Pays de la Loire : un fond de prêts d’honneur pour les entrepreneurs indépendants

En Pays de la Loire, l’Association pour le droit à l'initiative économique (ADIE) accompagne chaque année quelques 600 entrepreneurs pour créer leur activité. Pour maintenir à flots ces entreprises de proximité fragilisées par la crise sanitaire, l’association ligérienne lance un fonds de prêts d’honneur pour les aider à rebondir pendant l’été.
Selon l'ADIE, 70% des jeunes entrepreneurs auront besoin d’une aide pour se relancer ou pivoter.
Selon l'ADIE, 70% des jeunes entrepreneurs auront besoin d’une aide pour se relancer ou pivoter. (Crédits : D.R)

« Maintenant, l'enjeu, c'est la relance. Le risque, c'est que les entrepreneurs puissent ou non maintenir leur activité. Sans quoi, il y a aura un véritable effet boomerang à la rentrée », observe Fabienne Kerzerho, directrice régionale Grand Ouest de l'ADIE (Association pour le Droit à l'Initiative Economique), qui vient de lancer le Fonds pour un prêt d'honneur pour permettre aux jeunes entrepreneurs de passer l'été. Le principe ? Accorder un prêt pouvant atteindre 4.000 à 5.000 euros, selon le chiffre d'affaires de l'entreprise, dont le remboursement est différé d'un à deux ans. Ce fonds pourrait s'élever à 1,5 million d'euros. Amorcé en fonds propres, il a d'ores et déjà reçu le feu vert de la Banque Populaire Grand Ouest, du Crédit Mutuel, deux partenaires historiques de l'ADIE pays de la Loire, de BPIFrance... Des discussions seraient en cours avec le Conseil régional et des EPCI pour élargir le cercle des contributeurs de manière à pouvoir subvenir aux besoins de 400 à 500 entrepreneurs d'ici le mois d'octobre. « Nous sommes dans une période cruciale. Les entrepreneurs ont aussi leurs états d'âme et beaucoup, fragilisés par cette période moralement épuisante, s'interrogent sur ce qu'ils doivent faire. Un grand nombre d'entre eux sont sur le fil... » constate Fabienne Kerzerho.

75% sans activité pendant la crise

Dans une enquête réalisée pendant la deuxième semaine d'avril auprès de 1400 entrepreneurs (commerce, service à la personne, artisanat, bâtiment) de la région, l'ADIE rapporte que les trois quarts d'entre-eux déclaraient avoir dû cesser leur activité et 20% la réduire. « La plupart était sans ressource pour vivre au quotidien », témoigne la directrice régionale de l'association. « L'enjeu était de repérer ceux qui étaient en réelle difficulté et de les orienter vers les dispositifs existants auprès de la région, du département de l'Ursaff... Mais, ceux qui ont pu bénéficier du Fonds de Solidarité rapidement mis en œuvre par le gouvernement devenaient, avec ce revenu de substitution-maximum 1500 euros- , inéligible au fonds régional Résilience déployé par la région», regrette la directrice régionale de l'ADIE.

Vers des repositionnements radicaux

Or, selon l'ADIE, très largement répartie sur le territoire régional et très orientée sur les emplois touristiques et de proximité, 70% des entrepreneurs auront besoin d'une aide pour se relancer ou pivoter. En ce sens, l'association a multiplié les séances d'informations, de coaching (confiance en soi...) et de formation en ligne et, plus récemment, en présentiel pour réfléchir à son repositionnement commercial, à la gestion de la trésorerie, aux conditions de la vente en ligne, à la communication sur les réseaux sociaux ou encore à la fidélisation de sa clientèle.... « Nous sommes dans une région fortement impactée par l'activité touristique, culturelle et hotellière, avec la mise en place des gestes barrières et des nouvelles règles sanitaires, beaucoup vont devoir radicalement faire basculer leur modèle économique, à l'instar, par exemple, des restaurateurs ou des traiteurs qui se sont lancé dans la vente à emporter.» Des moments compliqués qu'il faut accompagner pour redémarrer une activité qui sera progressive, et fortement impactée par les nouvelles attentes des consommateurs. D'autres, plus rares, ont réussi à tirer leur épingle du jeu, comme cette formatrice qui a multiplié ses cours d'anglais à distance auprès des particuliers pendant la période de confinement. A fidéliser également.

Pour l'ADIE Pays de la Loire, qui enregistrait depuis quatre à cinq ans une croissance de créations de micro entreprises de 10%, 15% voire 20% dans certains secteurs (Plus de 600 entrepreneurs accompagnés en 2019), l'enjeu est aussi de recréer un terreau fertile après un mois d'avril où les créations ont chuté de 90% par rapport à 2019. « Peut-être y aura-t-il moins de casse que redouté. Un entrepreneur est aussi plus agile, plus simple à gérer et peut-être plus résilient qu'une PME », estime Fabienne Kerzerho, qui saura mi-juin, qui repart, qui ne repart pas...

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