En Italie, Vivendi ne veut pas lâcher Mediaset

Le groupe de Vincent Bolloré envisage de geler ses droits de vote dans la société de télévision de la famille Berlusconi sous les 10% lors de la prochaine assemblée d’actionnaires, mais aussi de faire appel de la décision de l’Autorité italienne des télécoms. Cette dernière estime que Vivendi n’a pas le droit d’avoir des participations trop importantes à la fois dans Telecom Italia et dans Mediaset.
Pierre Manière
Vincent Bolloré, le chef de file de Vivendi.

De l'autre côté des Alpes, si Vivendi affiche clairement sa préférence pour Telecom Italia, il n'est pas, pour autant, prêt à lâcher Mediaset. Mi-avril, l'Autorité italienne des communications (AGCOM) a pourtant mis des bâtons dans les roues du géant français des médias. Celle-ci a donné un an au groupe de Vincent Bolloré pour réduire ses parts soit dans l'opérateur historique (dont il est le premier actionnaire avec presque 24% du capital), soit dans Mediaset (dont il est le second actionnaire, derrière la famille Berlusconi, avec 28,8% du capital et près de 30% des droits de vote). Pour l'institution, Vivendi n'a pas le droit de disposer de participations aussi importantes dans les télécoms et dans les médias. Il doit ainsi faire un choix.

Mais le groupe de Vincent Bolloré ne l'entend pas ainsi. Ce mardi, d'après l'agence Reuters, Vivendi veut contre-attaquer. D'une part, il envisagerait de geler provisoirement ses droits de vote dans Mediaset sous la barre des 10% lors de la prochaine assemblée générale des actionnaires, ce mois-ci. D'autre part, il s'apprêterait à faire appel du jugement de l'AGCOM. En clair, même si Vivendi vient de renforcer son emprise sur Telecom Italia - Arnaud de Puyfontaine, le président du directoire du groupe français, a été nommé la semaine dernière président exécutif de l'opérateur italien -, il refuse catégoriquement de se désengager de Mediaset.

Telecom Italia reste la priorité

Pendant longtemps, cet actif a été présenté par Vivendi comme stratégique pour son projet de créer un « Netflix d'Europe du Sud ». L'objectif était notamment de bâtir une alliance avec Canal+ dans les contenus. Et pourquoi pas de multiplier les partenariats avec les opérateurs télécoms, pour les diffuser plus largement. Mais aujourd'hui, Vivendi et Mediaset sont en guerre depuis que le groupe de Vincent Bolloré a fait capoter, fin juin, un « partenariat stratégique » entre les deux sociétés. Furieux, l'état-major du groupe italien a déclenché des actions en justice contre Vivendi. Lequel a répliqué en grimpant à toute vitesse à son capital.

Quoi qu'il en soit, si Vivendi n'obtient pas gain de cause face à l'AGCOM, il privilégiera clairement Telecom Italia. Fin avril, le groupe de Vincent Bolloré a indiqué « sa volonté d'être un actionnaire engagé sur le long terme et créateur de valeur » pour l'opérateur historique. Une position qui ne surprend pas Stéphane Beyazian, analyste chez Raymond James. D'une part, il souligne que le moment n'est pas opportun pour un désengagement :

 « Les actions de Telecom Italia se négocient aujourd'hui avec un rabais de 30% par rapport à leur juste valeur, en raison du risque d'une nouvelle guerre des prix du mobile en Italie avec Iliad. »

D'autre part, il explique que ces mêmes actions ont « un potentiel de hausse important » lié à « la réduction des coûts » ainsi qu'à « la vente d'actifs et aux options de fusions et acquisitions à plus long terme ».

Pierre Manière

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