En Pays de la Loire, "comment maintenir l’équité des dispositifs du nord au sud "

[ #Regionales 2015 ] Entretien avec Lionel Delbos, directeur général délégué à l’économie et à l’innovation
Lionel Delbos, directeur général délégué à l’économie et à l’innovation

LA TRIBUNE - Quel aurait été, selon vous, le bénéfice d'un rapprochement entre la Bretagne et les Pays de la Loire  ?

Il aurait été en adéquation avec un certain nombre de dynamiques engagées par les acteurs économiques. Notamment les pôles de compétitivité qui sont partagés entre ces deux régions. Tous les pôles des Pays de la Loire ont des antennes en Bretagne et réciproquement. Dans des secteurs comme l'agroalimentaire, les énergies marines renouvelables, avec des entreprises comme STX, DCNS... un seul interlocuteur leur aurait simplifié la vie.

Mais les acteurs économiques n'ont pas attendu pour s'engager dans des processus de rapprochement et de fusion. Cela aurait aussi pu apporter une simplification et une lisibilité aux acteurs universitaires. Même si ce sera le cas, au 1er janvier prochain, lorsque la communauté d'universités et d'établissements Bretagne-Loire se mettra en place.

Quels travaux prospectifs avez-vous engagé sur ce sujet  ?

Lorsque, en début d'année 2014, la question du découpage des régions s'est posée, nous avons confié une étude au Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) qui, en lien avec les Ceser de Bretagne, Val-de-Loire et Centre, a réalisé une cartographie de toutes les coopérations et accords de partenariats interrégionaux existants. Très vite, il est apparu que le nombre de partenariats avec la Bretagne était le plus important.

Au nombre de 246 contre 61 pour la région Centre, par exemple. Au quotidien, on accompagne les logiques portées par les acteurs économiques, comme les pôles de compétitivité EMC2, Atlanpole Biotherapies... Les échanges sont récurrents avec la région Bretagne. Quand l'un identifie de vrais potentiels, souhaite intégrer telle entreprise ou constituer un consortium, si les élus sont partants, on soutient ces initiatives.

Votée en juillet pour accompagner le redécoupage territorial, la Loi NOTRe, octroie de nouvelles compétences économiques aux régions. Comment appréhendez-vous ce sujet avec les départements ?

La plupart des départements se sont dotés de comités d'expansion ou d'agences de développement économique départementales qui ne pourront plus financer les entreprises à compter du 1er janvier 2017. On a commencé à échanger avec les départements mais les situations sont extrêmement diverses.

La Loire-Atlantique avait déjà entrepris un désengagement fort et fonctionnait avec une équipe réduite. La Vendée, la Sarthe ou le Maine-et-Loire ont encore des comités d'expansion importants avec 80 ou 90 personnes. Pour l'instant, on fait un état des lieux. La vraie question est de savoir si l'on doit laisser subsister des structures de soutien économique à l'échelle du département.

Quelle est la bonne échelle pour accompagner les entreprises ? Est-ce la commune, l'intercommunalité, le département, la région ? Comment la région va-t-elle pouvoir maintenir l'équilibre et l'équité des dispositifs du nord au sud du territoire ? Même si, comparé aux 12 autres régions, les Pays de la Loire deviennent une petite région, de La Faute-sur-Mer à Laval, tout ne peut pas et ne doit pas être géré depuis Nantes. Le développement économique ne se fait pas que dans les métropoles. Le quadrimestre qui nous sépare de l'échéance électorale va nous permettre d'établir une cartographie. Cet état des lieux permettra au prochain exécutif de la Région de proposer une réorganisation pour 2017, en cohérence avec les départements.

Que peuvent en attendre les chefs d'entreprise ?

La disparition d'échelons va simplifier le paysage. Il ne faut cependant pas perdre la plus-value et l'expertise qu'apportaient les comités d'expansion. Le guichet unique est un mythe. La France a empilé des logiques et des organisations compliquées, qui rendent la vie difficile aux entreprises.

Plutôt que de sabrer dans le mille-feuille, on essaie de mettre en réseau les personnes en contact avec les entreprises. C'est ce qu'on a engagé depuis un an et demi avec le portail PME-Pays de la Loire et le réseau de développeurs économiques qui associe 600 à 800 personnes issues des intercommunalités, des comités d'expansion, de la Région, des chambres consulaires. On est dans une logique de mise en contact.

Aujourd'hui, on a un regard complet sur les aides diverses dans les Pays de la Loire. Plus il y a d'aides, plus on a de chances qu'elles correspondent à la diversité des entreprises. Mais encore faut-il qu'elles sachent à qui s'adresser. D'où notre logique de mise en réseau des aides. L'accélération des aides, le nombre de dispositifs n'est pas le problème, la question, c'est de les articuler et de les rendre le plus visible possible.

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>>> Retrouvez notre série "Régionales 2015" dans le Grand Soir/3 présenté par Patricia Loison chaque jeudi vers 22h30

Extrait du Soir 3 du jeudi 17 septembre 2015

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