Régionales : « Il faut être un peu plus souverain et réindustrialiser la région» Samuel Tual, Medef Pays de la Loire

Auteur d’un livre blanc réunissant 50 propositions à l’attention des candidats, organisateur d'un premier échange avec les cinq principaux candidats, le Medef Pays de la Loire s’implique pour choisir en connaissance de cause et mobiliser l’électorat ligérien. Pour Samuel Tual, président du Medef pays de la Loire, la crise sanitaire a rebattu les cartes et fait émerger une conscience environnementale chez les entrepreneurs ligériens.
Samuel Tual, Président du Medef Pays de la Loire.
Samuel Tual, Président du Medef Pays de la Loire. (Crédits : Sylvain MALMOUCHE)

La Tribune. Vous venez d'organiser une table ronde avec cinq des huit candidats aux élections régionales. A dix jours du premier tour, quel regard portez-vous sur cette campagne ?

Samuel Tual. C'est mou, tardif et insuffisamment clair sur les enjeux de cette échéance. On sent peu de mobilisation autour de cette campagne. Elle a principalement tourné autour des personnalités et peu sur le fond des programmes où il existe de vraies différences. Nous avons décidé de prendre la parole et d'apporter notre contribution parce que cette campagne est importante pour l'avenir du territoire, sur les politiques à mener, les infrastructures à déployer. De nombreux sujets peuvent avoir des conséquences pour les Ligériens. C'est donc un appel à la mobilisation que nous lançons pour que les Ligériens puissent aller s'exprimer massivement et puissent faire un choix éclairé, qui peut avoir des conséquences importantes dans le futur.

 En 2019, vous aviez contribué à la démarche prospective « Ma région 2050 », vous éditez aujourd'hui un livre blanc avec 50 propositions destinées aux candidats, qu'est-ce qui a changé ?

La crise nous a fait prendre conscience d'un certain nombre de nécessités, notamment sur les questions environnementales. C'est le sujet qui a le plus évolué. Il était peu présent dans « Ma région 2050 ». Il y a aujourd'hui une prise de conscience partagée et l'envie de faire les choses de façon encore plus responsable pour permettre aux gens de vivre et travailler durablement en Pays de la Loire. On veut une croissance responsable, réfléchie, sans impact sur l'individu et la planète. La séquence Covid nous a montré que l'hyper métropolisation n'était pas forcément une solution d'avenir et qu'il est important d'avoir un projet équilibré pour le territoire avec des usines à la campagne dans des villes moyennes qui répondent à des standards et des critères de qualité de vie. A condition que les territoires soient correctement connectés et accessibles, c'est tout l'enjeu du projet qui doit être porté, à notre point de vue. L'autre sujet concerne les transitions qu'elles soient écologiques ou numériques, et enfin notre dépendance aux autres territoires. A un moment donné, si l'on veut être plus fort, il faut être un peu plus souverain et réindustrialiser la région.

Les Pays de la Loire sont une des rares régions à ne pas avoir fait évoluer ses frontières dans le cadre de la réforme territoriale, est-ce devenu une force ou une faiblesse ?

Je suis très surpris quand on évoque la singularité de la région, que l'on entend ici ou là des initiatives pour rattacher la Loire-Atlantique à la Bretagne, et qu'aucun des candidats ne se soit clairement positionné sur ses souhaits . Est-ce que notre région doit continuer d'exister telle qu'elle est aujourd'hui ? Quel est l'avenir de l'intégrité de cette région ? Typiquement, ça fait partie des premiers points qui mériteraient d'être clarifiés au moment où ils s'apprêtent les uns et les autres à prétendre à la présidence de la région.

Et vous, votre avis ?

La crise sanitaire que l'on vient de traverser a montré notre remarquable capacité de résilience et l'engagement d'acteurs économiques qui ont contribué plus que d'ordinaire à un certain nombre d'actions sur le territoire. Pour cela, il est inimaginable de démanteler la région. Ce qui serait imaginable, même si toutes les conditions ne sont pas réunies aujourd'hui, c'est le rapprochement avec une autre région voisine, mais sans aucun démantèlement. Pour qu'il y ait un rapprochement, il faut un projet d'ensemble, le renforcement de la proximité et un rôle des départements différents de ce qu'il est aujourd'hui. Un arbitrage politique a eu lieu en son temps pour le maintien des deux régions dans leurs contours actuels plutôt qu'une grande région Armorique. Soit, mais nous avons beaucoup de points communs avec nos voisins bretons, avec qui nous avons pris une position très claire en nous opposant farouchement à la mise en place d'une écotaxe. Cette coopération mériterait d'être renforcée. C'est envisageable mais pour cela il faudrait déterminer quelles seraient les mutualisations possibles, et dessiner un projet commun. Ce n'est pas d'actualité. Aujourd'hui, la singularité des cinq départements qui composent la région montre qu'il y a une vraie complémentarité territoriale permettant d'avoir les moyens d'un projet cohérent.

Que vous a appris la crise sanitaire ?

Que nous étions trop dépendant des territoires voisins et du monde. Des chaines ont été rompues par la distance. Que les régions doivent se donner les moyens de mettre en place des circuits courts pour sortir de cette dépendance. Et que l'exécutif régional s'impose face aux politiques nationales descendantes pour avoir plus de l'attitude et d'autonomie afin de mener des expérimentations localement, sur l'emploi, la formation, l'éducation... Et non subir, comme on l'a vu pendant la crise Covid, des décisions, prises à Paris, et appliquer indifféremment à Marseille, Lille ou Nantes où les situations sanitaires n'étaient pas identiques.

Quelle est la problématique des Pays de la Loire, aujourd'hui ?

Nous avons une belle région, avec de réelles performances économiques, de nombreux atouts, avec des domaines où nous sommes numéro 1, 2 ou 3... Le problème, c'est que tout cela n'est pas forcément acquis et durable. Cela dépend beaucoup des politiques qui seront menées. C'est un terreau qu'il faut continuer à cultiver si l'on veut qu'il se bonifie. Comment se positionnent les candidats ? Quel avenir nous proposent-ils ? C'est la question qu'on leur pose, car les chemins pris n'auront pas tous les mêmes conséquences. S'il est aujourd'hui difficile d'imaginer que l'on puisse vouloir développer une activité en abimant la région et la planète, mener une politique 100% environnementale peut être néfaste à l'économie. Donc, pour nous, ce n'est pas le OU, c'est le ET. Economique ET environnemental. Sur le social, c'est la même chose, il ne peut y avoir de solidarité sans création de richesses. C'est ce que nous revendiquons dans nos propositions : intégrer les dimensions d'une croissance responsable et les marchés économiques à travers l'ensemble des actions menées. On n'a pas envie que la région des Pays de la Loire devienne une réserve d'anciens, réservée au troisième et quatrième âge pour se retirer au vert. On ne veut pas non plus d'une métropole qui continue de se développer au détriment de territoires qui se désertifient, on veut un projet équilibré !

...un équilibre qui passe par les transports ?

Le point faible de la région se situe au niveau des infrastructures. Pour le numérique, cela passe par la poursuite de la couverture du haut et du très haut débit pour que l'ensemble des zones du territoires puissent être connectées au monde. Sur les transports, comme tout avait été bloqué dans la perspective de l'aéroport Notre Dame des Landes, on accuse un retard qu'il faut maintenant compenser. Le contrat d'avenir signé en contre partie tarde à être mise en place, à l'image de l'axe Angers-Laval. Or, il est essentiel de déployer des connexions entre les villes moyennes et les métropoles pour que l'on puisse mieux se déplacer et interagir sur le territoire. C'est valable pour la route, mais aussi pour le fleuve et ses affluents ou le ferroviaire... pour permettre, par exemple, à des villes comme Angers ou Laval d'être plus facilement connectées aux aéroports internationaux parisiens et aux capitales européennes. C'est cette fluidité de circulation qui évitera un saupoudrage d'écoles et de centres de formation. Beaucoup de choses ont été abandonnés par le passé, dans le fret ferroviaire notamment, qui mériteraient d'être remis sur la table au regard des enjeux environnementaux.

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Commentaire 1
à écrit le 12/06/2021 à 1:53
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Que la Loire atlantique s'en aille n'est pas franchement un problème, la capitale intellectuelle et scientifique c'est Angers, le moteur industriel c'est le nord vendée, la Sarthe et Mayenne sont très dynamiques, nos taux d'emplois n'ont rien à rougi...

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