Les Girondins se placent sous la protection de "Ramsès"

Dispositif permettant en temps réel la prévention contre les inondations et le contrôle des stations d'épuration, Ramsès est un modèle de connectivité à grande échelle. À la fois outil d'aide à la décision et moyen d'action.

Pour tenir à flots une métropole traversée par plus de 100 cours d'eau, et dont le tiers de la surface culmine à une altitude inférieure à celle de la Garonne à marée haute, il fallait un dispositif très intelligent. Le système Ramsès, (Régulation de l'assainissement par mesures et supervision des équipements et stations), répond à la volonté séculaire des Bordelais de flotter sans trop se mouiller.

Comme un décor de film des années 1970, entre un James Bond et 2001, l'Odyssée de l'espace, Ramsès étale sa toute-puissance sur le grand mur du poste de contrôle où brillent le squelette et les organes hydrauliques de la métropole. Les flux de données sur la météo ou l'amplitude des vagues transmis en temps réel sur les fenêtres incrustées dans l'écran central dissipent vite cette illusion proto-Web.

Développé par la Lyonnaise des eaux pour la Communauté urbaine de Bordeaux (Bordeaux Métropole depuis le 1er janvier), Ramsès, dont le cerveau a été refait en 2007, est un noyau d'applications parfaitement contrôlé par ses utilisateurs, un système de protection dynamique de la métropole, capable d'anticiper les mauvais coups de la météo.

Connexion globale de tous les ouvrages

« Le 31 mai et le 2 juin 1982, la communauté urbaine a été frappée par de très violents orages accompagnés de trombes d'eau. C'est après cet épisode météo [qui fera 1500 sinistrés, ndlr] que le conseil de Bordeaux Métropole a décidé de lancer un programme de régulation », rappelle Jean-Patrick Rousseau, ingénieur à la direction de l'eau de Bordeaux Métropole.

Il faudra dix ans d'investissements pour que la Lyonnaise des eaux (devenue Suez Environnement en mars dernier) mette au point ce supercalculateur axé sur une gestion dynamique des événements.

« Le centre de télécontrôle de Ramsès, livré en 1992, est connecté à tous les ouvrages de protection contre les inondations - stations de pompage, bassins de stockage... -, ainsi qu'aux stations d'épuration et commande tous leurs organes clés, qu'il s'agisse d'ouvrir ou de fermer une énorme vanne, ou de relâcher l'eau d'un bassin de stockage. Si l'on devait refaire Ramsès à neuf aujourd'hui il y en aurait pour pas loin de 5 milliards d'euros », estime l'ingénieur.

C'est grâce à sa connexion en temps réel avec le radar de Météo France que Ramsès est capable de prévoir l'arrivée des dépressions chargées en pluie. Un réseau de capteurs au sol constitué de 49 pluviomètres, dont 39 communicant en continu avec Ramsès, permet de suivre l'évolution des précipitations, de moduler la défense par rapport à l'intensité réelle de la menace. Et Ramsès ne dort jamais.

Le biogaz, un gisement d'énergie à exploiter

« Il ne faut pas oublier qu'il y a aussi des hommes, 24 h/24, 365 j/365. En plus des télécontrôleurs sur place, nous avons en permanence 30 personnes d'astreinte et en cas de problème nous disposons d'une salle de crise. Le périmètre de 30 km sur 30 que nous surveillons intègre Bordeaux Métropole et connaît 10 à 15 alertes météo par an », détaille Chantal Jacopin l'Azou, responsable du pôle innovation et environnement de la Société de gestion de l'assainissement de la métropole (SGAC), filiale de Suez Environnement Bordeaux.

Une fois qu'elles ont dévalé les toitures, le bitume des avenues, des cours, des rues ou le béton fissuré des friches industrielles, les eaux de pluie sont polluées. En plus des eaux usées produites par la population, les stations d'épuration doivent donc également traiter ces volumes.

« De l'amont à l'aval, grâce à Ramsès, la gestion est globale, tout est imbriqué : les eaux pluviales et les eaux usées. Nous commençons désormais à mesurer l'effet des eaux dépolluées, d'origine pluviale ou non, sur le milieu naturel, dans la Jalle de Blanquefort », annonce Chantal Jacopin l'Azou.

La gestion très hautement intégrée permise par Ramsès, sur un territoire aussi vaste que celui de la métropole bordelaise, offre d'énormes possibilités. Ainsi, une des nouvelles préoccupations de Bordeaux Métropole et de Suez Environnement Bordeaux consiste à améliorer la performance énergétique du système de protection et d'épuration, en récupérant le biogaz produit par le traitement des boues. Un gisement d'énergie à fort potentiel, qui pourrait bientôt, comme l'évoque JeanPatrick Rousseau, être injecté dans le réseau de Régaz, qui achemine le gaz de ville dans la métropole et le Médoc.

>>> RAMSÈS EN CHIFFRES

  • 2 000 kilomètres de canalisations pour collecter les eaux pluviales.
  • 137 stations de pompage.
  • 66 bassins d'étalement.
  • 49 pluviomètres.
  • 6 stations d'épuration.
  • 2 millions de m3 de capacité de stockage des eaux de pluie dans les bassins de retenue affermés.
  • 40 000 et 65 000 m3 de capacité de stockage en bassins souterrains.

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