Hervé Morin dégaine un plan de relance à 500 millions

Après les milliards de l’Etat, les millions des Régions. Le président de la Normandie a présenté vendredi, devant un parterre d’entrepreneurs, un plan de relance comprenant un bataillon de mesures qui viennent ou viendront en complément de celles promises par le gouvernement.
Hervé Morin.
Hervé Morin. (Crédits : DR)

Fallait-il y voir un message subliminal ? C'est face à un mur d'escalade, dans un gymnase, que le patron de l'exécutif de la Région a choisi de dévoiler le contenu du plan de relance sur lequel ses services ont phosphoré pendant l'été après avoir sondé les coeurs d'un bon millier de dirigeants. Sur les chaises des invités maintenus à bonne distance, un document de 34 pages récapitule la quarantaine de mesures de cette nouvelle feuille de route marquée du sceau de la crise.  " Les temps sont durs, il va falloir que nous nous serrions les coudes " lance Hervé Morin à la salle, en guise de préambule.

Gros motif d'inquiétude : l'activité industrielle, qui ici pèse 23 % du PIB et nourrit plus d'un salarié sur cinq. Elle a décroché de huit points au cours des six premiers mois de l'année, trois de plus qu'au niveau national. Quant à l'emploi salarié qui affichait une tendance haussière depuis 2017, il s'est effondré dès le premier trimestre jusqu'à connaître une baisse historique. Aussi, le plan de relance poursuit-il un double objectif : " sauver ce qui peut l'être et accélérer les mutations ".

Changer le pansement et penser le changement

En clair, il s'agit autant de panser les plaies en prolongeant les mesures d'urgence adoptées dès le confinement (soutien à la trésorerie, report des échéances de prêts, aides aux secteurs touristique, sportif et culturel...) que de créer les conditions de la reprise.
Première priorité sur le plan économique : restaurer les capitaux propres des PME et ETI dont les fondamentaux étaient solides avant la crise mais aussi prévenir d'éventuelles cessions à des investisseurs pressés d'entrer comme de sortir. Cela passera notamment par la création de plusieurs nouveaux instruments financiers originaux "dans la logique d'un retour à meilleure fortune" souligne Alexandre Wahl, directeur de l'Agence de développement de la Normandie.  
Citons un fonds de rebond en association avec les grandes banques mutualistes de la place -Crédit Agricole et Caisse d'Epargne- et un dispositif d'intervention en quasi fonds propres qui doit permettre de ré-échelonner le PGE sur le long terme sans impacter la notation Banque de France.

 Le volet  "accélérer l'entrée de la Normandie dans le monde d'après" recycle en les amplifiant certains projets déjà dans les tuyaux comme la construction d'un deuxième centres de données et de calcul, la montée en puissance du Datalab, ébauche d'un écosystème normand de la donnée ou encore la création d'une sorte d'AOC carbone pour collecter les émissions auxquelles la Région a contribué puis les valoriser sur le marché de la compensation volontaire.

 En parallèle, de nouvelles dispositions apparaissent comme le soutien aux audits RSE et cyber-sécurité des entreprises, la prise en charge du salaire des animateurs de cercles d'affaires locaux, la mise en place de  "super-incubateurs" au bénéfice de l'ESS ou la création avec la Banque des Territoires d'une foncière commerciale pour dynamiser le petit commerce dans les villes moyennes. Est également annoncé un plan de renforcement de la filière hydrogène dans la perspective de la construction d'unités de production massive d'H2 décarboné le long de la Seine.

L'union fera la force

On le voit, Hervé Morin se fixe des objectifs ambitieux, que le lui permet la situation financière confortable de sa Région "de loin la moins endettée de France". A ce stade, l'ensemble de ce plan « Normandie Relance » est chiffré à quelque 515 millions d'euros dans lesquels il faut inclure les 200 millions supplémentaires espérés de l'Europe (via les programmes Transition juste et React-EU).

 Naturellement, l'ancien ministre de la défense veut, en complément, drainer vers son territoire quelques uns des milliards promis par les locataires de Matignon et de Bercy en particulier via les fonds spécialisés vers l'automobile, l'aéronautique, l'energie ou la pharma : quatre spécialités nourricières pour l'économie normande.  
Dans cette perspective, un comité de pilotage préfet/président de Région pour la relance sera installé mi-octobre, dans le prolongement de la task force installée pendant le confinement. Sa philosophie ? Orienter indifféremment les porteurs de projets vers les dispositifs ad hoc, d'où qu'ils viennent.

« Pour ne pas doublonner, on a bâti nos mesures avec complémentarité avec celles de l'Etat. L'idée est que l'on fasse chacun une partie du job mais, pour cela, il faut que les circulaires adressées aux préfectures sortent vite et que les préfets disposent d'une grande latitude budgétaire comme c'est le cas pour les DETR (Dotations d'équipement des territoires ruraux ndlr) par exemple » insiste t-il.

Comme un message aux administrations centrales qu'Hervé Morin suspecte d'être peu partageuses.

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