Airbus Nantes fait germer l'intrapreneuriat

Airbus développement et les sites de production d’Airbus de Nantes-Saint-Nazaire viennent de signer une convention pour accompagner des startups de l’incubateur Centrale Audencia Ensa Nantes et pour faire naître des vocations dans l’intrapreneuriat chez l’avionneur.
Le site nantais est spécialisé dans la fabrication des caissons centraux de voilure de tous les avions Airbus, à l’exception de l’A220.
Le site nantais est spécialisé dans la fabrication des caissons centraux de voilure de tous les avions Airbus, à l’exception de l’A220. (Crédits : Frédéric Thual)

« Vous verrez des trucs que vous ne verrez pas à Station F... Ici, ça sent la graisse ! », prévient Frédéric Camy-Peyret, président de la startup Akryvia, hébergée par l'incubateur Centrale Audencia Ensa, à Nantes. Derrière la lourde porte coupe-feu du laboratoire émerge une technologie de rupture pour la découpe des métaux. Basée sur l'intensification des plasmas thermiques, celle-ci offrira « la précision du laser au coût du plasma ». Deux fois plus précise, quatre fois moins chère qu'un laser, la technologie diminuerait les coûts de production de 30% à 50% et serait beaucoup moins énergivore (- 60%). Un brevet est déposé.

« Ce dont je rêve, c'est qu'une idée née ici dans une startup finisse par atterrir dans nos usines », esquisse François Paynot, directeur d'Airbus Nantes, qui, aux côtés de Michel Sesques, président d'Airbus Developpement, vient de signer une convention de coopération avec l'incubateur de l'École Centrale.

Un nid où coexistent une trentaine de startups plus ou moins mûres. Une dizaine y entrent chaque année, autant en sortent pour voler de leurs propres ailes. Au total, l'avionneur a mis 100.000 euros sur la table, sous forme de prêts participatifs pouvant monter jusqu'à 50.000 euros, pour soutenir et booster quatre d'entre elles : le découpeur de métaux Akryvia ; le fabricant de drones autonomes Xsun ; In Virtus technologies et son système de traçabilité des équipements pour réduire le temps perdu par les arrêts de production ; et Hera-Mi, un système d'imagerie associé à de l'IA pour faciliter le diagnostic du cancer du sein.

Quel rapport avec Airbus ? « L'analyse d'images pour le contrôle qualité et le traitement des données », justifie François Paynot. « Nous finançons les startups qui créent de l'emploi  », ajoute Michel Sesques.

Un lieu "d'excubation"

En 2018, le groupe d'aéronautique aurait ainsi investi 3 millions d'euros pour soutenir 135 startups, soit quelque 1.800 emplois créés ou accompagnés. « Airbus a besoin de conforter son écosystème », reconnaît-il, visant les 160 startups en 2019, et 200 en 2020. « Nous avons un besoin impérieux d'investir dans l'innovation pour accroître notre compétitivité », confirme François Paynot, qui entend aussi développer l'intrapreneuriat dans l'entreprise.

« J'ai envie de faire germer de vraies potentialités dans la tête des salariés d'Airbus », dit-il.

Outre le soutien financier, Airbus va occuper un espace physique sur le site de l'incubateur, où il va déployer un showroom technique et un espace de coworking où seront organisés des séminaires. « Un rapprochement qui donne tout son sens à l'incubateur », se félicite Arnaud Poitou, directeur de l'École Centrale, qui aimerait en faire un lieu « d'excubation » pour de grands groupes, qui deviendrait exportateur d'innovations entrepreneuriales dans une région où les crédits d'impôt recherche avoisinent les 500 millions d'euros. «  Nous devrions atteindre le milliard », estime Stéphanie Houël, vice-présidente de la Région des Pays de la Loire chargée de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation. « Il y a clairement des marches à franchir pour aider les entreprises à travailler avec les chercheurs. »

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