La recherche pour échapper aux cahots de l’automobile

Trop dépendant de l’automobile, le plasturgiste Plastivaloire veut se diversifier dans de nouveaux secteurs, notamment les cosmétiques et l’aéronautique, pour consolider son développement et sa croissance. Il vient pour cela de se doter d’un centre de R&D où tous ses équipements sont testés.
Plastivaloire emploie 4.500 salariés répartis sur 24 unités de production, dont la moitié en France. / DR

Pas question de subir la crise de l'automobile et de connaître la spirale du déclin : Plastivaloire, un des leaders de la plasturgie par injection, veut réagir. Et pour cela, cette entreprise de taille intermédiaire installée à Langeais, en Touraine, a dégainé deux armes : l'innovation et la diversification.

Avec 24 unités de production en Europe, dont la moitié en France, 4.500 salariés et un chiffre d'affaires proche de 400 millions d'euros, l'entreprise familiale entend rester un poids lourd européen du secteur, notamment après le rachat en 2010 du plasturgiste Bourbon.

« Mais Bourbon était uniquement dans l'automobile, note Patrick Findeling, le PDG de Plastivaloire. Nous sommes donc devenus extrêmement dépendants de ce secteur. »

D'autant que, dans le même temps, son activité électronique (en particulier pour les téléviseurs à tube cathodique) a été réduite à néant avec l'arrivée des écrans plats. Plastivaloire a cherché à rebondir avec l'automobile, secteur qui, lui aussi, a commencé à plonger. Les indicateurs sont donc passés au rouge au début 2013 pour cette entreprise traditionnellement florissante, avec quelques mois de pertes. L'inversion de la tendance est intervenue à la fin de l'été.

« Nous sommes sortis du rouge, se réjouit Patrick Findeling, nous avons touché le bas et apercevons le bout du tunnel. La reprise est là et 2014 sera une bonne année, avec une activité qui pourrait passer à 420 millions d'euros. »

Cependant, Plastivaloire ne veut plus dépendre uniquement du secteur automobile, qui représente aujourd'hui 75% de l'activité. L'entreprise a ainsi lancé depuis quelques mois un véritable plan stratégique pour innover et se diversifier. Aujourd'hui, près de 1!% de l'activité est consacré à l'innovation.

« Un chiffre qui peut paraître faible, souligne Dominique Manceau, le responsable R&D, mais qui est important pour un cotraitant qui n'a pas de produit propre. Il y a encore peu, toute l'innovation était assumée par nos clients. »

Grâce à nos innovations, aucune restructuration en France

Pour porter cette recherche appliquée, Plastivaloire vient d'investir plus de 6 millions à Langeais dans son centre de R&D, qui testera tous les moules avant qu'ils soient installés dans les usines du groupe.

« Nous sommes la seule entreprise en France, et sans doute en Europe, à vérifier et à qualifier tous nos moules avec des presses neuves », pointe Patrick Findeling.

Ce centre est d'autant plus important qu'il doit accompagner la diversification du groupe dans deux nouvelles activités : la cosmétique et l'aéronautique. Un département PVLBeauté a déjà été créé et des clients - tenus secrets - ont été conquis. Pour produire des flacons, des bouchons ou de la décoration, Plastivaloire a travaillé avec un chimiste pour élaborer de nouveaux matériaux à effet lourd et forte densité, des matériaux polyamides chargés à base de céramique appelés « eCeram ».

« Quand on attaque un nouveau marché, explique Dominique Manceau, notre savoir-faire ne suffit pas, il faut être innovant, apporter de nouveaux matériaux et de nouvelles technologies. C'est une course en avant. »

En plus des matériaux, l'entreprise apporte ainsi de nouvelles techniques de métallisation, ou du « heat and cool », qui permet de livrer des produits « brillants et noirs comme un piano », avec une image de luxe, très éloignée du PVC classique. Cette technique permet en particulier de supprimer la phase du laquage et de produire plus rapidement et moins cher. À terme, Plastivaloire vise un chiffre d'affaires dans les produits de beauté compris entre 10 et 20 millions. L'entreprise familiale était aussi présente pour la première fois cette année au Salon aéronautique du Bourget, signe avant-coureur d'une implication sur ce marché.

« La demande de tous les constructeurs, observe Dominique Manceau, c'est l'allégement des pièces pour fabriquer des avions plus légers et moins consommateurs de carburant. »

Montée en gamme et hausse des marges

Là encore, Plastivaloire travaille avec un chimiste sur de nouveaux matériaux composites pré-imprégnés, polyamides, chargés de fils de carbone. Matériaux déjà sur le marché, mais que le plasturgiste veut qualifier à grande échelle par de nouvelles technologies. L'objectif est aussi d'en améliorer la productivité avant de les introduire dans son cœur de métier, l'automobile.

« Mais, dans l'aéronautique, le développement est long, prévient le responsable R&D, cela prendra des années avant de réaliser une activité qui pourrait être comprise entre 5 et 10 millions. »

Plastivaloire travaille aussi sur d'autres pistes, dans la domotique, le matériel médical ou la pile à hydrogène, en partenariat avec le CEA. Cette montée en gamme doit améliorer les marges et surtout maintenir l'emploi en France.

« Notre activité est totalement équilibrée entre la France et l'étranger, explique Patrick Findeling. Grâce à nos innovations, cet équilibre sera respecté sans aucune restructuration prévue sur le sol français. »

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.