Bouygues Telecom reprend du poil de la bête

Au premier semestre, l'opérateur de Martin Bouygues a annoncé un bénéfice net de 122 millions d'euros, contre une perte de 12 millions l'an dernier à la même période.
Pierre Manière
Pour Stéphane Beyazian, analyste chez Raymond James, Bouygues Telecom a "les moyens de survivre dans le marché actuel".

Depuis le printemps 2016 et l'échec de son rachat par Orange, Bouygues Telecom n'a cessé de clamer qu'il était armé pour retrouver seul le chemin de la croissance dans un marché des télécoms à quatre acteurs. À ce moment-là, beaucoup étaient pour le moins sceptiques vis-à-vis de ces dires. Ils jugeaient notamment que le groupe de Martin Bouygues ne dégageait pas assez de bénéfices pour investir suffisamment dans les nouveaux réseaux à très haut débit - et surtout dans la fibre optique. Et donc que son avenir était menacé.

À en juger par les derniers résultats semestriels de Bouygues Telecom, publiés ce jeudi, il semble que le groupe soit, aujourd'hui du moins, sur la bonne voie. Sur les six premiers mois de l'année, l'opérateur a dégagé un bénéfice net de 122 millions d'euros, contre une perte nette de 12 millions d'euros à la même période l'an dernier. Côté chiffre d'affaires, celui-ci a progressé de 6,2%, à 2,43 milliards d'euros. Une progression qu'il doit notamment à sa conquête d'abonnés dans le mobile et l'Internet fixe.

Recrutements dans le mobile et le fixe

Dans le mobile, Bouygues Telecom a passé la barre des 13,6 millions de clients à la fin du second trimestre, soit 645.000 abonnés de plus par rapport à la fin 2016. Dans l'Internet fixe, l'opérateur compte maintenant plus de 3,2 millions de fidèles, soit 133.000 de plus par rapport à la fin de l'année dernière. Sur ce front, Olivier Roussat, directeur général délégué de Bouygues et PDG de Bouygues Telecom, a constaté "un vrai décollage" de la fibre dans l'Hexagone. Sur ce créneau, l'opérateur revendique désormais 171.000 clients, "soit deux fois et demi de plus que ce que nous avions il y a un an", a précisé le dirigeant.

Olivier Roussat a ainsi confirmé tous les objectifs du groupe, notamment une marge d'Ebitda supérieure à 25% pour 2017, ainsi qu'une génération de cash flow libre de 300 millions d'euros à horizon trois ans. Surtout, le groupe se montre serein quant à sa capacité à investir suffisamment dans le très haut débit et la fibre optique. D'après Stéphane Beyazian, analyste chez Raymond James, le groupe investit pour couvrir la totalité des zones très denses - c'est-à-dire les grandes villes et principales agglomérations. Pour les zones les moins denses (un peu plus de la moitié de la population), Bouygues Telecom peut, selon lui, affiner investissements.

La menace du retour de SFR

"En clair, Bouygues Telecom n'investit que par tranches de 5% - ils ne payent que 5% de l'investissement pour raccorder un immeuble aux côtés des autres opérateurs, s'ils ne visent qu'une part de marché de 5%, explique Stéphane Beyazian. Autrement dit, plutôt que de dépenser des centaines de millions d'euros pour fibrer d'emblée toute une région, ils dépensent leur argent de manière fine et ciblée, en proportion de la part de marché qu'ils ont ou espèrent avoir. Ce qui réduit le risque financier."

Pour Stéphane Beyazian, Bouygues Telecom a "les moyens de survivre dans le marché actuel". Mais "il y a une inconnue: le retour de SFR, probablement en milieu d'année prochaine", juge-t-il. À l'en croire, si l'opérateur de Patrick Drahi, en difficulté depuis quelque temps, se refait une santé, il sera forcément plus difficile à Bouygues Telecom de tirer son épingle du jeu.

Pierre Manière

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