Anne-Charlotte Fredenucci fait décoller Ametra à l'international

En dix ans, Anne-Charlotte Fredenucci a redressé, repositionné et développé le groupe industriel Ametra, spécialisé dans l'ingénierie et l'intégration de systèmes électronique et mécanique pour la défense et l'aéronautique. Elle vient de lui ouvrir les portes de l'Inde pour lui donner un nouvel élan.
Anne-Charlotte Fredenucci
Anne-Charlotte Fredenucci (Crédits : DR)

Sur scène, devant un parterre de futurs entrepreneurs, vêtue d'un complet gris, pin's de la French Fab à la boutonnière, Anne-Charlotte Fredenucci se fend d'un : « J'ai eu le coup de foudre pour l'industrie ! » De fait, lorsque son père, PDG du groupe Deroure, lui propose de reprendre les rênes du groupe familial, industriel dans les secteurs de l'aéronautique et de la défense, elle n'y songeait même pas. Et pour cause : « J'ai grandi dans un univers où j'entendais continuellement que si j'avais eu un frère... ». Et puis, un jour : « Soit tu reprends, soit on vend ! », expose le père, alors que l'entreprise bat de l'aile.

Diplômée de l'Essec, passée par l'Australie, Paris (Bain & Company) et Londres (Web Viant), où elle distille ses conseils, Anne-Charlotte cultive une certaine frustration. « Une fois que tu as livré ton pack de slides, c'est fini ! », déplore-t-elle. Pour aller plus loin, elle dit banco à son père. « Je ressentais une forme d'obligation morale à apporter la sécurité de l'emploi et à assurer la continuité familiale », dit-elle. En deux ans, elle sort l'entreprise de l'ornière d'une procédure de sauvegarde, et réussit même la meilleure année du groupe, fondé quarante ans auparavant. C'est la période qu'elle qualifie de retournement. Suit l'étape du repositionnement stratégique entre 2011 et 2015.

Etre Indien à 51 %

De sous-traitant en électronique et de bureau d'études en mécanique, l'entreprise, basée à Longué-Jumelles (49), devient ingénieriste-intégrateur. C'est-à-dire capable de proposer des prestations complètes, de l'étude à l'assemblage pour les grands donneurs d'ordres de la défense, de l'aéronautique, du rail, du médical. En 2017, le groupe Deroure devient Ametra. Soutenue par le programme national d'amélioration de la performance de la supply chain aéronautique « Performances industrielles » du Cigas, l'ETI angevine trouve sa voie et accélère encore avec le soutien de Bpifrance. Jusqu'à son implantation, en février 2018, à Hyderabad (Inde) via une joint-venture avec l'entreprise locale Nucon Aerospace (600 personnes).

« Nous avons maintenant une unité de prototypage, de petites séries, de jute à temps en France, un atelier pour les moyennes séries en Tunisie depuis 2005, et désormais Hyderabad, pour les longues séries et le marché de compensation », détaille la PDG. C'est sur ce dernier point qu'Ametra capitalise. Suite à la vente d'avions Rafale à l'Inde, Dassault, Thales, Safran et consorts ont pour obligation d'acheter au moins 50 % de la valeur du Rafale sur place. D'où la venue d'Ametra en Inde. « C'est un tournant stratégique pour l'entreprise. Être indien à 51 % va nous permettre de toucher un maximum de marchés ». D'ici trois à cinq ans, cette stratégie pourrait générer 15 millions d'euros supplémentaires à Ametra, dont le chiffre d'affaires de 30 à 50 millions d'euros, en cinq ans. « Surtout, cela va consolider notre positionnement d'ingénieriste-intégrateur auprès des acteurs de la défense et de l'aéronautique », souligne Anne-Charlotte Fredenucci.

« En clair, si on n'était pas en Inde, on perdrait systématiquement 25 % à 30 % de chiffre d'affaires en France et en Tunisie. C'est là l'enjeu de ce développement » , confie-t-elle. Comme la Tunisie à son époque, l'Inde doit conforter l'activité française et tunisienne. Le développement de l'activité « Integration » (300 personnes) doit aussi profiter à l'ingénierie (400 personnes), répartie sur 10 sites (Aix en Provence, Bordeaux, Toulouse, Nantes...) implantés au plus près des donneurs d'ordres pour être réactifs.

« Cela va permettre aux bureaux d'études d'intervenir plus en amont dans les processus de développement et de capter des projets plus importants », indique Anne-Charlotte Fredenucci. L'entreprise, qui prévoit 120 recrutements en 2019, vient d'ailleurs de créer un département Ametra Research avec trois docteurs, pour aller plus en profondeur dans le développement voire le co-développement. Le positionnement est devenu réalité.

PROFIL :

  • 2001 : Rejoint le groupe familiale Deroure
  • 2005 : Création d'une filiale en Tunisie
  • 2009 : Deviens présidente
  • 2011 : Réorganisation et repositionnement du groupe vers l'ingénierie et l'intégration
  • 2017 : Le groupe Deroure change de nom pour devenir groupe Ametra
  • 2018 : Ametra ouvre un bureau d'études à Nantes et rejoint le mouvement French Fab
  • 2019 : Réorganisation et repositionnement du groupe vers l'ingénierie et l'intégration
  • 2017 : Le groupe Deroure change de nom pour devenir groupe Ametra

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Commentaire 1
à écrit le 03/04/2019 à 11:17
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« J'ai grandi dans un univers où j'entendais continuellement que si j'avais eu un frère... » Heureusement que vos parents n'ont pas eu de fils, heureusement qu'ils n'ont pas cru en vous du coup puisque cela vous a donné la force de vous surpasser...

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