Télévision : France 3 va supprimer 500 emplois dans les trois années à venir, selon le SNJ

La locale de Grenoble est sur le point de fermer, après celles de Rennes, Lille et de Clermont-Ferrand. Une décision dictée par des considérations économiques, dans un contexte de concurrence accru entre chaînes. Les salariés craignent la fin des journaux télévisés de proximité.
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Le cap des 1 200 signatures recueillies « pour sauver la locale de France 3 Grenoble » a été franchi mardi 11 décembre. La pétition lancée par un collectif de salariés devrait atteindre dans la semaine les 2 000 signataires visés. En jeu : les six minutes quotidiennes consacrées au bassin grenoblois, un journal télévisé appelé à disparaître le 7 janvier, après treize ans d'existence. Annoncée lors du comité d'établissement du 20 novembre, la décision de la direction de France 3 Alpes a été confirmée dans la foulée par André Faucon, le délégué régional. Celui-ci évoque, dans un courrier interne, « l'intégration » de la locale de Grenoble dans l'édition régionale qui couvre l'Isère et les deux Savoie. La direction se refuse toutefois à répondre à la presse avant la tenue du comité d'entreprise, prévu vendredi 14 décembre.
« Fabriquer une édition locale reviendrait trop cher pour cette antenne régionale, la plus petite de France 3 de par ses effectifs », explique François Ollier, journaliste à la locale et secrétaire général du Syndicat National des Journalistes (SNJ). « Elle est pourtant l'une des locales urbaines les plus regardées, avec près de 100 000 téléspectateurs dans les Alpes ». Au total, une quinzaine de salariés est concernée : la petite dizaine de permanents qui vont intégrer l'édition régionale, mais aussi les salariés intermittents et en CDD qui risquent de ne pas être repris.

Emiettement de l'audience

"De près on se comprend mieux". Tel était pourtant le slogan lancé en 2001 pour vanter ce journalisme de proximité. "Un slogan qui a du plomb dans l'aile", juge avec amertume le collectif de salariés. Déjà, les locales de Rennes, Lille et de Clermont-Ferrand ont été supprimées, également pour des raisons économiques. Car la direction de France Télévision cherche à réduire sa masse salariale. Après un plan de départs volontaires à la retraite, elle conduit aujourd'hui un plan de départs volontaires ciblés. « 500 emplois doivent ainsi être supprimés dans les trois ans qui viennent », précise François Ollier. Par ailleurs, les douze éditions locales du pôle Sud-Ouest de France 3 vont fermer une semaine en fin d'année et devraient à nouveau s'arrêter quatre semaines l'été prochain.
Principale cause : l'émiettement de l'audience. « Le problème de France 3 découle surtout de la création de France 4, France 5 et France O entre les années 90 et 2000. Quant à la TNT, elle n'a fait que démultiplier l'offre », rappelle Benoît Lafon, maître de conférences et chercheur en Sciences de l'information et de la communication à Grenoble, auteur d' Histoire de la télévision régionale, de la RTF à la 3, 1950-2012, à paraître en janvier chez Ina Editions. « Cette année, la chaîne est tombée à 9,75 % d'audience, confirme Monique Dagnaud, sociologue, directrice de recherche au CNRS EHESS. Et dans le même temps, le coût de ses programmes est passé de 675 millions à 852 millions d'euros. » Un problème qui ne devrait pas s'arranger avec la création, le 12 décembre, de six nouvelles chaînes gratuites de la TNT. Autant d'acteurs supplémentaires qui devront se partager un gâteau publicitaire en chute libre.
 

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Commentaires 2
à écrit le 13/12/2012 à 8:07
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Faut il rappeler que la France est le seul pays en Europe à ne pas avoir de télévision régionale à part entière.et que les chaines dites nationales sont toutes parisiennes. 5mn d?expression locale TV, incluses à moins de 2H de régional par jour, au...

à écrit le 11/12/2012 à 22:23
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comment on va licencier les collégues socialos c'est pas bien !

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