Estrosi-Gaudin  : ensemble, c’est mieux  !

C’est le couple de l’année. Pas de « je t’aime moi non plus », mais bien un contrat moral d’union sacrée entre ces deux «homo politicus» qui se ressemblent plus qu’il n’y paraît. Entre le Niçois et le Marseillais, il y a une certaine vision commune de ce que doit être l’avenir économique du territoire.
Jean-Claude Gaudin et Christian Estrosi

Ils sont tous les deux présidents de métropole. Le premier, Christian Estrosi, depuis 2012, ce qui lui laisse une large longueur d'avance sur le second, Jean-Claude Gaudin, président - enfin ! - d'Aix-Marseille-Provence  depuis le 17 mars. Arrivé en décembre à la tête de la région Paca, le Niçois connaît bien le lieu et l'hémicycle pour avoir été le premier vice-président du sénateur et maire de Marseille, quand c'était ce dernier qui présidait la Région. C'était en 1992, il y a vingt-quatre ans.

Entre l'ancien sportif et le professeur d'histoire-géographie, on pourrait penser qu'il y a un fossé, voire un monde. Il y a bien moins que cela. Certes, leurs personnalités diffèrent. Quand Jean-Claude Gaudin fait de sa gouaille marseillaise presque une marque de fabrique, Christian Estrosi est davantage en retenue. Les deux, en revanche, aiment argumenter. Et raconter des histoires, au sens propre. Pour l'ancien enseignant cela est presque naturel. Mais Christian Estrosi aime aussi à rappeler la genèse de certains épisodes de l'histoire et de la vie niçoise. Leur arrivée en politique s'est faite quasiment au même âge - en 1965 à 26 ans pour Jean-Claude Gaudin - en 1983, à 28 ans pour Christian Estrosi.

Deux mandats obtenus âprement

Dans leur vie d'hommes politiques, ils ont tous les deux connu les portefeuilles ministériels, partageant, avec dix ans d'écart, la charge de l'Aménagement du territoire. Si Jean-Claude Gaudin quitte sans regret ses fonctions gouvernementales, on sent chez Christian Estrosi ce désir de revenez-y. Peut-être même y pense-t-il en se rasant... Mais pour l'heure, le maire de Nice est à la tâche. Dans la Baie des Anges et à la Région - mais non plus à l'Assemblée nationale, d'où il a annoncé sa démission  pour le mercredi 30 mars. Pourtant, il ne cessait de dire que les trois casquettes le servaient pour mieux défendre le territoire. Un territoire qui va du littoral à la montagne - et pas seulement celle du Mercantour, chère à son cœur -, mais par des départements alpins, souvent laissés pour compte et pourtant vrais réservoirs de richesse pour une région qui sait qu'elle joue sa place dans la cour des grands.

L'année 2016 signe pour les deux hommes celle d'un nouveau mandat. Obtenu âprement. Le 18 décembre 2015, Christian Estrosi s'assoit dans le fauteuil de président de la région Paca. Trois mois plus tard presque jour pour jour, Jean-Claude Gaudin fait de même, mais dans celui de la métropole Aix-Marseille-Provence. Pour accéder à la fonction, tous les deux ont dû bagarrer. Et l'origine de leurs maux est, pour chacun d'entre eux, féminine et blonde. Marion Maréchal-Le Pen, la candidate du FN, a causé bien des tracas à Christian Estrosi. Même motif, même punition pour Jean-Claude Gaudin, qui a dû affronter l'ire clairement affichée de Maryse Joissains, la maire d'Aix-en-Provence, farouchement opposée au mariage forcé avec sa voisine marseillaise et qui, jusqu'au bout, s'est arc-boutée sur sa position. Mais Christian Estrosi comme Jean-Claude Gaudin ont jeté leurs forces dans la bataille. En vieux routards de la politique -  surtout pour le sénateur et maire de Marseille, qui a essuyé bien des coups bas et des revers en cinquante ans de carrière.

De la résistance dans l'adversité dont a fait preuve Jean-Claude Gaudin, Christian Estrosi reconnaît qu'il est « le seul à avoir pu supporter », l'épreuve et surtout à l'avoir remportée. Même son de cloche teintée d'admiration non feinte du côté du vice-président du Sénat, qui n'a pas ménagé son soutien durant la bataille des régionales, mouillant le maillot sans relâche et répétant à l'envi que le maire de Nice était l'homme de la situation.

Des Obstacles surmontables ?

Les voici donc former un tandem... sportif. Car le challenge désormais est de mener un autre combat, celui de la réussite économique. Les défis de l'un comme de l'autre ne sont pas anodins. À la Région, Christian Estrosi donne déjà un coup de pied dans la fourmilière. La mise en place du guichet unique pour les entreprises, tant réclamé par le monde économique, est en place dès ce mois d'avril. Il promet d'être l'interlocuteur unique et l'accompagnateur des démarches administratives des entreprises. Le but, c'est bien évidemment de leur faciliter la vie et, par exemple, de ne pas louper le coche de certains financements souvent méconnus et donc peu utilisés. Et puis, en septembre, il y aura ce Fier, Fonds d'investissement pour les entreprises de la région, qui viendra en aide à celles qui ne bénéficient pas de l'aide des banques.

À la Métropole, ce sont les transports et le logement qui sont les deux mamelles de la réussite de la nouvelle entité. Quant au chômage... En frôlant les 12 %, il place Provence-Alpes-Côte d'Azur dans la moyenne nationale. Presque incompréhensible tant la région déborde de richesses. La montagne et les Alpes du Sud sont sans doute un axe de développement économique que le tout nouveau président de la Région encourage, en annonçant un budget de 17 millions par an, pendant six ans.

Les hommes du président

Décider des domaines où l'effort doit porter, c'est bien. Mais savoir s'entourer, c'est mieux. Et le choix de celles et de ceux  qui appliqueront la politique décidée est essentiel. Car il dit beaucoup de la réelle intention. Nommer Pierre Grand-Dufay à l'accompagnement des PME-PMI ? Un signe positif que de donner cette responsabilité à cet entrepreneur marseillais qui préside le fonds d'investissement régional Tertium. Même démarche avec l'industrie et l'innovation, dévolue au président de la Chambre de commerce et d'industrie Nice-Côte d'Azur, Bernard Kleynhoff, patron de Berkley Industrie, à Carros. À la Métropole, Martine Vassal, élue première vice-présidente, prendra en charge l'économie. Une logique qui va bien avec celle qui est aussi la présidente du Conseil départemental et... de Provence Promotion, l'agence de développement économique.

L'attractivité : le vrai défi est sans nul doute là. Car de celle-ci découle toute la bonne performance du territoire, de Nice et de Marseille, en passant par Digne, Avignon ou Toulon. C'est l'image qui sera donnée au plan national, et surtout à l'international, qui compte dans une mondialisation exacerbée. Car sur la mappemonde, Marseille comme Nice sont microscopiques vues de Shanghai, de Londres ou de New York. Mais Provence-Alpes-Côte d'Azur a une taille plus visible...

De ses différences et de ses atouts, la Région va devoir en faire une plus-value vendeuse. Au-delà de la dolce vita et des cigales, de la lavande et des plages de galets, elle va devoir montrer plus largement sa capacité à être un terreau accueillant, innovant, créatif. De la Métropole Nice-Côte d'Azur, nombreux sont les institutionnels et les industriels à avoir vanté le fait qu'il n'y ait qu'un seul pilote dans l'avion. La métropole Aix-Marseille Provence dispose désormais de la même configuration. Certains diraient que tous les feux sont verts. D'autres que les planètes sont bien alignées. Conjoncture astrale positive ou pas, l'union fait toujours la force et l'intérêt commun, un fil rouge qui ne doit pas s'effilocher. C'est cela, regarder ensemble dans la même direction. n

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Commentaires 2
à écrit le 31/03/2016 à 8:29
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Beaucoup de lyrisme dans cet article. Mais nous sommes en Provence! On voudra bien y croire sur le fonds. L'abandon des mandats nationaux par les Présidents de Région est un bon signe.

à écrit le 31/03/2016 à 8:00
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ils vont peut être nous faire un enfant ( dans le dos)

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