Le rebond s'amorçait déjà avant la crise du coronavirus. De fait, la filière textile recrutait de nouveau depuis 2016, après une longue traversée du désert, au cours de laquelle les délocalisations, essentiellement pour des questions de coût de main d'oeuvre, l'avaient laminée. « L'industrie textile n'a pas attendu le coronavirus pour se réinventer, souligne d'ailleurs Agnès Laurent, responsable du domaine Industrie, à la direction de l'innovation de Bpifrance. Elle a su faire preuve de résilience. Avec la crise, la filière textile a simplement l'opportunité de révéler son caractère stratégique ».Certes, il lui reste encore du chemin à parcourir, en ce qui concerne par exemple la fabrication de filtres pour masques chirurgicaux et FFP2. « Nous avons des capacités de production de polypropylène en France, qu'il serait possible d'exploiter à ces fins », souligne Abdelkader Berkane Krachai, responsable de l'aéronautique et du spatial pour Bpifrance. Autre élément qui rend les deux experts optimistes sur l'avenir, la capacité de la filière à innover. Textiles intelligents à base de capteurs pour des vêtements plus chauds ou rafraîchissants, matériaux ultralégers ou super résistants pour l'aéronautique ou l'automobile : des start-up, comme clim8 et BioSerenity, montrent la voie.
Une renaissance verte
Sans oublier le Programme d'Investissements d'Avenir (PIA) opéré par Bpifrance. Dans le cadre de ce dispositif, dévolu au financement de l'innovation, figure un PIA textile, le PIAVE, lancé en 2017. « Et l'appel à projets a très bien fonctionné », se félicite Agnès Laurent. Au point que cette experte espère une reconduction du programme. « Et un autre PIA pourrait aider à la reconstruction de toute la chaîne de valeur », poursuit Abdelkader Berkane Krachai. Car il faut en effet que tous les maillons soient présents, quitte à mutualiser les efforts, sous forme de plateformes collaboratives et ouvertes. C'est vrai pour la récupération de vieux tissus, qu'il faut pouvoir recycler pour leur offrir une deuxième vie, ou pour les filtres des machines à laver, laissant encore passer de fines particules synthétiques, qui se retrouvent ensuite dans les océans. « Là aussi, nous pourrions penser à une plateforme dédiée », avance Abdelkader Berkane Krachai. Dans tous les cas, la renaissance de la filière, déjà entamée, sera verte.« Nous n'oublions pas l'objectif de compétitivité prix, souligne Agnès Laurent, mais la composante environnement va de pair avec celle de l'innovation ». Et si, aujourd'hui, l'heure est aux plans d'urgence pour sauver l'économie, la banque publique réfléchit déjà à la deuxième étape, celle d'un plan de relance. Il inclura forcément la volonté de relocaliser des pans entiers de l'industrie, et la filière textile en fera partie.
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