La cash machine des 24 heures du Mans

Si des incertitudes pèsent sur un possible retour d'un Grand prix de Formule un en France, les 24 heures du Mans, qui fêtent ce weekend leur 80ème édition, échappent toutes ces interrogations. Les retombées directes et indirectes pour la région liées à la présence du circuit sont quantifiées et à même d'apporter des arguments aux défenseurs du sport mécanique automobile.
Les essais libres du 13 juin. ACO/Nikon

« Le circuit du Mans n'est pas une aberration économique ». Ce pourrait être la réaction d'un élu manceau, c'est celle d'un professeur de sciences économiques à l'université du Maine. Jean-Pascal Gayant sait de quoi il parle. Spécialiste de l'économie du sport professionnel, il s'est intéressé de très près à l'impact économique du circuit des 24 heures du Mans. Il s'est attaché, avec son collègue Arnaud Cheron, à passer au crible les données à disposition.
Sur la période 2006-2009, ce sont en moyenne annuelle 38 millions d'euros qui ont été générés directement par les épreuves organisées sur le circuit du Mans : 24 heures auto, moto, camion, Grand Prix de France moto, course de véhicules historiques, école de pilotage et location du circuit. Ces retombées directes sont générées par la billetterie, les droits télé, le marketing, ou encore la location d'espaces publicitaires. « Il faut toutefois y retrancher les dépenses des Sarthois, s'élevant à 4,8 millions d'euros, qui, de toute façon, auraient été injectées dans l'économie locale », précise Jean-Pascal Gayant. Soit en retombées directes, 33,2 millions d'euros annuels.
L'autre volet de l'étude concerne les retombées indirectes. « Quand un spectateur va dépenser 100 euros, c'est une recette pour l'économie locale, poursuit l'universitaire. Nous y incluons les dépenses de transport, d'hébergement et de restauration ». L'estimation est basée sur un travail de questionnement réalisée auprès d'un panel de spectateurs. A l'échelle du département, ces retombées indirectes représentent un montant de 27 millions d'euros.


75 millions d'euros de retombées annuelles pour la Sarthe


Le total des retombées financières pour le département de la Sarthe est donc d'un peu plus de 60 millions d'euros. Mais pour être encore plus précis, Jean-Pascal Gayant a appliqué une modélisation d'inspiration keynésienne, qui considère qu'un euro dépensé, du fait de sa circulation, génère plus d'un euro. Au final, les retombées économiques pour la Sarthe sont estimées à près de 75 millions d'euros par an. « Clairement, c'est au-dessus de ce que génère un Grand Prix de Formule 1, compare le professeur de sciences éco. En Formule 1, les droits télé, les droits de merchandising vont à la FOA (Formula One administration). De plus, les organisateurs doivent s'acquitter d'un ticket d'entrée ».


Une course atypique totalement maîtrisée localement


« Le Mans est de toute façon dans une situation atypique car le système local a la maîtrise de l'organisation », analyse Jean-Pascal Gayant. L'Automobile Club de l'Ouest, association de loi 1901, gère les épreuves sportives mais a également la main sur les droits télé ou encore le marketing. Elle s'appuie sur une équipe de 151 permanents et de 2 500 bénévoles et « réinvestit dans l'accueil du public, environ 3 millions d'euros par an depuis 3 ans », précise Fabrice Bourigaud, directeur marketing de l'ACO. L'an dernier, l'association a réalisé un chiffre d'affaires de 41 millions d'euros, dont la moitié pour la seule épreuve des 24 heures du Mans auto. Les infrastructures sont quant à elles gérées par un syndicat mixte, regroupant les collectivités locales (département à 50%, conseil régional à 25%, le Mans et le Mans Métropole à 25%). C'est lui qui investit majoritairement dans le circuit. Depuis 2004, 60 millions d'euros ont été investis, dont 50 apportés par le seul syndicat, « destinés notamment à la remise aux normes », explique son président et par ailleurs président du conseil général de la Sarthe, Jean-Marie Geveaux.


Le circuit induit 2000 équivalents temps plein par an


C'est un montant qui peut paraître important mais l'ensemble participe de l'activité économique du territoire. « Au final, le circuit représente un peu plus de 2 000 emplois équivalent temps plein annuels », argumente Jean-Marie Geveaux. Et l'élu d'insister sur un autre point, essentiel, l'image. « La course des 24 heures est mondialement connue, la ville du Mans est mondialement connue. Les 24 heures du Mans sont donc un fabuleux vecteur de communication pour la ville, pour le département ». Un capital non quantifiable, mais dont chacun sait qu'il vaut son pesant d'or.

 


 

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Commentaires 3
à écrit le 16/06/2012 à 8:05
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Je crois que les auteurs de l'étude ont quantifié ce qu'il pouvaient quantifier, c'est à dire le plus ou moins évident. Quel, par exemple, le coût environnemental ou en termes de santé publique, de la pollution de ces véhicules tournant en permanence...

à écrit le 14/06/2012 à 19:07
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L'étude des universitaires illuminés fous furieux conclue au fiat que ce business "s'appuie sur une équipe de 151 permanents et de 2 500 bénévoles"... in finé ces 2 500 bénévoles sont plutôt des esclaves qui remplissent les poches des 151 permanents ...

à écrit le 14/06/2012 à 18:30
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et depuis quand l'argent capté par le sponsoring est de la creation de richesse ? C'est du detournement de bien social, ça rencherit le prix des produits, aucun contenu, cette économie marketinge est débile !

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