Les collectivités de l'Ouest mutualisent l'Open Data

La ville de Nantes, la Communauté urbaine de l'agglomération nantaise, le Département de Loire-Atlantique et la Région des Pays de la Loire font cause commune autour de l'ouverture des données numériques (Open Data). Pionnière en France, la mutualisation des informations publiques donnera naissance à une plateforme commune en fin d'année et, vraisemblablement, à la création d'entreprises dans le numérique
120 candidatures à l'appel d'offres de Nantes. DR

A regarder une carte de l'Hexagone, seules quelques tâches de couleurs laissent apparaître les zones où un programme d'ouverture des données publiques a été lancé. A Rennes, bien sûr, où ville et métropole ont les premières pris la question à bras le corps dès 2010. En Saône et Loire et à Paris, dans le Loir-et-Cher, en Gironde et à Bordeaux. A Nantes, enfin, où en février 2011, Jean-Marc Ayrault, sollicité par l'association nantaise liberTIC, donne son feu vert à l'ouverture des données publiques de la ville et de la communauté urbaine. Philippe Grosvalet, le président du Conseil Général de Loire-Atlantique lui emboite le pas. L'initiative fait boule de neige, fin mai, à la semaine européenne de l'open data à Nantes, la Région des Pays de la Loire décide libérer un jeu de 150 données publiques et, surtout, de rejoindre les trois autres collectivités à travers une plateforme mutualisée qui entrera en service en décembre prochain.

Une mutualisation inédite

Cette initiative est inédite en France. Il faut dire que la question de l'Open Data est relativement nouvelle dans le pays, l'ouverture des données publiques en France ne datant que de mars 2009 : le projet data.gov et, neuf mois plus tard, la directive qui fixe les trois piliers (transparence, participation et collaboration) de la coopération entre Etat et citoyen. Sur le terrain, dans le sillage des ateliers participatifs parisiens, émerge à Nantes l'association citoyenne LiberTIC pour promouvoir « l'e-démocratie et l'ouverture des données publiques ». A savoir rendre accessibles, de manière gratuite et réutilisable, des informations, liées aux transports, aux budgets, aux subventions, au tourisme, aux activités économiques et sociales ... détenues par les collectivités locales.

Un an de réflexion pour savoir quoi publier

«Nous avons été interpellés par le réseau associatif et nous avons donc pris un an de réflexion pour déterminer nos principes d'intervention pour déterminer précisément ce qui était privé, marchand ou public. Cette nécessité de transparence, d'innovation dans le numérique, le social et l'économique va amener de nouvelles manières de débattre et c'est là un des points de la cohérence territoriale», explique Christophe Clergeau, vice président des Pays de la Loire. Les informations libérées concerneront les transports, le tourisme, les rapports et délibération des séances plénières et des commissions permanentes. «Tout ce qui se décide au Conseil Régional comme les budgets, les endettements, les aides financières aux entreprises, à l'éducation et aux associations, les données de l'observatoire économique... » assure-t-il. Avec une petite longueur d'avance, Nantes Métropole et la ville ont ouvert le bal avec un jeu de 40 données (Tourisme, environnement, protection environnement, mobilité) consultables sur https://data.nantes.fr.
Le Conseil général de Loire-Atlantique a, à son tour, sélectionné un jeu de 150 données (la mobilité, l'environnement, le social, le territoire et la citoyenneté) mis en ligne sur https://data.loire-atlantique.fr. Avec un tiers de données statistiques, un tiers de cartographies et un tiers d'infos pratiques. Suivront les secteurs de l'éducation, le tourisme, la culture, l'économie... «On ne peut ouvrir que les données dont nous sommes propriétaires », explique Gaelle Rivoal, responsable du pole Innovation et MultiMedia au CG44, « d'où une certaine complexité quand certaines données sont partagées par des organismes associés».


Transparent mais pas forcément lisible


Si la transparence est en marche... pour la lisibilité, c'est autre chose. C'est toute la difficulté de la réutilisation des données. Pour être exploitables, les fichiers doivent être livrés dans un format brut. Pour le moins imbuvable, et à la condition d'avoir les logiciels ad' hoc pour les lire. « Maintenant, ca tourne, mais il va falloir aller plus loin », affirme Alexandre Mazzorana-Kremer, vice président de Nantes Métropole en charge des NTIC. C'est l'un des enjeux de la version 2 qui donnera naissance en fin d'année à une plateforme mutualisée. Sa mise en ?uvre reviendrait à 100.000 euros. La personnalisation restant à charge de chacun des acteurs, qui se sont au moins mis d'accord pour se retrouver sur un système commun. Outre une visibilité accrue avec des graphiques, des tableaux, des camemberts grâce à de nouveaux outils de consultations, de géolocalisations et d'informations en temps réel, la V2 va permettre de mettre toutes les données dans la même marmite. Chacun conservant sa page d'accueil distincte. Les politiques y tenaient... « La mutualisation du portail va nous ouvrir un boulevard... », estime Alexandre Mazzorana-Kremer «car, l'objectif de l'ouverture des données, c'est aussi la création d'entreprises numériques».

120 candidatures pour l'appel d'offres de Nantes

Pour ce faire, les acteurs régionaux de l'Open Data ont déjà lancé des appels à projets innovants pour faire éclore des start-up et favoriser la réutilisation des données (horaires, localisation, trafic...), sous forme d'applications diverses et variées (Smartphones, web, etc). De façon permanente au Conseil Général de Loire-Atlantique, qui mène des actions avec l'Ecole de Design, Polytechnique, l'Ecole Centrale.... A Nantes, où l'on a préféré mener une action temporaire, l'appel à projets « Rendez-moi la vie plus facile », a reçu 120 candidatures : 50 projets publics, 26 émanent de collectifs ou d'étudiants, et 28 d'entreprises privées. Pionnière en la matière, la Région compte déjà 1500 entreprises ?uvrant dans le numérique, soit 18.000 emplois. « Pour que les entreprises traditionnelles s'y intéressent vraiment, il faudra trouver un modèle ... économique», estime Gaelle Rivoal. Or, les fondements de l'Open Data reposent, pour l'instant, sur la gratuité... « C'est un gisement à exploiter », concédait toutefois le président de la Chambre de commerce et d'industrie lors de la quatrième édition du Web2Day, rendez-vous d'experts du web et du numérique, lancé à Nantes le 31 mai, par Fleur Pellerin, Ministre déléguée chargée des PME, de l'Innovation et de l'Economie numérique, venue goûter à la terre numérique du Premier Ministre.
 

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