Laval invite le consommateur à la conception des innovations

C'est une première en France : Neoshop va ouvrir ses portes à Laval, en Mayenne. Une boutique qui proposera, à partir de septembre prochain, des objets innovants, à la conception desquels les consommateurs sont invités à contribuer. L'espace, initié par Laval Mayenne Technopole, se veut avant tout un test commercial grandeur nature pour les start-up.
L'une des salles de Laval Mayenne Technopole consacrées à la rencontre des innovateurs et des consommateurs. / DR

Laval Mayenne Technopole (LMT) aurait-elle trouvé le chaînon manquant en matière d'accompagnement de start-up ? C'est bien l'impression qui domine à la découverte de Neoshop. Derrière cette marque -déposée - se cache un outil au service des entreprises innovantes. À partir du mois de septembre, un espace commercial dédié à l'innovation va voir le jour en plein centre-ville de Laval. Avec l'idée forte de confronter les innovations au grand public et d'apporter la preuve aux distributeurs que le produit fonctionne.

« Les porteurs de projets ne viennent pas du commerce ou du marketing, souligne Christian Travier, directeur général de LMT. Or, dans notre dispositifd'accompagnement, nous nous sommes rendu compte qu'il y avait beaucoup de choses sur le financement, la R&D, etc. Mais quand les entreprises arrivent avec leur produit sur le marché, il n'y a plus rien. D'où l'idée de créer un lieu pour démarrer la commercialisation. » L'idée a germé en août2011 pour une ouverture, d'abord privée, en juillet 2013, avant que le grand public puisse y accéder, en septembre prochain.

La phase de conception a donc pris du temps, mais les promoteurs de Neoshop l'ont conduite dans les règles : présentation du projet à Laval Agglo, état de l'art, benchmark, et surtout partage. Et c'est bien là l'une des dimensions essentielles du projet. Car si LMT peut revendiquer la paternité de l'idée originelle, c'est au sein du réseau européen Open Innovation (lire encadré) qu'elle a su évoluer. « L'idée a été lancée auprès de nos huit partenaires et chacun a participé, que ce soit dans la phase de conception, d'aménagement ou encore de commercialisation », rapporte Idir Aït-Arkoub, le président de LMT et par ailleurs vice-président de Laval Agglo, en charge de l'innovation et de l'enseignement supérieur.

Un partenariat étendu à la commercialisation

Concrètement, cet espace de 200 m2 répartis sur quatre niveaux propose une boutique, un lieu de coworking et de réunions, une surface d'exposition et un étage consacré aux Living Lab et Fablab. Neoshop fait donc d'une pierre quatre coups en apportant à Laval une cantine numérique, mais aussi une interface d'échange entre concepteurs de produits innovants et utilisateurs et/ou acheteurs. « Les Living Lab et Fablab permettent d'associer les utilisateurs à l'élaboration des innovations avec un espace où les consommateurs pourront questionner sur des projets encore au stade de l'idée, un espace de test de prototypes et un lieu outillé de coopération pour la mise au point des innovations », détaille Marion Hurbin, en charge du projet à LMT.

Preuve de cette volonté partenariale inscrite dans l'ADN de l'endroit, l'aménagement et le mobilier ont été réalisés par des designers locaux. En échange, le lieu sert de galerie. « Nous avons l'intention de renouveler ainsi le mobilier chaque année », explique Marion Hurbin. Avec également la volonté d'en faire profiter le territoire. Par exemple, une entreprise mayennaise a fabriqué une table présentée par un designer. Le produit lui a plu au point qu'elle a exprimé le souhait de la fabriquer et de la commercialiser en plus grande série.

Partenariat encore quand il s'agit de rédiger les contrats liant Neoshop aux start-up pour la commercialisation des objets. « Nous nous sommes fait aider par un avocat sur le travail rédactionnel. Choisi pour sa connaissance du monde de l'innovation, il peut compter en retour sur notre réseau. » Partenariat toujours dans le processus de commercialisation. Une personne sera bien employée pour assurer la présence et vendre, mais les entrepreneurs seront aussi mis à contribution, pour former le vendeur et éventuellement aller au contact des clients.

Tous les trois mois, de 30 à 40 nouveaux produits

« Cela me permet d'avoir une composante commerciale et un retour direct des consommateurs », explique François Mermoud, PDG de Red Motion. Cette société incubée au sein de LMT a conçu un guidon antivibration pour vélo. Ce sera l'un des premiers objets exposés et vendus par Neoshop. « C'est un premier pas en direction du public, analyse Christian Travier. Ceux qui voudront des études scientifiques, nous les mettrons en relation avec des prestataires que nous sélectionnerons. » Au total, de 30 à 40 produits devraient ainsi être proposés à la vente, avec un renouvellement tous les trois mois environ.

Laval Agglo a investi entre 120 000 et 150 000 euros dans le projet. Neoshop va aussi se rémunérer sur les ventes pour une commission s'échelonnant entre 10 et 40 %, comme dans la distribution. Mais au-delà du modèle économique, le président de LMT voit dans la boutique un atout pour le territoire. « Neoshop amène Laval à se positionner comme une ville où l'innovation est permanente. » Et Idir Aït-Arkoub de conclure : « Avec Neoshop, on prend un risque, mais la prise de risque va de pair avec l'innovation. »
 

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