Eolien offshore  : les élus normands lancent une bouteille à la mer

Surtout ne plus procrastiner, est leur message. Relayant l’inquiétude des industriels, une quinzaine d’élus normands, Herve Morin et Edouard Philippe en tête, pressent Barbara Pompili de donner sans tarder le top départ à un cinquième parc éolien en Manche Est alors même que le débat public sur le quatrième vient de se refermer. Il en va de l’avenir de la filière, préviennent-ils.
Bien que l'horizon se dégage, les acteurs de la filière restent sur leur faim. Pour eux, la France ne va ni assez vite, ni assez fort pour espérer saturer durablement les sites industriels présents ou futurs.
Bien que l'horizon se dégage, les acteurs de la filière restent sur leur faim. Pour eux, la France ne va ni assez vite, ni assez fort pour espérer saturer durablement les sites industriels présents ou futurs. (Crédits : Siemens Gamesa)

Après plus de douze ans de stop and go, le décollage est proche. D'ici quelques mois, les premières éoliennes marines sortiront des flots au large de Saint Nazaire, marquant les débuts de l'Hexagone dans l'une des spécialités reine de la transition énergétique. Sonnez tambours, résonnez trompettes ? Pas tout à fait.  Bien que l'horizon se dégage, les acteurs de la filière restent sur leur faim. Pour eux, la France ne va ni assez vite, ni assez fort pour espérer saturer durablement les sites industriels présents ou futurs.

La PPE (programmation pluriannuelle de l'énergie ndlr) fixe un objectif maximum de 6,2 GW quand l'Allemagne table sur 30 GW en 2030 et ne parlons même pas du Royaume Uni qui double la mise. On va voir fleurir des usines partout en Europe » s'agace un industriel sous couvert d'anonymat.

 Fin octobre, lors d'une visite au Havre à l'occasion d'une journée d'affaires consacrée à l'éolien offshore, le PDG d'EDF lui même n'avait pas caché son impatience. "Commençons par voir grand et ne mégotons pas !" avait tonné Jean Bernard Levy devant le préfet,  appelant l'Etat à donner son feu vert dès que possible à la construction d'un quatrième parc aux larges des cotes normandes. " Le plus tôt sera le mieux". Le propos n'est pas tombé dans l'oreille de sourds dans une région où près de 400 moulins moulins à vent marins doivent « sortir de mer », promettant de créer des milliers d'emplois.

Deux parcs valent mieux qu'un

Un mois plus tard, c'est donc au tour des principaux élus normands, emmenés par le président de Région et l'ancien premier ministre, de donner de la voix. Dans un courrier envoyé à la ministre de la transition écologique, ils pressent, eux aussi, Barbara Pompili de lancer au plus vite la procédure de mise en concurrence qui doit précéder l'appel d'offre dudit parc. Mais les signataires vont plus loin en suggérant que l'ancienne députée verte saisisse « instamment la CNDP pour le lancement d'un autre parc d'1GW en Normandie ». Un doublé serait source d'économies, argumentent-ils. « Les deux projets pourraient faire l'objet d'une et seule même procédure et mutualiser ainsi les ressources mobilisées par l'Etat, y compris le raccordement ».

Pour appuyer leur demande, les intéressé(e)s font valoir que cette accélération permettrait de tirer parti de la concertation qui vient de s'achever, mais aussi de rattraper le retard pris sur le calendrier de la PPE, plombé par la crise sanitaire. Lequel calendrier prévoit effectivement l'attribution d'un parc en 2023 sans qu'aucune indication géographique ne soit précisée.

Hervé Morin enfonce le clou de vive voix. Pour lui aucun doute, la perspective d'un cinquième parc sécuriserait les projets industriels. « Aujourd'hui, un site comme celui du fabricant de pales LM Wind à Cherbourg vit  grâce aux marchés étrangers. Mais qu'adviendra t-il demain ? ». Gageons que les dirigeants de Siemens Gamesa, qui construit au Havre une usine d'assemblage de pales et de nacelles, partagent l'analyse. Pour autant, rien ne permet de penser, à ce stade, que le gouvernement la fera sienne.

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Commentaires 4
à écrit le 29/11/2020 à 20:52
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Heureusement que pour certains sujets, c'est l'Europe qui décide car à écouter les avis de certains nationaux, la France en serait encore au stade du charbon et de la lampe à huile.

à écrit le 28/11/2020 à 10:40
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En l'état actuel l'éolien ça ne marche pas, c'est uniquement un argument pour doper l'emploi. Actuellement les quelque 8000 éoliennes françaises produisent environ 7% de l'électricité consommée et encore de façon intermittente. Poursuivre vers les EN...

à écrit le 28/11/2020 à 10:09
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Nous n'avons pas assez de souveraineté politique pour avancer dans ce projet, il faut sans arrêt se coltiner le boulet allemand qui nous impose sans cesse d'en faire le moins possible.

à écrit le 27/11/2020 à 23:24
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Quelle absurdité ! Le dernier espace vierge va être souillé visuellement et dans les profondeurs pour installer les socles dsnes éoliennes. En plus sans accord de pêche pour le Brexit, les zones vont encore se réduire pour les pêcheurs. Nous ne somme...

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