Naissance dans les Pays de la Loire du cinquième « Club ETI » français

Deux ans après le lancement de l'initiative gouvernementale « stratégie Nation ETI », les Pays de la Loire viennent, à leur tour, de se doter d’un club dédié aux Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI). Au programme : les pénuries d’emplois, les besoins de mutualisation face aux cyberattaques, et la transmission des entreprises familiales.
Bénédicte Mercier, co-présidente de Sodebo et présidente du Club ETI Pays de la Loire.
Bénédicte Mercier, co-présidente de Sodebo et présidente du Club ETI Pays de la Loire. (Crédits : Sodebo)

Première région de France métropolitaine pour la part des emplois dans les ETI (entreprise de taille intermédiaire), les Pays de la Loire viennent de se doter d'un « Club ETI ». Après la Nouvelle-Aquitaine, le Grand Est, la Normandie et l'Île-de-France, c'est le cinquième à voir le jour en France, depuis le déploiement de la « stratégie Nation ETI » lancée en 2020 par le gouvernement pour accélérer la compétitivité des 5.400 ETI françaises.

« Ça a tout son sens de le faire ici. Les Pays de la Loire comptent 270 ETI. Ce sont plein de pépites qui vivent leur vie mais sont confrontées à des problématiques communes comme la gouvernance, les recrutements, la cybersécurité... », justifie Bénédicte Mercier, co-présidente de la société Sodebo (2.400 salariés), élue à la présidence du Club ETI Pays de la Loire.

D'emblée, le club a recruté une déléguée générale et bâti sa stratégie autour trois commissions : ressources humaines, transition énergétique et transition digitale - avec en priorité la cybersécurité. « Ces commissions auront vocation à rassembler les dirigeants des ETI, mais aussi les DSI et les DRH pour partager les bonnes pratiques et très vite aller dans le concret, ainsi que des plénières qui permettront de donner la parole à deux ou trois ETI », indique Thom Tran, déléguée générale du Club ETI Pays de la Loire, financé par ses cotisations et une subvention régionale de 45.000 euros.

Deux assemblées plénières seront par ailleurs organisées en juin et novembre prochains sur les thématiques de la transmission et de la gouvernance des ETI, ainsi que sur celles de la croissance et de la diversification.

Des problématiques prégnantes chez les entreprises de taille intermédiaire, dont les effectifs (261.000 emplois en 2017) ont augmenté de +24.500 emplois entre 2008 et 2017. Notamment en raison de la croissance des PME. Dans l'industrie, pilier de l'économie régionale, 4 emplois sur 10 proviennent des ETI. En croissance de 10,6% sur dix ans, l'augmentation de l'emploi salarié dans les ETI est plus élevé sur l'ensemble des entreprises ligériennes (+4,3%) et des ETI françaises (+7,4%)

Accompagner les « presque ETI »

Né autour d'un noyau de quelques dirigeants, ce Club ETI a, « sans trop communiquer » réuni 40 adhérents. Parmi lesquels l'électronicien Lacroix, constructeur et gestionnaire d'écosystèmes connectés, les entreprises d'agroalimentaire Sodebo, Brioche Pasquier, La Mie Câline, etc., les entreprises de l'automobile Gruau, Rapidoo, ou encore, Armor, Actual Leader Group, le Cetih, Piveteaubois, Charrier... Une vingtaine de nouvelles entreprises devrait intégrer le Club ETI Pays de la Loire cette année.

« Seules trois ou quatre ont décliné l'invitation. 95% ont dit oui, notamment en Vendée et dans la Sarthe, et tous les secteurs, industrie, services, commerces... sont représentés. Ce qui est étonnant, c'est que beaucoup performent mais n'appartiennent à aucun réseau. Notre volonté est donc d'aller les chercher », mentionne la présidente.

Dédié aux ETI, le Club ETI entend s'ouvrir aussi aux « presque ETI ».

« Ces "presque ETI" sont des PME prêtes à basculer ou qui ont récemment changé de statut. Or, ces effets de seuil peuvent avoir un impact sans que l'on ait réellement changé d'interlocuteurs. On a vu par exemple une PME obtenir un PGE qu'elle doit rembourser en tant qu'ETI, dont les règles ne sont pas les mêmes. Même chose pour l'accompagnement des alternants qui diffèrent selon le statut de l'entreprise », observe Bénédicte Mercier.

La présidente du Club ETI des Pays de la Loire, qui tient à rester en dehors des courants politiques, explique la problématique en ces termes:

« Une PME qui grossit doit savoir se structurer sans se complexifier. Elle est obligée de fonctionner différemment sans perdre ce qui faisait son âme. C'est pourquoi nous tenons à élargir le club pour aider les futures ETI. C'est une de nos ambitions. »

Elle précise:

« Il ne s'agit pas d'aller au combat mais de peser en amont et d'être constructif dans les projets de filières pilotés par la région. »

Parler d'une seule voix

Pour Samuel Tual, président d'Actual Leader Group, président du Medef Pays de la Loire et adhèrent au Club ETI, « il ne s'agit pas de réinventer les choses mais de créer du lien pour aller plus vite. Nous avons la chance en Pays de la Loire d'avoir un tissu économique riche d'entreprises patrimoniales ayant le statut d'ETI qui comptent sur leur territoire et qui potentiellement peuvent devenir des champions dans leur domaine au niveau français et européen. Ces entreprises sont souvent sollicitées individuellement par les collectivités. Le fait de se retrouver dans un club de cette nature, de pouvoir partager des projets communs, spécifiques, d'échanger de bonnes pratiques en termes de marque employeur ou de recrutement de jeunes diplômés, permettra de mieux se connaître et de parler d'une seule voix quand on est sollicité par les uns ou les autres », s'accorde-t-il.

Outre le travail sur les questions d'emploi dans une région où le taux de chômage figure parmi les plus bas de France, c'est sur la cybersécurité que le Club ETI Pays de la Loire entend s'investir en premier lieu. « Les ETI sont fréquemment visées par les cyberattaques. Elles peuvent payer des rançons et, en même temps, elles ont moins de moyens que les grands groupes pour se protéger. On voit cependant que les budgets des ETI augmentent dans ce domaine, et l'intérêt serait de voir quel accompagnement régional on pourrait envisager pour maximiser et mutualiser les efforts. Tout le monde y a un intérêt, les entreprises comme l'État. Les problématiques de formation, de transition énergétique, de transmission de patrimoine... sont, aussi, des enjeux qui peuvent coûter assez cher et sont assez similaires à chacune des ETI », estime Bénédicte Mercier, qui ne serait pas surprise de voir rapidement doubler le nombre des adhésions au Club ETI.

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