Immigration : la Silicon Valley s'insurge contre Trump dans une lettre à la justice

Par Grégoire Normand  |   |  713  mots
Sur les 97 entreprises mobilisées contre le décret migratoire, Google est l'une des sociétés les plus engagées.
Les mastodontes américains de la Silicon Valley s'associent contre le décret migratoire du président Donald Trump dans une requête en justice. En s'unissant, les géants du secteur technologique espèrent faire pression pour mettre fin à ce décret qu'ils estiment "discriminant" et contraire à la croissance.

La bataille contre le décret migratoire se poursuit. 97 firmes du secteur des technologies ont co-signé un document juridique condamnant le décret du président Trump  bloquant l'entrée aux Etats-unis des ressortissants de sept pays majoritairement musulmans (Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen). Vendredi dernier, la justice américaine a suspendu l'application du décret, et le département d'Etat a annoncé qu'il autorisait toute personne avec un visa en cours de validité à se rendre aux Etats-Unis. La Maison Blanche a fait appel de cette décision mais une cour d'appel de San Francisco a maintenu dimanche la suspension du décret.

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Un impact négatif sur l'activité économique

De Facebook à Twitter, tous les plus grands géants de l'industrie technologique ont exprimé sous la forme "d'un amicus brief" (un mémoire) leur opposition à la décision de Donald Trump. Selon les firmes signataires, ce décret est "illégal". Elles affirment qu'il met en place "une discrimination" et qu'il aura "un impact négatif sur l'économie américaine". Le document fait également mention des difficultés qu'auront les employeurs à recruter des nouveaux employés étrangers et les coûts que cela va engendrer. "Le décret pourrait menacer la capacité des compagnies à attirer des talents, faire de la croissance et des investissements aux Etats-Unis". Le décret pourrait également compliquer les déplacements des employés des géants de la Silicon Valley à travers le monde et donc avoir des conséquences sur les débouchés commerciaux pour leurs produits.

Les craintes se concentrent également sur l'impact que pourrait avoir le décret sur l'innovation :

"Les immigrés ont fait les meilleures découvertes de la nation et ont créé les compagnies les plus innovantes et les plus emblématiques du pays. [...] L'Amérique a pendant longtemps reconnu l'importance de se protéger elle-même contre ceux qui voulaient lui faire du mal. Mais elle doit néanmoins maintenir son engagement fondamental à accueillir des immigrés."

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Une mobilisation soutenue par les salariés et les consommateurs

Avec la pression des employés et des consommateurs, les comités exécutifs des firmes de la technologie sont devenus très actifs dans l'opposition au décret. Selon le Financial Times, des milliers d'employés de Google se sont mobilisés dans la rue la semaine dernière pour exprimer leur mécontentement. Le célèbre moteur de recherche a également crée un fonds de solidarité de deux millions de dollars, porté à quatre millions de dollars grâce aux fonds apportés par les employés. Les sommes devraient aller à quatre organismes de défense des droits de l'homme (l'American Civil Liberties Union (ACLU), l'Immigrant Legal Resource Centre, l'International Rescue Committee et l'UNHCR (le Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU).

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Ces initiatives rejoignent les propos du directeur exécutif d'Apple Tim Cook qui a indiqué que "ce n'était pas une politique que nous soutenons" ajoutant que la marque à la pomme "n'aurait pas pu existé sans l'immigration". En effet, le co-fondateur d'Apple Steve Jobs décédé en 2011 était le fils d'un migrant syrien. Jeudi dernier, Travis Kalanick, le patron d'Uber Technologies, a quitté le comité de conseil économique du président américain . Des conducteurs Uber s'étaient largement mobilisés contre l'engagement de leur dirigeant à ce poste.

Si la mobilisation concerne de grandes firmes emblématiques, d'autres bien connues sont absentes de la liste. Comme le fait remarquer Techcrunch, quelques sociétés comme Amazon, Oracle, IBM et SpaceX et Tesla, qui étaient présentes lors de l'investiture de Trump, ne font pas partie des signataires du mémoire. Le patron d'Amazon Jeff Bezos qui était fortement critiqué avant l'élection ne s'est pas exprimé publiquement contre la politique migratoire du président américain. Le patron d'Oracle Safra Catz a été conseiller de Trump dans l'équipe de transition et Elon Musk patron de SpaceX a défendu sa décision de rester dans l'instance de conseil du président.