d'un demi milliard d'euros d'argent public doit pleuvoir sur les terminaux à brève échéance, son challenger a beau jeu de répliquer que « les investissements ont trop tardé » et que « La France a longtemps négligé ses grands ports ». Façon de replacer le débat sur le terrain national là où Edouard Philippe, élu local, s'applique à faire oublier Philippe Edouard, locataire de Matignon sans toujours convaincre ceux qui, comme son adversaire, lui reprochent « un double Je ».

Effet vitrine

Pour autant, même dans l'opposition, on reconnaît à l'ancien maire - il l'est resté sept ans - d'avoir poursuivi la grande œuvre de son prédécesseur Antoine Rufenacht (LR) pour réhabiliter l'image du Havre, aujourd'hui délestée de son surnom de Stalingrad sur Seine, souvenir de son passé de « première ville communiste de France ». Les relations entre le mentor et son poulain se sont distendues (le premier est allé jusqu'à inviter le second à se présenter face à Anne Hidalgo) mais la majorité municipale n'a pas dévié, transformant radicalement le centre ville grâce au tramway et à la création d'un campus universitaire.

En misant sur la culture, le Premier ministre s'est aussi attiré les bonnes grâces d'une partie de la gauche. Parmi les succès à porter à son crédit, la création d'une scène de musiques actuelles inventive dans le fort de Tourneville et le festival du 500ème anniversaire de la fondation de la ville par François 1er. Impulsé par Rufenacht et mis en musique par Philippe avec l'aide de l'éveilleur de nuit nantais Jean Blaise, l'événement a été une réussite prolongée chaque été par des versions plus light. Il a redonné une forme de fierté à la cité portuaire et lui a permis de surgir dans les radars des professionnels du tourisme.  Mais au risque de laisser en marge certains quartiers populaires de la périphérie, précisément là où appuient les tenants de la liste adverse pour qui la frange la plus fragile de la population a été oubliée.

Dans une interview au quotidien Paris Normandie, Jean-Paul Lecoq tacle « Le Havre n'est pas qu'une vitrine et encore moins un tremplin ». Les électeurs trancheront... s'ils consentent à se déplacer.

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Commentaires 5
à écrit le 27/06/2020 à 8:41
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retour en 2018 ou ce personnage laissez entendre qu'il visait la mairie de paris et c'est dégonflé envoyant des candidats sans possibilité d'être élus alors ce n'est pas un ambitieux comme vous dites mais bien un lâche quand il faut prendre de v...

à écrit le 26/06/2020 à 18:36
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C'est lui qui l'a dit: il veut 80% de votes favorables! lo! Je pense que Macron pour sauver son pote devrait interdire à tout possesseur d'un permis de conduire de voter, non mais! Que voulez-vous, j'adore la démocratie moderne, Turquie, Corée du n...

à écrit le 26/06/2020 à 13:52
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Ce que Edouard PHILIPPE nous laisse comme souvenir, son désordre et sa violence. Personne ne peut souhaiter au Havre d'avoir comme Maire, cet ancien d'Areva en faillite, ancien UMP défroqué pour un poste de gloriole.

à écrit le 26/06/2020 à 10:31
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3 morts, 28 yeux crevés, 5 mains arrachées, à quand un tribunal pour ce grand responsable ?

à écrit le 26/06/2020 à 9:16
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Et pourtant c'est pas une ville plébiscitée par les politiciens qu'il convoite en tant que premier ministre, il y a 20 ans pour cette fonction cela aurait été une véritable partie de plaisir pour se faire élire mais le discrédit de nos politiciens na...

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