Mediaset : Vivendi obtient sa "position de force"

Le groupe de médias dirigé par Vincent Bolloré détient désormais près de 30% de Mediaset, comme il le souhaitait, au terme d’un raid éclair.
Vincent Bolloré, le chef de file de Vivendi (maison-mère de Canal+).

Le géant français des médias Vivendi a mis à exécution son plan en parvenant à s'emparer de pratiquement 30% du groupe italien Mediaset, avec pour but de forger une alliance avec la famille Berlusconi qui le contrôle. Jeudi, le groupe de Vincent Bolloré a annoncé être encore monté au capital du groupe de télévision italien dont il détient désormais 28,80% des actions et 29,94% des droits de vote. Vivendi a "construit la position que le groupe avait annoncée", l'objectif "est atteint" et le groupe devrait s'arrêter à ce stade, ont indiqué à l'AFP des sources proches du dossier.

Le groupe voulait parvenir à "une position de force" dans le but de contraindre les Berlusconi à revenir à la table de négociation et obtenir "un accord à l'amiable" sur le projet de partenariat entre les deux groupes, a souligné une source proche du dossier. Jeudi à la Bourse de Milan, le titre de Mediaset a perdu plus de 12%. Suspendu plusieurs fois, il a fini à 4 euros, dans un marché en baisse de 0,49%. Vivendi avait fait le 12 décembre une entrée fracassante au capital de Mediaset, en prenant 3% et annonçant d'emblée viser les 20%, une manœuvre que la famille Berlusconi avait qualifiée d'"hostile". Elle avait saisi la justice italienne via sa holding Fininvest en accusant Vivendi de "manipulation de marché".

Guerre éclair

La famille Berlusconi reproche notamment à Vivendi d'avoir fait chuter le cours de Mediaset en annonçant en juillet la rupture d'un accord stratégique conclu en avril pour le rachat du bouquet payant Mediaset Premium par le groupe de Vincent Bolloré. Vivendi avait alors évoqué des doutes sur les résultats futurs de Premium et avait proposé de n'acquérir que 20% de Premium et 15% de Mediaset. La guerre éclair de Vincent Bolloré pour parvenir à ses fins aura duré moins de 10 jours. Lundi, le groupe affichait son intention de s'arrêter juste avant la limite de 30% du capital ou des droits de vote, seuil qui déclenche une OPA (offre publique d'achat). Mardi, il grimpait à 25,75% du capital et 26,77% des droits de vote.

Vivendi assure vouloir se renforcer dans le sud de l'Europe, en Italie et en Espagne, via Mediaset et créer une plateforme de contenus audiovisuels à l'image d'un Netflix européen. Du point de vue de Vivendi, une consolidation européenne est nécessaire pour pouvoir produire des contenus pour la TV gratuite et payante et les distribuer de façon plus économique. Or Mediaset, qui a creusé sa perte à 88,8 millions d'euros au troisième trimestre, est une cible relativement accessible avec une capitalisation de 3,2 milliards d'euros. Pour riposter, la famille Berlusconi s'est lancée, dès la semaine passée, dans l'achat de titres afin de monter à 38,266% du capital et 39,775% en termes de droits de vote au sein du groupe de télévision italien.

Opération "trop opaque"

Le gouvernement italien est intervenu dans la bataille, jugeant inappropriée l'opération et évoquant une "escalade hostile". L'opération "continue à être trop opaque, l'objectif final n'est pas clair, pour qu'elle puisse être jugée positivement", a affirmé jeudi le ministre italien du Développement économique, Carlo Calenda, en évoquant une manoeuvre "clairement hostile". "J'ai déjà dit qu'il ne semble pas que ce soit la manière juste d'investir en Italie dans un secteur important comme celui des médias", a-t-il encore déclaré. Jeudi, le directeur financier de Mediaset, Marco Giordani, a été reçu à la Consob - le gendarme boursier italien - pour évoquer ce dossier. Vendredi matin, ce sera au tour du président du directoire de Vivendi, Arnaud de Puyfontaine. Silvio Berlusconi a appelé mercredi les actionnaires de Mediaset à défendre "l'italianité" du groupe et a souhaité que sa famille puisse atteindre 51% des droits de vote. "Nous nous trouvons dans la situation absurde qui est de ne pas pouvoir faire d'acquisitions, parce que la loi italienne nous impose de ne pouvoir acheter que 5% d'actions chaque année", a-t-il expliqué.

En visite à Paris, mardi, le chef de la diplomatie italienne Angelino Alfano avait déjà exprimé "la forte préoccupation italienne", estimant que cette affaire concernait "tout le système italien dans sa globalité, pas seulement une entreprise privée".

(avec AFP)

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