L'agriculture urbaine, bien plus qu'une mode

Jardins partagés, balcons fournis de plantes aromatiques, engouement pour les produits vendus directement par les producteurs... Ce qui est perçu comme un phénomène de mode est sans doute bien plus que cela. Le marseillais Abricotoît et le monégasque Terres de Monaco surfent sur la vague de l'agriculture urbaine.
À Marseille le docteur en biologie végétale et agri-entrepreneur Julien Girardon espère donner vie à ce que l'on appelle la cinquième façade : le toit.

Le boom des jardins partagés, l'intérêt pour l'économie circulaire, le recours aux fruits et légumes directement vendus par les producteurs... Depuis quelques années, l'agriculture retrouve le chemin des villes. Et dans le Sud, le mouvement est tout aussi fort qu'ailleurs. Selon un article paru dans le journal du CNRS, on décompte à Marseille un millier de parcelles où sont cultivés des légumes potagers, le tout sur une trentaine d'hectares.

Espace de vie plutôt qu'espaces-dortoirs

Un renouveau pour les choses de la terre qui est aussi un bon motif pour créer des entreprises. Ainsi à Marseille, Julien Girardon espère donner vie à ce que l'on appelle la cinquième façade, c'est-à-dire, le toit. Sa petite entreprise, baptisée Abricotoît, vient tout juste d'éclore.

La vocation de ce docteur en biologie végétale s'inscrit dans une « volonté de démocratiser l'agriculture urbaine en utilisant des toitures plates. Ainsi les fruits, légumes ou aromates peuvent être redistribués ».

La cible d'Abricotoît est vaste : bailleurs sociaux, centres commerciaux, Ehpad, établissements sanitaires, écoles, entreprises...

« L'idée est de créer des espaces de vie là où ce sont parfois des espaces-dortoirs. Ces espaces cassent facilement les barrières, culturelles, notamment parce que ce sont des espaces homogènes. Ils redonnent une indépendance pour des aliments, facilement cultivables par soi-même. C'est une façon aussi de retrouver le goût de certains d'entre eux », détaille Julien Girardon.

Abricotoît propose de l'aménagement et de l'entretien. Après étude des besoins des utilisateurs, une solution est proposée en fonction de ceux-ci.

« Cela peut être de l'accompagnement sur certains gestes ou de l'entretien de A à Z comme pour des restaurateurs qui ne possèdent ni les compétences ni le temps. »

Des potagers sur les toits des entreprises

À plus de 200 kilomètres de là, Jessica Sbaraglia prépare elle aussi la naissance de sa Terre de Monaco. Sa petite entreprise verra le jour dans trois mois - délai légal en Principauté après le dépôt officiel des documents de création - et la startuppeuse prévoit d'installer, sur les toits des entreprises et des bâtiments monégasques, potagers écologiques de fruits et légumes, ruches, poules et panneaux solaires. Avec les cavistes de la ville-État elle a convenu d'utiliser leurs caisses en bois pour la livraison de sa production. Pour cette Suissesse, qui vivait enfant autour d'un jardin de 1.000 m2 permettant l'autosuffisance alimentaire, l'agriculture urbaine, c'est presque naturel. Jessica Sbaraglia a même suivi une formation en maraîchage. Son contrat de prestation prévoit l'entretien et des cours de jardinage pour les surfaces inférieures à 100 m2. Pour celles qui mesurent davantage, elle aménage, propose un contrat de location du bac et intéresse le propriétaire à la vente des produits.

La quatrième révolution agricole

Si le mouvement semble être nouveau, pour Julien Girardon, « la végétalisation en ville a toujours existé. Ne serait-ce qu'avec le concours des Villes et Villages fleuris. C'est la crise qui a créé ce déclic, car nombreux sont ceux qui ne peuvent plus se payer des produits sains et bons. Cela relève de l'économie locale et circulaire qui fait partie des préoccupations actuelles. »

Et Julien Girardon d'analyser cet engouement de fond comme rien de moins que la quatrième révolution agricole.

« La première révolution a été l'intégration des machines, la seconde, celle des produits chimiques. La troisième révolution a été provoquée par la génétique et les OGM. Comme il y a eu les mouvements des villageois arrivant en ville, maintenant c'est l'agriculture. »

Une révolution qui « pousse » plutôt bien.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 11/04/2016 à 10:05
Signaler
enfin une vrai révolution ! et non violente celle là

à écrit le 10/04/2016 à 18:04
Signaler
Une agriculture urbaine pourrait elle encourager les nombreux jeunes chomeurs ou travailleurs temps partiels a trouver du travail dans un rayon de 10 km autour des villes. Pourrait elle alimenter les consommateurs des villes de façon responsable en ...

le 14/04/2016 à 14:56
Signaler
Il n'y a pas encore de plan structuré pour développer une relation entre le sous-emploi chronique des urbains et le manque de main d'oeuvre dans la proche périphérie urbaine pour faire une agriculture raisonnée, biologique et socialement responsable....

à écrit le 10/04/2016 à 11:37
Signaler
Le saviez vous? Les cubains sont bien les premiers a s'être mis en "mode austérité" lors de l'embargo de leur île et ils ont réussit a s'en sortir... jusqu'à maintenant!

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.