Hélicéo lève 1,5 million d'euros... et s'envole pour l'export

Spécialisée dans la fabrication de drones civils professionnels dans le domaine de la géomatique, Hélicéo finalise une levée de fonds de 1,5 million d'euros. Deux ans après sa création, la société nantaise envisage déjà un nouveau recours aux fonds d'investissement en vue de monter une filiale et une unité de production aux Etats-Unis.
Après une présence confirmée sur des salons à la Nouvelle Orléans et Las Vegas, Hélicéo s’implantera en Allemagne et au Royaume-Uni, puis aux Etats-Unis courant 2016-2017

"C'est un marché où tout va très vite, et où les plus rapides mangent les plus lents...", résume Jean-François Baudet, fondateur et dirigeant d'Hélicéo, startup nantaise née il a tout juste deux ans, qui achève une levée de fonds de 1,5 million d'euros, menée auprès des fonds Sequoïa, Feed et de la région des Pays de la Loire pour étoffer l'équipe de R et D et lancer son développement à l'international.

"Dans un 1er temps, nous avons fait le double choix de nous concentrer sur le marché de la géomatique et de construire nos propres solutions métiers pour proposer une offre 100% adaptée et clés en main. », explique le PDG Hélicéo.

"On doit, maintenant, renforcer notre communication, donner plus d'emphase au business pour aller clairement à l'international", affirme-t-il.

En d'autres termes creuser son sillon et donner plus de relief aux innovations nées à la périphérie nantaise.

Des drones par tous les temps

C'est là, dans les locaux du Hub Creatic, incubateur, pépinière et hôtel d'entreprises fondé par Nantes Métropole en 2014, qu'Hélicéo a déployé ses ailes et donné naissance à des drones multirotors (Fox4 et Fox 6), de minis-avions (Foxy slim et Foxy pro) capables de décoller à la verticale et surtout du concept inédit de la Dronebox, en mesure d'être embarquée sur l'un ou l'autre des appareils, et du logiciel Hask destiné à accroître la précision des GPS. Bref, un ensemble d'outils nécessaires au positionnement, à la photogrammétrie et à la modélisation 3D requises par les géomètres et topographes.

"Il ne s'agit pas seulement de prétendre ce que l'on peut faire, il faut aussi le prouver, comme mesurer une pièce de 2 centimètres à 100 mètres de hauteur", explique Jean-François Baudet, patron d'une start-up résolument ancrée dans l'innovation.

Quand les drones utilisés pour l'audiovisuel s'arrêtent de voler dès que le vent souffle à 25 km/h, ceux d'Hélicéo travailleraient encore par 50 km/h de vent, "alors que les casques de chantier s'envolent !", souligne Jean-François Baudet.

Des circonstances de navigation qui ont amené l'entreprise à embarquer des capteurs pour améliorer les processus de calibration et corriger les aberrations optiques lors des prises de vue. Des logiciels  spécifiques ont été conçus pour peaufiner la planification de vols, qui promettent d'être de plus en plus pointus, et implique de dispenser des formations qui contribuent à hauteur de 20% du chiffre d'affaires de l'entreprise, qui a noué un partenariat avec la société Pix4dmapper pour traiter les données et les rendre accessibles et facilement manipulables.

Une nouvelle levée de fonds de 10 millions d'euros

Car, lancée sur le marché terrestre, Hélicéo veut d'ici la fin de l'année venir sur le marché maritime pour participer à la lutte contre les pollutions, la piraterie, survoler des champs éoliens, surveiller la pêche industrielle, mener des missions cartographiques, etc. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui a motivé la levée de fonds.

"Aller en mer impose de nouvelles contraintes et de nombreux sujets de recherches. L'autonomie, le gain de poids des appareils, le vent, l'humidité, les techniques d'appontage, etc", reconnait le patron d'Hélicéo.

Pour accélérer la recherche technologique, il envisage le recrutement de cinq ingénieurs et commerciaux qui viendront étoffer une équipe composée de seize personnes actuellement.

"Nous devrions être trente personnes à fin 2017", prévoit-il.

Encore peu significatif, au regard d'un au regard d'un marché, qui selon BPIFrance affiche une croissance de 70% par an, le chiffre d'affaires de la startup nantaise pourrait  atteindre 3 millions€ en 2017. Si l'utilisation du drone tend à se généraliser, notamment en France, deuxième utilisateur de drones, le marché français demeure encore trop lent aux yeux de Jean-François Baudet, concurrencé par les fabricants suisses et allemands.

"L'objectif est de croitre de deux millions par au cours des trois prochaines années en réalisant 80% des ventes à l'export", estime-t-il.

D'où la volonté d'implanter courant 2016-2017 des agences commerciales et des ateliers techniques en Allemagne et en Grande-Bretagne pour capter des marchés, pouvoir dispenser des formations et monter en puissance.

"Face à la croissance du monde du drone, il est impératif d'aller à l'étranger pour prendre des parts de marché", observe le patron nantais qui envisage pour le début de l'année 2017, une levée de fonds de 10 millions d'euros pour créer une filiale de fabrication de 30 à 40 personnes aux États-Unis. Vraisemblablement en Floride ou en Californie. Un univers très différent de la France où Hélicéo se félicite des dispositifs de soutien accessible dans l'hexagone.

Un tissu industriel local avantageux

"Les étrangers nous regardent avec envie", constate Jean-François Baudet, dont la structure a été labellisée Jeune entreprise innovante (JEI) par le ministère de la Recherche et l'Enseignement supérieur.

De fait, les soutiens ont été nombreux. Lauréate à deux reprises du réseau Entreprendre et de Star West en 2014, elle a bénéficié des programmes de développement d'Airbus et Total, d'aides de la Région des Pays de la Loire, de Bpifrance, de l'accompagnement de la technopole Atlanpole.

"Mais aussi de la présence des deux locomotives que sont Airbus et le chantier naval STX France qui, dans l'Ouest, drainent autour d'eux un tissu industriel de centres de recherche  (EMC2, IRT Jules vernes, etc.) et de sous-traitants dont le savoir-faire est très pointu. Que ce soit pour les techniques d'usinage pour la découpe du carbone et le travail des composites, nous avons là un avantage concurrentiel indéniable", reconnait Jean-François Baudet.

À tel point qu'Hélicéo qui a, en revanche, choisi d'avoir un designer en interne en fait une véritable stratégie.

"Nous avons des partenariats avec onze sous-traitants et une vingtaine de collaborateurs prestataires de la découpe à l'électronique", précise-t-il.

Un moyen de limiter les investissements en machine outils et outillages pour concentrer les investissements sur la R et D. Même si Hélicéo s'incruste de plus en plus dans les espaces Hub Créatic, l'entreprise devrait à terme monter sa propre usine d'assemblage.

"Pour l'heure, grâce à l'innovation, on peut justifier des prix plus élevés...", indique le patron d'Hélicéo qui vise la sortie de trois ou quatre nouveaux produits dès l'été prochain.

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